La CGT de la centrale EDF de Chinon inquiète des réponses de la direction aux suicides

Elle craint que le rapport de la mission d'écoute, qui sera rendu public d'ici la semaine prochaine, ne reflète pas la réalité des témoignages des salariés. Elle réclame des embauches et une réorganisation du travail.

Les salariés de la centrale nucléaire de Chinon (Indre-et-Loire) ne veulent pas se contenter du numéro vert et du management de proximité annoncés la semaine dernière par la direction d'EDF comme réponse au suicide de quatre de leurs collègues depuis 2004, dont trois au cours des six derniers mois. Une cinquantaine d'entre eux, emmenés par la CGT, sont venus le dire mardi en fin de matinée au siège du groupe, où une délégation a été reçue par la direction.

Cett rencontre a plus inquiété les salariés qu'autre chose. "La direction ne nous a fait aucune proposition concrète pour améliorer les conditions de travail des salariés du nucléaire", a déclaré Guy Cléraux, secrétaire général CGT à la centrale de Chinon, où travaillent 1.300 agents EDF. Pire: les salariés ont la crainte que la retranscription de leur témoignage, dont plusieurs centaines ont été recueillis fin mars par la mission d'écoute et de conpréhension dépéchée à Chinon fin mars par la direction générale, ne soit pas fidèle à leurs récits.

"La direction a été effarée par les propos des salariés relatifs à la réalité de terrain lors de la rencontre, a constaté Guy Cléraux. Il semble que les filtres se situent dès le management de proximité, qui ne fait remonter que des données politiquement correctes".

L'ensemble des salariés décrivent un vécu quotidien commun: le manque de personnel, si bien qu'une partie de la maintenance est aujourd'hui sous-traitée par EDF et que les heures supplémentaires sont en augmentation, le manque de lattitude pour réaliser leur travail, le manque de matériel, la charge de travail trop importante, la pression au quotidien. "Quand les personnes trop responsables n'y arrivent pas, elles pensent que c'est de leur faute", explique Laurent Cholet. Or, "les aléas potentiels ne sont plus pris en ligne de compte dans les objectifs fixés". La CGT réclame des moyens humains et matériels.

Après les suicides, la mission d'écoute conduite par deux cadres de la direction du groupe pendant trois jours sur le site avait fait renaître l'optimisme chez les salariés. "J'avais une petite espérance que notre direction allait devenir un peu humaine. Je suis déçu", lâche l'un d'eux. D'autant que le groupe communique sur des actions visant à réduire les risques "psychosociaux" au travail tout en attaquant en justice le classement en maladie professionnelle par la Sécu du premier suicide d'un technicien supérieur de la centrale de Chinon." C'est scandaleux et pradoxal", souligne Michel Lallier, délégué syndical CGT à la centrale. Le rapport de la mission doit être communiqué d'ici la semaine prochaine et présenté aux salariés de Chinon.

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