A Cuba, un Castro succède à un autre Castro

On ne change pas une équipe qui perd ! Raul Castro a pris officiellement dimanche les rênes du pouvoir, succédant à Fidel, affaibli par la maladie. Le régime ne devrait évoluer qu'à la marge.

Les Cubains vont apprendre à connaître Raul ! Nommé dimanche à la présidence de Cuba, Raul Castro a aussitôt affirmé que l'île communiste resterait un bastion de la révolution et qu'il continuerait à consulter son frère Fidel, affaibli par la maladie et qui a passé la main après un demi-siècle d'exercice du pouvoir.

Raul Castro, qui fut un communiste radical redouté par les ennemis du régime avant d'adopter ces dernières années un ton plus conciliant et qui dirigeait le pays à titre intérimaire depuis le 31 juillet 2006, a accueilli avec un sourire son élection par l'Assemblée nationale à la présidence du Conseil d'Etat, organe exécutif suprême. Les observateurs s'attendent à des réformes économiques très limitées de la part du nouveau dirigeant, qui a annoncé que La Havane étudiait les moyens de réévaluer la monnaie nationale, le peso.

Le parlement a créé une surprise relative en nommant à la vice-présidence José Ramon Machado Ventura, idéologue du PC et ancien compagnon d'armes des frères Castro, âgé de 77 ans. Ce choix laisse à penser que les changements ne seront pas spectaculaires.

Dans son premier discours de chef de l'Etat, Raul Castro a pris soin de souligner qu'il continuerait à consulter Fidel Castro, qui a renoncé à ses fonctions mardi en raison de son fragile état de santé - sur les grandes décisions de l'Etat. "Le mandat de cette administration est clair (...) continuer à renforcer la révolution à un moment historique", a-t-il dit.

Il a ajouté qu'il acceptait le poste à condition que Fidel Castro demeure "commandant en chef de la révolution" - titre créé pour lui durant la période insurrectionnelle qui devait aboutir à la révolution de 1959. "Fidel est Fidel. Fidel est irremplaçable, on poursuivra son oeuvre lorsqu'il ne sera plus physiquement présent." Ces derniers mois, Raul Castro avait encouragé les Cubains à exprimer leurs sentiments sur les pénuries et autres carences qui accablent l'économie cubaine.

A Miami, des exilés cubains opposés de longue date aux frères Castro se sont montrés déçus mais non surpris par la nomination de Raul à la présidence et celle d'un pilier du système communiste au poste de "numéro deux". "Rien de neuf, du pareil au même. C'est la continuité, cela empêche une fois de plus le peuple cubain de choisir son destin (...) Cela ne devrait surprendre personne", a commenté Ninoska Perez, du Cuban Liberty Council, groupe anticastriste, cité par l'agence Reuters.

De son côté, le gouvernement des Etats-Unis avait affirmé considérer la transition comme le passage d'un dictateur à un autre. Dimanche, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a insisté sur la nécessité d'une évolution de Cuba vers la démocratie. "Nous exhortons le gouvernement cubain à engager un processus de changement pacifique et démocratique en libérant tous les prisonniers politiques, en respectant les droits de l'homme et en ouvrant une voie claire vers des élections libres et équitables", a-t-elle insisté dans un communiqué.

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