Clear Channel prévient les marchés que son rachat échouera peut-être

Malgré la décision de la justice du Texas d'empêcher temporairement les banques de revenir sur leurs engagements de financer le rachat du groupe de Communication Clear Channel pour 22 milliards de dollars, ce dernier a prévenu les marchés ce vendredi que l'opération "pourrait ne pas avoir lieu". Sensibles sur ce dossier, les investisseurs boudent le titre.

Le groupe américain de médias Clear Channel a annoncé vendredi que son rachat par les fonds d'investissement Bain Capital Partners et Thomas H. Lee Partners pour quelque 20 milliards de dollars n'aura peut-être lieu en raison de la réticence des banques à fournir les fonds nécessaires à l'opération. Pourtant, dans un document transmis à l'autorité des marchés américains, Clear Channel souligne être tombé d'accord avec les acheteurs que toutes les conditions. Le groupe pointe du doigt la réticence des banques et se trouve du coup "incapable à ce jour de fournir une date indicative de finalisation de l'opération et prévient le marché que celle-ci pourrait ne pas avoir lieu". L'opération, annoncé l'an dernier, aurait normalement dû être conclue le 31 mars.

La décision de la justice texane, saisie mercredi par les deux fonds d'investissement candidats à la reprise du groupe a pourtant demandé aux banques de ne pas revenir pour le moment sur leurs engagements; à savoir le financement du rachat par endettement (LBO) pour 22 milliards de dollars.

Si cette décision ne sonne pas le succès de la transaction mais elle n'en sonne pas non plus le glas. L'injonction du juge vaut jusqu'au 8 avril, date à laquelle le juge réunira toutes les parties pour une audience préliminaire. "C'est une décision prise après l'examen des seuls documents des plaignants", a estimé Joel Greenberg, un avocat new-yorkais qui n'est pas partie prenante dans le dossier. "C'est la première d'une longue série d'étapes, mais une étape que les banques auraient aimé se passer", a-t-il conclu.

Par ailleurs, les banques ont demandé jeudi le transfert du dossier texan devant un tribunal fédéral de l'état. Une porte-parole de l'une d'entre elles, Citigroup, a refusé de commenter la décision de justice.

Les banques visées sont Citigroup, Morgan Stanley, Credit Suisse, Royal Bank of Scotland (RBS), Wachovia et Deutsche Bank. Toutes les six avaient initialement accepté d'apporter plus de 22 milliards de dollars de financements, avec à la clé plus de 400 millions de dollars de commissions pour chacune d'elles. Mais accusant ces dernières de revenir sur leurs engagements, Bain Capital et Thomas H. Lee avaient engagé des procédures judiciaires mercredi à New York et au Texas. Clear Channel s'était joint au volet texan de la procédure.

L'accord initial prévoit une indemnité de rupture de 500 ou 600 millions de dollars selon les motifs d'abandon du projet, payable par les acheteurs sous certaines conditions.

En attendant, Wall Street, très attentive au dossier considéré comme un test pour le marché des LBO dans le contexte plus que délicat de la crise globale du crédit, souffle le chaud et le froid. Jeudi soir, l'action Clear Channel a rebondi de 9,96% après la décision du juge. Elle avait chuté de plus de 17% mercredi après cette saisine de la justice. Ce vendredi, les inquiétudes reprennent le dessus, le titre perdant plus de 5% à 28,08 dollars. A 29,6 dollars, le titre est près de 30% en dessous des 39,20 dollars offerts par les acheteurs, les groupes de capital-investissement Bain Capital Partners et Thomas H. Lee Partners.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.