La preuve par neuf d'Herman Cain pour conquérir la Maison-Blanche

9-9-9 : c'est le programme d'Herman Cain , candidat aux primaires républicaines. Il veut taxer à 9 % les revenus, les sociétés et les produits. Un programme généralisé de baisses d'impôts, sauf pour les plus pauvres.
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Nine, Nine, Nine. Depuis deux semaines, ces trois chiffres agitent le parti républicain, dont les primaires pour l'élection présidentielle de 2012 débuteront dans moins de trois mois. Ce 9-9-9 est la proposition phare du candidat Herman Cain , un novice en politique, ancien patron de la chaîne de pizzerias Godfather's Pizza. "C'est un projet simple et audacieux", aime-t-il répéter, qui prévoit de dynamiter le code des impôts américain.

Comment ? En fixant à 9 % pour tous l'impôt sur le revenu et celui sur les sociétés, et en créant une taxe nationale sur les ventes, elle aussi de 9 %. Les déductions fiscales et les crédits d'impôts seraient supprimés. Une partie de l'électorat républicain est séduite : adoubé fin septembre par le mouvement Tea Party de Floride, Herman Cain fait désormais la course en tête dans les derniers sondages. Ses adversaires à l'investiture ont rapidement saisi le danger et multiplient désormais les attaques contre ce chambardement fiscal, comme mardi au cours d'un débat organisé à Las Vegas.

Séduisant sur le papier pour des Américains qui estiment payer beaucoup trop d'impôts, le plan 9-9-9 - élaboré par un "simple" conseiller clientèle d'une agence de la banque Wells Fargo dans une petite commune de l'Ohio - présente au moins trois grosses faiblesses. La première, c'est la création d'une TVA : elle s'ajouterait aux prélèvements déjà effectués par certains États. Elle entraînerait une hausse généralisée de 9 % des prix à la consommation, dénoncent les opposants d'Herman Cain . "Si nous donnons cette taxe au Congrès, combien de temps faudra-t-il pour qu'un président libéral la porte à 90 %", s'interroge par ailleurs Michele Bachmann, élue du Minnesota en lice pour l'investiture républicaine.

Deuxième faiblesse : cette réforme favoriserait les plus riches au détriment des pauvres et des classes moyennes. Selon les calculs du Tax Policy Center, un organisme non-partisan, 84 % des ménages paieraient globalement plus d'impôts. Les ménages gagnant moins de 30.000 dollars par an verraient ainsi leur revenu disponible fondre de 16 à 20 %. Les plus aisés (plus de 200.000 dollars de revenus annuels) conserveraient en revanche entre 5 et 20 % de plus qu'aujourd'hui. Enfin, le plan 9-9-9 déboucherait sur une contraction non négligeable des recettes de l'État fédéral ce qui, à court terme, renforcerait le déficit public.

Moins d'impôt et moins d'État

Si Herman Cain tient bon face aux critiques, la belle dynamique qui l'a portée en tête des enquêtes d'opinion semble cependant s'essouffler - Mitt Romney, l'ancien gouverneur du Massachusetts, faisant toujours office de favori. Reste que son ascension illustre les attentes des partisans du parti républicain : moins d'impôt et moins d'État. Le libertarien Ron Paul a ainsi proposé mardi de réduire de 1.000 milliards de dollars les dépenses publiques dès 2013, en réduisant de 10 % le nombre de fonctionnaires et en supprimant cinq ministères, dont ceux de l'Éducation, du Commerce et de l'Énergie. "L'État n'est pas la solution à nos problèmes, l'État est le problème", disait-il, il y a trente ans Ronald Reagan.

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