Le gouverneur de la Banque d'Angleterre tente de défendre son action

Le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mervyn King, a tenté ce matin de justifier devant les membres du Parlement son action, ou plutôt son absence d'intervention, en matière de politique monétaire depuis le début de la crise financière. La banque Northern Rock poursuit sa descente aux enfers, son cours s'inscrivant en baisse de 20% en séance ce matin.

La mise à disposition de liquidités par la Banque d'Angleterre pour sauver in extremis Northern Rock est au coeur d'une polémique outre-Manche. Réputée pour son refus d'intervenir pour assouplir les conditions de marché, la Banque d'Angleterre se voit aujourd'hui accusée d'avoir été trop stricte.

Mervyn King a plaidé sa cause ce matin. Selon lui, les législations britannique et européennes auraient compliqué ses efforts pour sauver Northern Rock, l'empêchant d'intervenir discrètement pour prévenir toute panique. "L'interaction entre différents éléments de législations qui n'ont pas de lien entre elles a fait qu'il nous a été impossible de se porter comme prêteur en dernier ressort dans le plus grand secret, comme je l'aurais souhaité".

Cette impossibilité d'agir dans la discrétion est liée à l'application de la directive européenne de 2005 sur les abus de marché, a expliqué Mervyn King. Par ailleurs, la loi britannique empêche toute cession rapide d'une banque en difficulté, a rappelé le gouverneur.

Ce jeudi, alors que la banque annonçait une nouvelle enveloppe de 4,4 milliards de livres mise à la disposition des banques, le Trésor britannique a donné les modalités de la protection apportée par la Banque d'Angleterre aux déposants de Northern Rock. Elle garantira tous les comptes en place le mercredi 19 septembre à minuit, ce qui comprend les prochains paiements d'intérêts, les mouvements de fonds entre comptes et les nouveaux dépôts dans les comptes existants. La garantie couvrira également tous les comptes qui pourraient être rouverts par des clients qui les auraient fermés entre le jeudi 13 septembre et le mercredi 19.

Pour la deuxième fois en moins d'une semaine, l'agence de notation Standard and Poor's (SP) a décidé d'abaisser les notes à long terme de la banque britannique Northern Rock. Après les avoir abaissées déjà vendredi dernier, SP a en effet annoncé mercredi soir une nouvelle dégradation.

La note de crédit à long terme de la banque a été dégradée à "A-" contre "A" précédemment par l'agence, qui a laissé en revanche inchangée sa note de court terme à "A-1" avec perspective "négative". Cet abaissement reflète "la position affaiblie" de Northern Rock, conséquence de sa "récente crise de liquidités", écrit SP dans son communiqué. "Il y a une probabilité raisonnable que la banque soit rachetée - et les notes en tiennent compte - même si la perspective d'une acquisition n'est pas du tout certaine", avance l'agence. En effet, les rumeurs dans les salles de marché évoquent un rachat de Northern Rock par HSBC avec une forte décote. Certains évoquent un prix de 200 pence à comparer à un cours actuellement autour de 262 pence.

"La perspective négative reflète le fait que même si ses liquidités restent importantes en raison du très grand soutien (de la Banque d'Angleterre), ses finances pourraient considérablement se détériorer dans les mois à venir, si la banque n'était pas rachetée", poursuit SP.

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