Trois Tchekhov explosifs

Patrick Pineau met en scène trois courtes pièces d'Anton Tchekhov. Trois petits riens qui font les grands délires. A saisir.

C'est un régal et c'est du Tchekhov. Trois très courtes pièces, trois vaudevilles sous pressions, en une soirée qui passe aussi vite que la lumière, l'affaire est rare. Et donc précieuse. De l'auteur russe, on croise régulièrement sur les scènes de théâtre ses grandes oeuvres, "La Cerisaie", "Platonov", etc. Mais ses pièces cinglantes comme un coup de trique qui ne durent pas trente minutes et qui, d'un dérapage verbal insignifiant ou d'une situation incongrue, basculent dans la folie ou l'absurde, sont peu montées. Patrick Pineau a donc eu cette fort belle idée de mettre en scène "La demande en mariage", "Le tragédien malgré lui" et "L'ours" sans rupture réelle.

Un même décor pour l'ensemble, mais il bouge. Deux panneaux portant chacun un moitié d'un visage peint glissent, quelques fauteuils et tables aussi, alors qu'une lumière plutôt en clair-obscur et une petite musique d'accompagnement bien sentie ajoutent à l'unité de ton. Celui où le calme joue librement avec la démesure jusqu'à provoquer l'hilarité générale.

"La demande en mariage", c'est le propriétaire du coin, pas mal hypochondriaque, qui vient rendre visite à son voisin assez obséquieux portant la voix un peu haute - il est bien loti en terre agricole lui aussi - pour lui demander la main de sa fille. Mais voilà, les questions de voisinage arrivent sur le tapis et tout ce petit monde glisse dessus mais pas forcément en même temps. D'où des quiproquos insensés.

"La tragédien malgré lui" est un pur bijou de la folie quotidienne. Celle d'un homme qui, travaillant en ville mais vivant à la campagne, se sent contraint chaque jour de régler des tonnes de choses pour sa famille et pour ses amis de passage. Alors quand il raconte ses histoires, la folie enfle jusqu'à l'explosion. Quant à "L'ours", le duo entre l'homme bourru Smirnov et la veuve éploré paraît finalement le moins surprenant tout en étant superbe.

Des personnages presque de caricatures portés par des comédiens magnifiques qu'il faut tous citer, dans le désordre Patrick Pineau lui-même, Sylvie Orcier, Laurence Cordier, Hervé Briaux, Fabien Orcier et Gilles Arbona.


Jusqu'au 4 février à la MC93 Bobigny. Tél: 01 41 60 72 72.

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