Lalique, créateur de bijoux

Avant d'être un des plus grands verriers du monde, Lalique était un fabuleux bijoutier. La preuve par l'exposition.

A l'âge de 20 ans, venant de sa Champagne natale, René Lalique s'impose d'emblée comme dessinateur de bijoux. Dès 1880 il travaille, d'abord anonymement, pour les joailliers alors installés près du Palais Royal à Paris. Dix ans plus tard, fort d'un immédiat succès, il ouvre ses propres ateliers et dispose d'une trentaine d'ouvriers. Jusqu'en 1912, il ne cessera de créer, bagues, colliers, pendants, bracelets et autres broches, tous de plus en plus sophistiqués, de plus en plus personnalisés, de plus en plus éclatants. Délaissant les matériaux traditionnels ostentatoires, platine, diamant, pierres précieuses serties, Lalique préfère l'or ciselé, l'argent simple, l'émail, l'opale, la nacre, le corne, la pierre de lune puis le verre, dont il deviendra après la Grande guerre, le plus illustre artiste.

Connu comme un verrier exceptionnel - du vase en série au bouchon de radiateur automobile, de la lampe de bureau aux assiettes gravées - Lalique révèle par cette exposition un talent jusque là inconnu pour beaucoup. Grâce à une scénographie faite de murs très sombres, de vitrines arrondies et d'éclairages appropriées, l'étroit musée du Luxembourg devient un écrin intimiste - à condition que l'on canalise le flot des visiteurs.

Plus de 400 pièces, toutes d'exception, y sont représentées. Les parures, notamment les plus théâtrales, destinées à Sarah Bernhardt ou à Yvette Guilbert, sont imposantes de paillettes, les pendants de cou ou d'oreilles éclatantes de lumière, les broches aux profils féminins remarquables de finesse. Sont à voir, évidemment, les bijoux majoritairement inspirés des sujets de prédilection de l'Art nouveau (fleurs, insectes, oiseaux ) et étonnamment travaillés, mais aussi les dessins préparatoires, petits chefs d'oeuvre artistiques ici bien mis en valeur.

Ayant approché le travail du verre en 1901 pour affiner davantage encore ses bijoux, Lalique, soutenu par le parfumeur Coty, crée le premier flacon (jusqu'alors de simples bouteilles d'apothicaires) après lui avoir fabriqué des dalles de verre destinées aux portes de son hôtel particulier. Il réalise également quelques lampes à la monture de bronze, des vases aux montures d'argent, des boîtes en verre gravé, oeuvres également exposées, inspiratrices de sa seconde vie, car progressivement, il délaisse l'orfèvrerie pour devenir le maître verrier que l'on sait, "histoire d'atteindre par son art le plus de gens".


"René Lalique, bijoux d'exception", Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris, jusqu'au 29 juillet, renseignements : www.museeduluxembourg.fr
A lire: Hors série "René Lalique" Connaissance des arts, 66 pages, 9 euros
Catalogue VO-Skira, 264 pages, 32 euros

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