OMC : nouvelles tensions à la reprise des négociations

Après une percée inespérée sur les subventions agricoles et les droits de douanes, les tensions ressurgissent entre les Etats-Unis, la Chine et l'Inde. Les pays du groupe Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) ont eux quitté une réunion pour protester contre l'accord sur la banane. Pascal Lamy, le directeur général de l'organisation mondiale du commerce (OMC), lui, veut toujours croire qu'un accord est possible.

Le cycle de négociations de Doha à nouveau sur la sellette. Après une percée inespérée sur les subventions agricoles et les droits de douanes en fin de semaine dernière, les tensions entre les négociateurs sont remontées d'un cran en ce début de deuxième semaine de négociations des pays membres de l'organisation mondiale du commerce (OMC). Les Etats-Unis accusent la Chine et l'Inde d'empêcher un accord et inversement.

"A moins que ces deux Etats membres (la Chine et l'Inde, ndlr) ne changent immédiatement de position et ne permettre de résoudre les problèmes (...) nous repartirons tous de Genève les mains vides", a prévenu David Shark, le numéro deux de la mission américaine en Suisse. La délégation indienne a qualifié ces accusations d'"injustes".

Vendredi, Pascal Lamy a mis sur la table des négociations un texte sur les principaux points d'un accord sur l'agriculture et les produits industriels, avalisé par six des sept principales puissances à l'OMC. Seul l'Inde a critiqué ces positions. Puis Pékin a ajouté sa voix aux mécontents samedi.

Il reste plusieurs questions à résoudre lors de cette deuxième semaine de négociations. Celle du mécanisme de sauvegarde, une protection tarifaire souhaitée par des pays en développement en cas de flambée des importations d'un ou plusieurs produits agricoles, reste une préoccupation principale des pays en développement.

Le projet de Pascal Lamy, le directeur général de l'organisation mondiale du commerce (OMC), stipule qu'un pays pourrait augmenter ses droits de douane jusqu'à 15% au-dessus de ses niveaux actuels si la flambée d'importations dépasse 40%. Mais l'Inde, l'Indonésie, la Turquie, les Philippines et des représentants du groupe africain jugent que ce seuil de 40% est trop élevé et les empêchera de déclencher le mécanisme de sauvegarde. A l'inverse, des exportateurs comme le Paraguay, l'Uruguay, le Costa Rica et le Chili ont indiqué qu'ils souhaitaient une utilisation la plus restrictive possible de ce mécanisme.

Sur un autre dossier épineux non résolu, le coton, qui oppose les pays africains aux Etats-Unis et à l'Union européenne, aucune avancée notable n'est apparue dimanche.

Enfin, les pays du groupe Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) ont quitté une réunion plénière ce lundi pour protester contre un accord quasi-finalisé entre les Latino-Américain et les Européens sur le régime d'importation des bananes dans l'Union européenne. Dimanche, ils avaient menacé de bloquer l'ensemble des négociations à l'OMC s'ils n'obtenaient pas satisfaction dans le dossier des importations de bananes de l'Union européenne.

L'Union européenne et l'Amérique latine se sont mis d'accord durant le week-end sur la fin de la "guerre de la banane" qui les oppose depuis 25 ans. Cet accord prévoit de ramener en 2016 le droit de douane européen sur la banane à 114 euros par tonne contre 176 actuellement. Les ACP, dont les bananes entrent dans l'UE sans droit de douane, jugent ce calendrier inacceptable, estimant qu'il ne leur permet pas d'adapter leur production face à la concurrence des Latino-Américains.

Ce lundi matin, Pascal Lamy a tenu à se montrer optimiste. D'après son porte-parole, il a déclaré que les négociations étaient "proches d'un accord", mais que plusieurs questions devaient encore être résolues.

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