Allemagne : les électeurs de Brême envoient un avertissement aux partis de la coalition

Les partis de la grande coalition sortante à Brême, SPD à gauche et CDU à droite, ont fortement régressé lors du seul scrutin régional de l'année en Allemagne. Le SPD peut mathématiquement s'allier aux verts qui font une percée. Malgré sa faible représentativité, ce scrutin est perçu par la presse allemande comme un avertissement lancé aux partis au pouvoir à Berlin.

L'élection régionale hier à Brême, marquée par une faible participation (58%) qui plus est dans le Land le plus petit d'Allemagne, aura au moins montré que ni la CDU chrétienne-démocrate ni le SPD social-démocrate ne profitent d'un soutien des électeurs dès lors qu'ils sont ensemble au pouvoir. Les deux partis formant la coalition sortante dans la ville hanséatique ont été sanctionnés par les électeurs, au profit des petits partis, et la presse allemande commentait en majorité ce matin ces résultats comme un avertissement sans frais aux mêmes partis alliés pour diriger le pays à Berlin.

Pour ce qui constituait le seul scrutin régional de l'année en Allemagne, le SPD demeure le premier parti avec 36,8% des voix mais régresse de 5,5 points par rapport à 2003. La CDU de la chancelière Angela Merkel obtient 25,7%, contre 29,9% il y a quatre ans. La percée est nette chez les Verts à 16,4%, soit un saut de près 3,6 points et leur record dans un scrutin régional à Brême. La grande surprise vient des néo-communistes qui quintuplent pratiquement leur score précédent avec 8,4% des suffrages, ce qui leur permet de siéger pour la première fois dans un parlement d'un Land de l'ex-Allemagne de l'Ouest. Il comptera aussi des représentants libéraux (FDP ) et d'extrême droite (DVU), en vertu des spécificités du système électoral.

L'avertissement vaut surtout pour la CDU qui présentait un candidat jeune mais sans véritable charisme. Les bons résultats économiques dans le pays, dont la ville profite aussi, et la popularité d'Angela Merkel dirigeant la grande coalition à Berlin, ne lui auront pas apporté de bonus électoral. Dans une ville très endettée, au chômage massif (13%, dont 18% dans la partie portuaire de la ville à Bremerhaven) avec dans son cortège une misère sociale très présente, le scrutin n'épargne pas le SPD qui dirige sans discontinuer le Land depuis 1946.

Selon la presse allemande, le SPD va davantage chercher après ce scrutin à se profiler à Berlin vis-à-vis du partenaire CDU notamment sur les questions sociales, économiques et de société. A Brême, le maire réélu Jens Böhrnsen peut décider de rompre la grande coalition en place depuis douze ans et tenter une alliance avec les verts. Ce qui serait un renouveau après que cette coalition ait disparu du paysage politique régional et fédéral en 2005. Et le signal qu'une alliance "rouge-verte" comme celle dirigée par Gerhard Schröder (SPD) à Berlin de 1998 à 2005 pourrait être une alternative en vue des prochaines législatives de 2009. Les prochains tests électoraux prévus au printemps 2008 dans quatre Etats régionaux dirigés par la CDU (Basse-Saxe, Bavière, Hambourg et Hesse) permettront de se faire une idée plus claire de la possible future recomposition du paysage politique allemand.

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