BMW 320d GT : Une familiale sportive et écologique

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1629  mots
Vous voulez une voiture chic et sportive, privilégiant le plaisir de conduite, tout en étant très spacieuse et hyper-sobre ? BMW a ce qu’il vous faut. La nouvelle 3 GT parvient à cette remarquable synthèse. Le constructeur bavarois réconcilie agrément, espace intérieur et écologie. Mais, attention : c’est très cher !

Les BMW avaient globalement un gros défaut jusqu'ici : elles étaient étriquées et peu pratiques. Et bien, ce cliché n'est plus valable aujourd'hui. La toute nouvelle Série 3 GT est au contraire une vaste berline familiale à cinq portes. Surprenant, non ? Cette voiture assez imposante, inspirée de la Renault 16 des années 60 avec son hayon, s'ajoute à la berline Série 3 et au break Touring. Développée sur la base de la 3L chinoise à la plate-forme rallongée, la 3 GT, plus longue de presque 30 centimètres que la Série 3 berline européenne et plus haute de 9 centimètres, est même plus habitable qu'une Série 5 de la gamme supérieure. On change donc ici de catégorie pour se retrouver dans les grandes voitures. On y gagne donc sur tous les tableaux… sauf peut-être sur l'esthétique.

 

Silhouette un peu pataude

 

La silhouette apparaît plus pataude, avec un avant très effilé, typique de la marque, contrastant un peu trop avec une poupe tronquée. La découpe de la troisième vitre latérale, arrondie, donne à l'arrière un côté un peu mollasson. Dommage. Avec son air de coupé à cinq portes, une Audi A5 Sportback semble nettement plus réussie, mais la BMW est plus haute, ce qui a rendu le travail des designers plus compliqué. La 3 GT n'est pas forcément la plus belle des BMW.

 

Le plein d'espace

 

A l'intérieur, on retrouve intégralement l'univers d'une Série 3, avec juste une position de conduite (un peu) plus haute et une sensation d'espace inusitée. On se sent moins confiné, même si on aimerait pouvoir régler le siège encore plus haut. La place pour les jambes à l'arrière devient carrément généreuse. Elle progresse de 7,5 centimètres par rapport à un break 3 Touring. La hauteur d'assise croît de 6 centimètres. Les dossiers arrière sont réglables en inclinaison et bien sûr rabattables. Le coffre géométrique et s'ouvrant en grand se révèle tout aussi accueillant, même s'il n'est pas très large à cause des passages de roue. L'accessibilité à bord est aussi satisfaisante, avec des vitres sans entourage comme sur un coupé.

 

Chic et raffiné

 

Familiale ou pas, l'ambiance demeure chic et raffinée - à condition d'opter pour la finition haute « Luxury » effectivement luxueuse avec du bois et un beau cuir pour les sièges. Sur notre modèle d'essai, l'intérieur dans une chaude nuance cognac était du meilleur effet. La finition reste de bon niveau, mais certains plastiques, comme celui de la console, n'ont rien d'extraordinaire et les assemblages ne donnent pas la même impression de robustesse que sur une Audi. Petites négligences : le cuir du siège passager n'était pas parfaitement tendu sur notre voiture de test et surtout quelques grincements de tablette arrière se faisaient entendre sur des pavés.

 

Ordinateur complexe

 

Malgré les nombreux réglages, la position de conduite n'est pas parfaite, car il manque un simple réglage lombaire des dossiers comme sur n'importe quelle Renault de bas de gamme. Bravo toutefois à l'accoudoir central coulissant! Enfin, pour finir sur les critiques, nous ne sommes toujours pas fanatiques des menus et sous-menus complexes, réglables à partir d'une molette centrale qui oblige à détourner les yeux de la route.

 

Cocktail mécanique détonnant

 

Démarrons ! Et là, la recette BMW marche à plein. Le munichois est certainement le meilleur motoriste diesel du monde, du moins pour les moteurs performants. « Notre » 320d de 184 chevaux était un régal d'onctuosité, de puissance et de sobriété. Un cocktail très difficile à concocter tant il rassemble des contraires. Les 184 « pur-sang » sont ici tous présents et se déchaînent à la moindre impulsion du conducteur. Un formidable agrément. Dommage que le bruit, pas très noble, du quatre cylindres, soit trop présent.

 

Boîte auto efficace

 

Sur notre modèle d'essai, le moteur était judicieusement combiné à une formidable boîte automatique, quasi-obligatoire tant elle est agréable. De plus, elle lisse le côté naturellement un peu rugueux de ce quatre cylindres tout en supplantant la boîte mécanique trop rêche. Cette transmission à huit vitesses est douce et réactive en mode « S ». Pour encore plus de performances et de réactivité, on peut jouer aussi sur un système permettant de régler électroniquement à la fois la fermeté des suspensions et de la direction mais aussi la gestion de la boîte et du moteur. Le mode « Eco » lymphatique est à oublier. Restent les modes « Confort » et « Sport ». Nous avons volontiers utilisé ce dernier sur route, qui rend la voiture effectivement plus sportive, mais avec des rétrogradages plus brutaux.

 

Consommations ultra-basses

 

Ce dynamisme paraît d'autant plus enthousiasmant que les consommations sont fort basses : moins de sept litres de gazole aux cents (6,8 exactement) selon l'ordinateur de bord, avec pas mal de ville et une conduite musclée sur les 300 kilomètres effectués à son bord. C'est exceptionnel, sans doute l'un des meilleurs rapports agrément-puissance-gabarit-consommation de la production mondiale. Il est vrai que le système « Efficient Dynamics » permet notamment de récupérer l'énergie au lever de pied pour abreuver la batterie… Le constructeur bavarois réconcilie les amoureux du pilotage avec l'écologie. Pourtant, pas de technologies révolutionnaires et dispendieuses ici ! Juste une optimisation magistrale d'un brave moteur à gazole « classique ». Comme quoi, il y a vraiment des marges de progrès. Malgré le poids et le gabarit, les performances et la boîte automatique, vous n'êtes pas redevable d'un malus…

 

Un manque d'agilité

 

Le poids (presque 1,6 tonne) en plus et le centre de gravité supérieur enlèvent un peu d'agilité à la voiture par rapport à une simple Série 3. La GT se révèle moins virevoltante dans les virages serrés, les suspensions étant aussi réglées assez souples. Même si, avec la suspension pilotée - en mode « Sport » -, la voiture devient plus incisive, au prix d'une dégradation du confort. Le comportement reste sûr et globalement plaisant. La direction nous a paru un plus légère et moins communicative que sur la berline en mode normal « Confort ». Au détriment de la précision. Mais, rien de grave. Elle se durcit d'ailleurs en mode « Sport ».

 

Confort très correct

 

Avec d'immenses roues de 18 pouces et des pneus à flancs relativement bas (50R18) - à quand la fin de cette mode absurde ? -, la 3 GT a des réactions assez sèches sur les petites inégalités de la chaussée. Mais elle aborde sans problèmes les plus grandes irrégularités, tels les inénarrables ralentisseurs avec lesquels les pouvoirs publics ont déglingué nos chaussées depuis quelques années au nom d'un dogmatisme « politiquement correct ». Malgré la monte pneumatique extrême, la 3 GT peut donc être qualifiée de confortable en mode « Confort ». Mais, même en « Sport », si c'est ferme ça n'en reste pas moins acceptable, sauf sur route très abimée.

 

Prix élevé

 

Le bilan final ? Pour qui veut de l'espace, de la fonctionnalité, tout en en donnant la priorité à l'agrément de conduite et à un bel habitacle valorisant, cette 3 GT  très classe est à conseiller. Même si le label GT (Grand Tourisme) nous paraît ici paradoxal. Ces deux lettres désignaient historiquement des voitures basses et effilées. Curieux de désigner ainsi la version familiale d'une Série 3 ! L'amateur devra cependant composer avec un tarif coquet. Car, cette 320d GT coûte très cher. La gamme démarre à 36.700 euros en version 3.18d (143 chevaux) déjà performante, et en finition de base « Lounge » peu généreuse et guère chaleureuse. Toutes les versions disposent notamment d'un becquet arrière aérodynamique qui se soulève automatiquement à haute vitesse. Le toit ouvrant panoramique apparaît, lui, sur le deuxième niveau de finition tout comme le GPS (versions « Sport » ou « Modern » qui diffèrent par l'apparence), 5.500 euros plus chère. La « Luxury » de pointe (3.300 euros de plus que les « Sport » ou « Modern ») se pare, elle, de projecteurs bi-xénon, des inserts en bois, des sièges en cuir, des radars avant et arrière (horriblement stridents).

 

Gare aux suppléments

 

La motorisation 2,0d coûte 3.200 euros de plus que le 1,8d, la boîte auto requiert 2.200 euros de supplément… Et ajoutez encore 2.400 euros pour accéder aux très utiles quatre roues motrices, indispensables en hiver si vous habitez dans des régions neigeuses, car une propulsion ce n'est vraiment pas l'idéal sur chaussée glissante ! Attention, ça grimpe très, très vite. BMW affirme que, à équipement égal, une 3 GT est plus chère de 200 à 600 euros par rapport au break 3 Touring. Mais, comme la 3 GT est de série mieux dotée que la 3 Touring, la différence de prix facial atteint en fait 1.850 à 2.200 euros ! Certes la 3 GT est autrement plus habitable, mais quand même… Evidemment, une BMW se revendra bien, car sa cote demeurera longtemps élevée. Mais, le coût d'entretien n'est quand même pas donné. Bref, voilà une super-voiture, mais il faut en avoir les moyens !

Alain-Gabriel Verdevoye

 

Prix du modèle essayé : BMW 320d GT Luxury (bva): 50.900 euros

 

Puissance du moteur : 184 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,82 mètres (long) x 1,83 (large) x 1,51 (haut)

 

Qualités : Performances « sportives » et basses consommations, boîte auto agréable, comportement routier, confort, espace intérieur, fonctionnalité, intérieur accueillant et chic (Luxury)

 

Défauts : Prix très élevé, nombreuses options, position de conduite imparfaite, moteur bruyant, ligne moins réussie que sur la berline, ordinateur complexe

 

Concurrentes : Volkswagen CC 2,0 TDI 177 DSG Carat Edition: 44.590 euros ; Audi A5 Sportback 2,0 TDi 170 Multitronic Ambition Luxe : 49.300 euros

 

Note : 15 sur 20