Société Générale : chute moins importante que prévu des résultats, le titre s'envole

La banque française a dégagé un bénéfice net part du groupe en baisse de 63% au deuxième trimestre, légèrement supérieur aux attentes. L'action a gagné du coup 9,4%. Mais les activités de marchés de la Société Générale ont à nouveau souffert de la crise et la banque de détail montre des signes de faiblesse. La direction de la banque s'est montrée confiante dans ses "fonds de commerce".

Société Générale annonce ce mardi avoir enregistré 644 millions d'euros de bénéfice net part du groupe au deuxième trimestre, contre 1,744 milliard il y a un an à la même période. La chute du résultat net atteint 63%, alors que les analystes tablaient sur un bénéfice de 638 millions d'euros. Les marchés saluent la nouvelle, le titre Société Générale a gagné ce mardi 9,41% à 65,10 euros à la Bourse de Paris.

Toutefois, la cession de Bank Muscat à Oman pour 259 millions d'euros, a engendré une plus-value exceptionnelle, qui dope les performances financières du groupe. Au premier semestre, le bénéfice net part du groupe est presque divisé par deux par rapport à l'année dernière, à 1,74 milliard d'euros.

Encore une fois, l'établissement a été contraint d'abaisser la valeur de son portefeuille d'actifs liés aux subprimes Cette fois, la dépréciation atteint 575 millions d'euros, ce qui porte à 4,9 milliards d'euros, le coût de la crise financière pour la banque depuis un an, dont 4,3 milliards pour la seule SG CIB, la banque d'investissement du groupe.

Le produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d'affaires) de la Société Générale, l'équivalent de la valeur ajoutée pour les banques, a pour sa part reculé de 15,7% à 5,58 milliards d'euros entre avril et juin.

SG CIB, la filiale de banque d'investissement de la Société Générale, autrefois principale source de profit du groupe, est encore dans le rouge. Outre une perte de 186 millions d'euros au deuxième trimestre, contre un gain de 721 millions un an plus tôt, l'entité a vu son PNB reculer de 68% à 663 millions d'euros.

La gestion d'actifs a connu des performances en fort recul entre avril et juin, son produit net bancaire de 22,9% à 870 millions d'euros. Son bénéfice net par du groupe a lui perdu 52,2% à 138 millions d'euros.

Les activités de banque d'investissement et de gestion d'actifs sont particulièrement touchées par la crise financière qui touche les marchés depuis un an maintenant.

Mais la principale crainte vient de la banque de détail, jusqu'ici plutôt résistante à la crise. Entre avril et juin, elle a montré des signes de faiblesse, le PNB des agences françaises a reculé de 2% à 1,75 milliard d'euros et le bénéfice s'est replié de 11% à 328 millions d'euros. Les réseaux internationaux, eux, ont soutenu l'activité. Leur PNB a progressé de 14,2% à 1,2 milliard d'euros au deuxième trimestre, pour un bénéfice net part du groupe en hausse de 41,7% à 238 millions d'euros.

On peut se demander si les effets de "l'affaire Kerviel" ne commencent pas à se faire sentir sur la clientèle". Au deuxième trimestre, la Société Générale n'a ouvert que 23.100 nouveaux comptes en France, contre 45.400 l'an dernier à la même période.

Mais lors de la conférence tenue à l'occasion de la publication des résultats, Frédéric Oudéa, le nouveau directeur général de la banque -il a pris ses fonctions en mai dernier- a estimé que le groupe "sera plus fort après Kerviel". Il a affirmé que l'affaire n'a pas eu d'impact sur les comptes de la Société Générale. "Il n'y a qu'en France qu'on a eu moins d'ouvertures de comptes et c'est quelque chose qui probablement s'estompera au fur et à mesure", a-t-il estimé.

Didier Alix, le directeur général délégué de l'établissement et spécialiste de la banque de détail a précisé que "le contexte économique en France pousse à une baisse de l'activité", mais il a rappelé que les chiffres du deuxième trimestre 2008 souffrent de la comparaison avec les "niveaux record" enregistrés en 2007 et en 2006. "On ne peut pas parler de credit crunch (crise du crédit, ndlr) à la Société Générale, a-t-il continué. Le contexte financier est un peu difficile avec des coûts d'acquisition du capital en hausse".

Concernant d'éventuelles cessions d'actifs, Frédéric Oudéa a affirmé que "la stratégie de la Société Générale n'est pas de brader [ses] actifs", que la banque réfléchit "en permanence à l'ajustement de son portefeuille, mais qu'elle n'a pas besoin d'envisager des cessions dans la panique". A l'inverse, l'équipe dirigeante de la Société Générale ne s'est pas montrée contre d'éventuelles acquisitions, mais estime que 2008 est "une année de transition".

Le groupe continue de tabler sur des investissements dans des "pays à fort potentiel", comme ceux d'Europe de l'Est, du Moyen-Orient et du Maghreb, ou encore la Russie, où il a récemment pris le contrôle de Rosbank.

Pour la Société Générale, ses "fonds de commerce" ont été préservés de la crise, qu'il s'agisse de celle du subprime ou du scandale déclenché par "l'affaire Kerviel". L'établissement estime avoir "tiré les leçons d'un accident ponctuel" et a mis en place un "département de la sécurité des opérations", sorte de "salle de contrôle dans laquelle seront reportées toutes les alertes qui seront détectées en temps réel". Les opération de Jérôme Kerviel avaient, elles, déclenché 37 alertes, mais seule la dernière avait permis d'y mettre fin.

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