Une rigueur qui va définir la politique britannique

Politiquement, les cinq prochaines années seront définies par le budget de rigueur annoncé ce mardi. Les libéraux-démocrates ont le plus à y perdre.

Le gouvernement britannique avait promis la rigueur. Il n?aura pas déçu. L?objectif est de supprimer le déficit structurel d?ici 2014-2015, et d?afficher un léger surplus l?année suivante. Etant donné que le déficit atteindra 10,1% du PIB cette année (avril 2010-mars 2011), la tâche est énorme. La hausse de la TVA, la réduction des allocations sociales (notamment pour les handicapés et les familles), et les coupes budgétaires sont les principales mesures pour y arriver.

Au-delà de l'économie, ce budget va aussi définir la politique britannique des cinq prochaines années (la durée du mandat parlementaire). Quitte à affronter l?accusation d?être des idéologues, rappelant les années Thatcher, les conservateurs ont décidé de se définir par la rigueur. Leur plan économique se déroule sur cinq ans. Ce sera donc, lors des prochaines élections, leur principal bilan.


En face, les travaillistes, libérés maintenant qu?ils sont dans l?opposition, accusent le gouvernement d?étouffer la croissance économique. Ils agitent le spectre de la Dame de Fer. D?ailleurs, celle-ci n?avait pas réduit les dépenses publiques, mais seulement limité leur hausse. Le plan de rigueur actuel va donc plus loin.


Reste les libéraux-démocrates, qui pour l?instant assument sans broncher leur co-responsabilité dans la rigueur. La chorégraphie à la chambre des communes avait d?ailleurs été étudiée au millimètre. Deux ministres libéraux-démocrates semblaient assis de chaque côté de George Osborne, le chancelier de l?échiquier. David Cameron, le premier ministre, était de fait juste derrière, mais caché du champs de la caméra par le chancelier.
Cette image des libéraux-démocrates approuvant la hausse de la TVA et la réduction des allocations sociales va définir l?image du parti centriste britannique pour longtemps. Qu?obtient-il en échange ? Les lib-dems affirment avoir réussi à pousser les conservateurs à prendre des mesures « justes et attentionnées », pour reprendre l?expression de Nick Clegg, le vice premier ministre libéral-démocrate.

En particulier, ils obtiennent des avancées fiscales pour lesquelles ils militaient depuis des années. La première est une exemption des plus faibles revenus de l?impôt sur le revenu, qui permet à 880000 personnes supplémentaires de ne plus le payer. La seconde est une augmentation de 18% à 28% de l?impôt sur les plus-values de capital, qui permet de rapprocher la fiscalité de l?épargne sur celle des revenus.


Ce sont cependant eux qui ont le plus à perdre dans ce rapport de force. Quand les Britanniques voteront en 2015, se souviendront-ils de la subtile inflexion donnée à la fiscalité ? Ou du plan de rigueur drastique ?
 

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