LA FINANCE AMERICAINE INQUIETE TOUJOURS LES MARCHES

Freddie Mac et Fannie Mae ont vécu une nouvelle semaine mouvementée alors que leur état de santé a alimenté de nombreuses rumeurs. Les deux établissements, qui garantissent plus de 40% des prêts au logement aux Etats-Unis, ont en effet publié au deuxième trimestre de lourdes pertes en raison de défauts de paiement des ménages et du déclin des prix de l'immobilier. Fannie Mae a ainsi annoncé une perte nette de 2,3 millions de dollars et Freddie Mac a perdu 821 millions de dollars d'avril à juin. Du coup, de nombreux investisseurs considèrent comme inévitable une prochaine recapitalisation des deux établissements par le Trésor américain (ministère des Finances). Une éventualité qui a fait plongé Freddie Mac et Fannie Mae à la Bourse de New York, les deux actions retombant à leur plus niveau en près de 20 ans.

Autre source d'inquiétude pour les marchés: Lehman Brothers. L'avenir de la banque d'affaires américaine reste flou alors qu'elle devrait annoncer de nouvelles dépréciations au troisième trimestre. Les investisseurs s'attendent donc à ce que Lehman enregistre une perte très importante, après avoir déjà perdu 2,9 milliards de dollars d'avril à juin. Pour éviter la faillite, la banque chercherait à vendre de sa filiale de gestion d'actifs. Elle tenterait par ailleurs de céder pour 40 milliards de dollars d'actifs immobiliers et de titres adossés à des créances hypothécaires dans le but de renforcer son bilan après les lourdes dépréciations provoquées par la crise du crédit. L'action de Lehman s'est elle-aussi effondrée en milieu de semaine.

LE GOUVERNEMENT SE SATISFAIT DU BILAN DE LA LOI TEPA

Un an après l'entrée en vigueur de la loi dite Tepa (Travail, emploi, pouvoir d'achat), Christine Lagarde a défendu ses effets. "Je ne suis pas déçue. Si on n'avait pas injecté ces 7,7 milliards d'euros dans l'économie, on serait moins bien. Les pessimistes diraient "plus mal" mais moi, je dis "moins bien"", a estimé la ministre de l'Economie. Sur le bilan des principales mesures de la loi Tepa, "on a un carton rempli sur trois secteurs particuliers": les heures supplémentaires, les droits de succession et la réduction de l'impôt sur la fortune (ISF) pour les contribuables investissant dans les PME.

Concernant les heures supplémentaires, le gouvernement affirme qu'"environ 6 millions de salariés" en ont bénéficié, "soit près de 400 euros par foyer". Christine Lagarde prévoit entre 670 et 900 millions d'heures supplémentaires en 2008. Près de 500 millions d'heures sup ont été déclarées depuis octobre 2007, dont 355 millions au premier semestre 2008. Le président PS de la commission des Finances, Didier Migaud estime de son côté que le système est coûteux et inefficace alors que l'on comptait déjà 700 millions d'heures supplémentaires en 2006. Le coût de cette mesure est évalué à 4 milliards d'euros pour 2008 par le gouvernement.

Le dispositif de crédit d'impôt sur les emprunts immobiliers a profité à près de 320.000 ménages, selon le ministère de l'Economie. Le coût en 2008 pour l'Etat devrait donc être compris 250 et 300 millions d'euros. En 2009, première année pleine de l'application de cette disposition pour les particuliers, 750.000 ménages devraient bénéficier de ce crédit d'impôt pour un montant total de 1,150 milliard d'euros. L'exonération des droits de succession a pour sa part concerné 76.000 personnes. Enfin, le bouclier fiscal à 50% a permis la redistribution de 213 millions d'euros.

SCHAEFFLER VA RACHETER CONTINENTAL POUR 12 MILLIARDS D'EUROS

Continental, deuxième fabricant de pneus en Europe, va être racheté par son compatriote Schaeffler. Le groupe familial, spécialisé dans la fabrication de roulements mécaniques, va débourser plus de 12 milliards d'euros pour finaliser cette opération. Il aura dû revoir à la hausse de 7% son offre pour vaincre la réticence des actionnaires de Continental et de son PDG Manfred Wennemer, qui avait combattu cette offre de rachat. En fonction depuis 2001, il va quitter le groupe. Mais les syndicats, très présents au conseil de surveillance, avaient notamment encouragé la poursuite des négociations avec Schaeffler, estimant avoir reçu d'importantes garanties dans le domaine social, notamment sur le maintien des emplois.

Le fabricant allemand de pneumatiques était devenu une cible potentielle avec la chute de plus de 50% de la valeur de ses actions qui a suivi le rachat de la filiale d'équipements automobiles du géant allemand Siemens, VDO. Continental s'était alors lourdement endetté, à hauteur de 11 milliards d'euros. Cette acquisition va donner naissance à un groupe de 216.000 salariés et réalisant plus de 35 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Mais des experts estiment que les deux groupes ont un profil assez différent et ne pourront donc pas réaliser d'importantes synergies de coûts.

STMICROELECTRONICS S'ALLIE A ERICSSON DANS LA TELEPHONIE MOBILE

STMicroelectronics et Ericsson vont s'unir dans le secteur de la téléphonie mobile. Le spécialiste franco-italien des semi-conducteurs et l'équipementier en télécommunication suédois vont en effet créer une société commune. Elle réunira leurs activités de semi-conducteurs et de plates-formes pour l'industrie de la téléphonie mobile. La nouvelle société basée à Genève emploiera près de 8.000 personnes et affichera un chiffre d'affaires, sur la baes des données de 2007, d'environ 2,5 milliards d'euros. La nouvelle société issue de la fusion de Ericsson Mobile Platforms et de ST-NXP Wireless, l'entité dédiée de ST Micro, "disposera de l'offre de produits la plus importante de l'industrie dans le domaine des semi-conducteurs et des plates-formes pour applications mobiles" et sera "un important fournisseur de Nokia, Samsung, Sony Ericsson, LG et Sharp", selon le communiqué des deux alliés.