Les salariés européens d'Alcatel Lucent se mobilisent contre le plan de suppressions d'emplois

Entre 2.000 et 4.000 salariés du groupe ont défilé jeudi à Paris pour exprimer leur hostilité au plan de suppression de 12.500 emplois dont 4.500 en Europe. Ils estiment qu'une telle réduction d'effectifs n'est pas justifiée par la situation économique de l'entreprise.

Les Bretons sont venus en nombre jeudi pour manifester à Paris contre le plan de suppressions de 12.500 postes chez Alcatel-Lucent, dont 4.500 en Europe. Salariés des sites de Rennes, Brest ou Lannion, ils sont reconnaissables aux petites silhouettes noires qu'ils brandissent à bout de bras pour signifier leur angoisse de l'avenir: l'une porte l'inscription "2008?". Des petites silhouettes pour rappeler les efforts déjà concédés en termes de réduction d'effectifs: -1.081 postes à Lannion depuis 1997, indique l'une d'elles. La direction a annoncé pour ce site la suppression à venir de 217 postes, soit un salarié sur cinq.

Comme leurs collègues venus d'autres régions de France, mais aussi d'Italie, d'Espagne, d'Allemagne, de Belgique et des Pays-Bas notamment, soit au total entre 2.000 et 4.000 personnes, les salariés bretons expriment leur incompréhension et leur colère après l'annonce d'une vaste restrucuration de l'entreprise de télécommunications née du mariage entre Alcatel et Lucent en décembre dernier. "Tout le monde craint pour son emploi, explique Brigitte, gestionnaire de 49 ans à Lannion, depuis 30 ans chez Alcatel. Ce plan de licenciements ne nous paraît pas justifié car il y a beaucoup de travail. D'ailleurs, nous avons demandé des explications économiques à la direction et nous ne les avons jamais eues".

Pour Jean-Yves Jeannet, technicien d'atelier à Ormes (Orléans), 45 ans dont 30 chez Alcatel, "il y a un malaise extraordinaire car à part être le numéro un mondial et faire plus d'argent je ne vois pas de justification à ces licenciements". Pascal, ingénieur chef de projet de 46 ans, travaille à Rennes. Depuis 18 ans chez Alcatel, il est contre la fermeture annoncée car "ce site gagne de l'argent". Il se dit inquiet à cause de son "âge" et jure qu'il "n'acceptera pas un transfert vers un autre site dans n'importe quelles conditions, car il y a la vie de famille". De toute façon, pour l'heure il est "dans le flou". Plus loin, d'autres salariés de Rennes portent une banderole CGT-CFDT-FO-CGC sur laquelle il est écrit: "Non aux licenciements boursiers".

"Le groupe fait des bénéfices depuis 2004 et a décidé de verser 370 millions d'euros à ses actionnaires cette année", rappelle Hervé Lassalle, responsable syndical CFDT chez Alcatel-Lucent. Les syndicats, jusque-là unis dans la mobilisation, semblent sonnés par ce plan de délocalisation d'emplois qualifiés en Asie, dont une partie dans la recherche et développement.

Le plan de restructuration d'Alcatel-Lucent est "une décision à court terme" qui "illustre la financiarisation excessive du capitalisme", affirme François Chérèque, secrétaire général de la CFDT. Pour lui, "une autre solution" doit être trouvée. Même revendication d'une "solution alternative" à la CGT où Bernard Devert, de la fédération Métallurgie, dénonce "une logique financière qui consiste à casser des savoirs-faire et pose l'enjeu de la filière télécommunications".

"Laissez-nous travailler", peut-on lire sur une autre banderole. Vendredi, le comité de groupe européen d'Alcatel-Lucent sera "exceptionnellement" présidé par la directrice générale, Patricia Russo, a annoncé la direction.

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