Les syndicats de l'ANPE réussissent leur grève nationale

Plus d'un agent sur deux (51%) a fait grève jeudi, selon le SNU-ANPE-FSU, tandis que la direction recensait un taux de grévistes supérieur à 43%. Les syndicats, qui contestent la surcharge de travail et un décret autorisant l'ANPE a créer des filiales commerciales, se réunissent lundi pour décider des suites de ce mouvement.

De mémoire de syndicaliste, la grève nationale jeudi à l'ANPE compte parmi les trois grèves les plus importantes à l'agence depuis 17 ans. C'est d'ailleurs la première grève unitaire depuis 1990. Selon les chiffres collectés en fin de matinée par le SNU-ANPE-FSU, plus d'un agent sur deux (51%) a répondu à l'appel à la grève des huit syndicats (SNU, CGT, FO, CFDT, CFTC, CGC, Sud et Unsa) de l'ANPE pour la défense du service public et de l'emploi. La direction fait état d'un taux de gréviste inférieur (43,45%).

Mais selon le SNU-ANPE, premier syndicat de l'agence, la direction fonde ses calculs sur un effectif "gonflé" de 30.000 agents, incluant les personnes en contrat précaire et ou en période d'essai, alors que l'ANPE compte 27.631 agents, selon son rapport d'activité 2006.

Quoi qu'il en soit, la grève est un succès pour les syndicats. Certaines régions (Pays de Loire, Bourgogne, Normandie) enregistrent d'ailleurs des "pointes" de taux de grévistes proches de 60%, voire supérieures, selon le SNU, qui dénombre 269 agences locales de l'ANPE sur 824 fermées jeudi. Ce syndicat s'est félicité de constater que la publication du décret permettant à l'ANPE de créer des filiales commerciales de droit privé deux jours avant la grève "n'a eu aucun effet sur la mobilisation". Plus d'un millier d'agents de l'ANPE en grève ont manifesté à Paris dans l'après-midi.

L'ensemble des syndicats demandent l'abrogation de ce décret d'application de la loi de Cohésion sociale du 18 janvier 2005, estimant qu'il met en péril le statut des agents de l'ANPE. A moins d'un mois du premier tour de l'élection présidentielle, "aucun(e) (candidat) ne pourra ignorer l'attachement du personnel à la sauvegarde et au développement de l'ANPE en tant que service public", souligne le SNU-ANPE.

Mardi, le directeur général de l'ANPE a indiqué à la presse qu'il n'avait aucun projet de création de filiales commerciales pour le placement des chômeurs. Mais selon le SNU-ANPE, la direction étudie la possibilité de filialiser certains services, comme la formation.

Outre le "démantèlement du service public" redouté par les syndicats, ceux-ci mettent en cause la surcharge de travail qui pèse sur les agents, qui doivent désormais recevoir tous les demandeurs d'emploi chaque mois à partir du quatrième mois de chômage. Selon la direction, la moyenne de 119 demandeurs d'emploi par conseiller est largement dépassée dans certaines agences, où le ratio de 150 chômeurs par conseiller est parfois atteint.

Cette grève s'inscrit également dans un contexte de craintes concernant le devenir de l'ANPE, puisque le président de la République a indiqué qu'il souhaitait sa fusion avec l'Unedic, souhait que partage le candidat UMP à l'élection présidentielle. L'intersyndicale se réunit lundi pour arrêter les suites à donner à cette journée. Elle devrait solliciter une rencontre avec la direction générale de l'ANPE mais aussi le ministère de l'Emploi.

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