Citroën C4 Picasso : le monospace « high tech »

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1523  mots
Le nouveau C4 Picasso inaugure la nouvelle plate-forme allégée du groupe PSA. Voilà un monospace compact confortable, spacieux, sobre et original, qui renouvelle complètement le genre. Bravo Citroën. Dire que l’on a beaucoup de plaisir à le conduire serait toutefois exagéré !

Tout nouveau, tout beau. Citroën innove. Le C4 Picasso II renouvelle complètement le genre des monospaces compacts par sa carrosserie, son aménagement intérieur et sa plate-forme allégée. Avec sa carrosserie ovoïde très personnelle, il ne ressemble à aucun autre. Déjà ça. C'est d'ailleurs un vrai monospace au sens propre du terme, puisque le capot est extrêmement court. On aura peut-être du mal à s'habituer à son regard bizarre avec des mini-optiques inhabituelles. Mais, son côté OVNI plaira aux amoureux de « modernité ».

 

Grandes surfaces vitrées

 

A bord, on a toujours autant d'espace et de lumière. La surface habitable est formidable, avec des sièges arrière pratiques, coulissants et rabattables pour dégager un plancher plat. Il y a plein d'espaces de rangement (trop petits cependant) et le coffre est intéressant par ses dimensions et ses formes géométriques. Les grandes surfaces vitrées, qui caractérisaient le précédent modèle, ont été conservées. Très bien. On retrouve l'immense pare-brise que l'on peut agrandir vers le haut en remontant le ciel de toit. Si c'est très agréable par temps nuageux, c'est toutefois vite gênant avec du soleil, qui se reflète de partout. A l'usage, ce grand pare-brise se révèle…une fausse bonne idée. Mais qu'importe ! Pour une fois qu'un constructeur ne sacrifie par à la mode idiote actuelle des mini-vitrages type bunker…

 

Très « high tech »

 

La nouvelle planche de bord est aussi originale avec une débauche de haute technologie et deux écrans. Cette voiture connectée permet des tas de possibilités, de moduler l'éclairage, la présentation des cadrans, même de mettre les photos de sa famille… L'écran inférieur est tactile et il y a plein de fonctions. « High tech » assurée. Bref, c'est nouveau et très contemporain. Quant aux sièges, ils offrent un dessin atypique, genre mobilier design.

 

Sous-menus peu pratiques

 

Tout cela est-il pratique et réussi ? Ca, c'est moins sûr ! Le levier de vitesses a quitté sa position haut perchée du précédent modèle pour revenir en bas comme sur une berline. Résultat : le levier est un peu bas pour un monospace où l'on est assis plus haut. Le précédent tombait mieux sous la main. Du coup, l'accoudoir gêne, ce qui n'était pas le cas antérieurement. Les sièges maintiennent bien le dos mais le bourrelet à l'avant rehausse exagérément les genoux et permet d'accéder plus difficilement aux pédales pour les sujets de moins d'1,75 mètre. Dans ces conditions, la position de conduite ne nous a pas semblé optimale. Quant aux fonctions accessibles uniquement par l'écran tactile, elles obligent à rentrer dans des sous-menus rien que pour changer de station de radio mémorisée. Nous, on trouve ça moins pratique qu'un bouton bien répertorié. Tout ce qui oblige à quitter la route des yeux ne constitue pas un progrès à nos yeux… Enfin, il y a pléthore de gadgets qui ne servent à rien. Mais, après tout, ça amusera les passionnés de ce genre de joujoux.

 

Quelques grincements

 

Les plastiques se sont améliorés. Le matériau moussé du haut de la planche de bord séduit. Mais c'est moins bien dans le bas de ladite planche, avec des plastiques bas de gamme. Certains accessoires, comme le levier pour remonter le siège ou les poignées en tissu pour rabattre les sièges arrière nous laissent par ailleurs dubitatifs sur leur longévité. Enfin, une fois de plus, les bruits de roulement, de suspensions, petits crissements et grincements sur mauvaise route, nous ont agacés. Tout cela ne rassure pas, à tort ou à raison, sur le vieillissement de l'ensemble… La qualité perçue n'est pas tout. Les divers bruits parasites sont aussi à soigner.

 

Peu chaleureux

 

Reste l'ambiance intérieure. Même sur le troisième niveau de finition (sur quatre) de notre modèle d'essai, le tissu des sièges rêche ne fait pas cossu du tout. Dommage. Et que dire de l'uniformité noire lugubre de notre véhicule de test ? Le comble, alors que le précédent C4 Picasso se distinguait par des ambiances douces et chaleureuses ainsi que des tissus de sièges soyeux (velours, « alcantara »)... On vous conseille de choisir quand même l'harmonie Champagne (un peu) plus claire, pour échapper au triste camaïeu de noir et de gris foncé.

 

Qualités routières

 

Le C4 Picasso II inaugure la nouvelle plate-forme modulable « EMP2 » de PSA, sur laquelle reposera également la prochaine Peugeot 308. Citroën affirme avoir réduit le poids de 140 kilos. Ce qui est invérifiable, car le véhicule étant mieux équipé, on ne retrouve pas le gain de poids à l'évidence. Autant le dire d'emblée : comme d'habitude chez PSA, les trains roulants sont remarquables. La voiture tient parfaitement la route avec un très bon niveau de confort - sauf sur les petites inégalités un peu trop sèchement ressenties, ce qui est amplifié par le « clong » trop sonore des suspensions. Ah, évidemment, on ne peut pas dire que l'on éprouve un intense plaisir de conduite, ça non ! Mais le conducteur d'un monospace sera satisfait par des prestations difficiles à prendre en défaut. Les amateurs de pilotage regretteront, eux, une direction (électrique) un rien trop légère et au ressenti artificiel, ainsi qu'un comportement un peu pataud, même si c'est moins flagrant qu'avec le véhicule précédent. Bon point : la voiture se révèle plus manœuvrable dans les parkings souterrains, grâce à un rayon de braquage moins démesuré que naguère.

 

Grande sobriété

 

Le moteur e-HDI 115 est une vieille connaissance. Optimisé pour consommer moins, il sacrifie quelque peu les relances ici. Il ne faut pas hésiter à changer de vitesse. A bas régime, il se montre apathique avec des démarrages lents et donc de légers à-coups si on force un tant soit peu le rythme. C'est le problème des moteurs à faible cylindrée, qui manquent de coffre. Dans les embarras urbains, ce trou en bas du compte-tours irrite. Ce moteur est à double visage. Car, après 1.500 tous-minute, il se réveille et remplit alors très convenablement sa fonction. Sur route, à une certaine allure, il n'y a rien à lui reprocher. Le guidage du levier de vitesses a beaucoup progressé par rapport à la commande précédente. Mais il demeure une certaine rugosité. Ca accroche encore un peu. En revanche, côté consommations, pas de problème ! Grâce notamment à l'allègement et aux réglages privilégiant la sobriété, les consommations ne dépassent guère les six litres aux cents. D'ailleurs, sobriété signifie bas rejets de C02 et l'avantage d'un bonus de 200 euros. Satisfaisant, tout comme le « Stop and Start » (arrêt et redémarrage automatiques au feu rouge), plus discret que chez les concurrents.

 

Prix intéressant, mais que d'options

 

Le prix de départ est de 23.670 euros avec la version de base Attraction et un moteur à essence de 120 chevaux. En diesel (90 chevaux), il faut compter 24.870.  En version Intensive avec la motorisation de 115 chevaux, comme sur notre véhicule d'essai, comptez 28.950 euros ! On a droit ici au GPS, à l'accès et au démarrage sans clé, à la caméra de recul (utile), aux sièges arrière coulissants et à une possibilité d'échapper au tout noir intérieur avec une solution alternative plus claire. Les options sont nombreuses. Le toit vitré panoramique est à 600 euros, les sièges mixtes tissu-cuir (moche) avec un repose pieds pour le passager à 850, les projecteurs bi-xénon directionnels sont à 800. Le Pack « Drive Assist 2 » à 1.250 euros ajoute un système pour se garer tout seul - qui exige plus de place que si vous le faisiez vous-même -, l'alerte de changement de file, les ceintures de sécurité actives qui se raidissent brutalement au démarrage (pas agréable), le régulateur de vitesse actif, la surveillance des angles morts.

 

« Voiture à vivre »

 

Le C4 Picasso II est original, rationnel, spacieux, bien conçu, sans défaut flagrant, facile - mais pas amusant - à conduire. Et il embarque les derniers équipements technologiques, souvent optionnels cependant. Une voiture à vivre, comme on disait autrefois chez Renault. Mais, on aurait aimé davantage de chaleur dans la présentation, une qualité de finition moins inégale - excellente par endroits, perfectible dans d'autres - une ergonomie et une insonorisation plus soignées…

Alain-Gabriel Verdevoye

 

Prix du modèle essayé : Citroën C4 Picasso e-HDi 115 Intensive : 28.950 euros (-200 euros de bonus)

 

Puissance du moteur : 115 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,43 mètres (long) x 1,83 (large) x 1,61 (haut)

 

Qualités : Ligne et présentation originales, habitacle pratique et spacieux, équipement « high tech », comportement routier et confort satisfaisants, moteur sobre et agréable…

 

Défauts : … sauf à bas régime, boîte accrocheuse, certains plastiques toc, grincements sur mauvaise route, position de conduite perfectible, problèmes d'ergonomie

 

Concurrents : Peugeot 3008 e-HDi 115 Allure : 29.600 euros ; Renault Scénic dCi 110 Bose : 30.500 euros

 

Note : 14,5 sur 20