Fitch s'inquiète des risques politiques "accrus" en Turquie

L'agence de notation a revu à la baisse, de positive à stable, la perspective de la note de la dette en devises d'Ankara. Pour sortir de la crise politique actuelle, le parlement vient d'adopter l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel.

L'agence de notation financière Fitch a revu à la baisse ce jeudi, de positive à stable, la perspective de la note de la dette en devises étrangères et locale de la Turquie, en raison des risques politiques "accrus", selon elle, dans ce pays. La note demeure cependant inchangée à "BB-". Fitch est la seule des trois grandes agences de notation à abaisser la perspective de la Turquie, Moody's et Standard and Poor's s'étant montrées plus optimistes sur l'impact des turbulences politiques en Turquie.

Fitch estime que "malgré une politique budgétaire prudente, une impressionnante croissance et d'importants flux d'investissements directs étrangers (...), des chocs politiques négatifs (...) ont assombri les perspectives de crédit". Pour Moody's, en revanche, la crise actuelle en Turquie ne risque pas d'affecter la notation actuelle ("Ba3"), ni "ses progrès constants vers la modernisation économique et politique, même si l'issue de la crise demeure très incertaine", selon un communiqué publié mercredi.

Au début du mois, Standard and Poor's avait aussi jugé que la situation en Turquie ne devrait pas avoir "d'impact immédiat sur la qualité de crédit (BB- stable)" de la Turquie. L'agence souligne cependant que la situation actuelle "pourrait affecter à long terme la qualité de crédit" du pays.

Le parlement turc s'est décidé la semaine dernière en faveur de législatives anticipées, avant la date initialement prévue du 4 novembre, afin de surmonter une crise provoquée par l'élection présidentielle. La perspective de voir un ancien islamiste, le ministre des Affaires étrangères, Abdullah Gül, accéder à la magistrature suprême, avait déclenché d'intenses protestations des défenseurs de la laïcité, dont l'armée qui avait menacé d'intervention en cas d'atteinte au régime séculier.

Abdullah Gül, numéro deux du parti issu de la mouvance islamiste, au pouvoir, et seul candidat en lice, s'est retiré dimanche de la course après un second échec consécutif du parlement à élire le nouveau président, l'opposition ayant de nouveau boycotté la séance.

Les députés turcs ont adopté en outre ce jeudi un important paquet d'amendements à la constitution dont l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel. Selon ce vote, l'élection du président se fera au suffrage universel à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois, au lieu d'un vote au parlement pour un septennat unique prévu actuellement.

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