BMW a réussi un grand coup avec sa 3.20d diesel « Efficient Dynamics » (ED), qui propose belles performances, agrément de conduite, élégance et consommations de « mini » urbaine, avec en prime des rejets de C02 très réduits... A présent, le constructeur bavarois tente d'appliquer la même formule à un modèle à essence, pour les anti-diesel. Alors, sport, luxe et écologie réconciliés ? Non, pas tout-à-fait !

Superbe réalisation

Elégante, chic, raffinée, la nouvelle Série 3 rassemble tous les ingrédients d'une BMW. La ligne, personnelle et équilibrée, constitue une réussite. Avec juste ce qu'il faut de dynamisme, mais sans esbroufe, sans m'as-tu-vu. Les designers savent renouveler leurs voitures en douceur, sans révolution et en conservant leur identité de marque ? Nous, on approuve, même si cette formule peut décevoir les amateurs de ruptures stylistiques. Mais, vu le succès des BMW, la recette semble plutôt appréciée. A l'intérieur, c'est tout aussi bien dessiné, cossu et bien fini. Un vrai haut de gamme. Du beau travail. Sur notre version de pointe « Luxury », les boiseries et les sièges en beau cuir sont accueillants. Très chic. L'habitabilité n'est plus exiguë comme par le passé, ce qui constitue d'ailleurs un réel progrès.

Ergonomie pas idéale

La position de conduite, en revanche, n'est pas idéale pour les gabarits moyens ou petits. La faute à une assise en creux, avec les genoux très relevés par rapport au fessier. Du coup, on doit se rapprocher exagérément du volant, pour débrayer à fond. Seule solution : opter pour une boîte auto qui permet de s'éloigner davantage des deux pédales qui restent. L'ergonomie n'est pas parfaite. L'accoudoir central est coulissant, mais pas réglable en hauteur. A ce tarif, il n'y a pas non plus de réglage lombaire des dossiers. Et, si nous approuvons les commandes séparées pour la climatisation, nous ne sommes toujours pas enthousiastes vis-à-vis de cette molette centrale d'ordinateur pour commander toutes les fonctions, système audio compris. Il faut quitter la route des yeux pour farfouiller dans des sous-menus. Vivement un écran tactile ! Enfin, l'aide au stationnement est bruyante et on ne peut pas comme chez Audi réduire l'intensité des bips-bips. Cette aide s'accompagne d'une caméra de recul (bonne idée). Mais... impossible d'avoir la caméra sans les bips-bips. C'est tout ou rien. Si l'on coupe les uns, on arrête aussi l'autre. Agaçant. En outre, certains choix - comme la position Sport permettant de monter les vitesses plus haut dans les tours (pas très utile d'ailleurs) - sont annulés à chaque redémarrage. Et il faut les reprogrammer.

Mécanique intéressante, mais pas en ville

Le quatre cylindres essence développe 170 chevaux. Soit 14 de moins seulement que la 3.20i normale, au même prix du reste. Question cavalerie, on a ce qu'il faut - en principe ! Seulement, voilà, ce n'est pas le même moteur. En effet, on a ici une mécanique de petite cylindrée (1.598 centimètres-cubes), au lieu d'un 1.997. Et, ça se sent bigrement ! Les accélérations ne sont nullement critiquables. Mais on déplore une certaine paresse à monter dans les tours. Ca manque globalement de brio, d'onctuosité. Mais, le pire, comme avec tous les « petits » moteurs, c'est l'absence de répondant à bas régime. Ce moteur se montre creux au démarrage. La (trop) longue course de l'embrayage et une boîte aux verrouillages fermes n'aident pas non plus à la fluidité dans les embouteillages. Du coup, on ressent des petits à-coups. Et, si l'on veut démarrer rapidement, comme on l'attendrait d'une BMW, il faut légèrement emballer l'accélérateur et faire un chouïa patiner l'embrayage. Bof ! Cela dessert l'agrément en ville. On attendait mieux d'une voiture de la marque. Les économies ont ici des limites... Pour lisser cette rugosité, on ne peut que conseiller la boîte auto à huit rapports (2.300 euros en option).

Sobriété exemplaire

Cette mécanique est au moins remarquable de sobriété, et donc très économe en rejets de CO2 (124 grammes à peine). Avec 7 litres de sans plomb aux cents, nous n'avons pas plus consommé qu'avec une citadine à essence. Formidable. Mais une 3.20d ED diesel fait tellement mieux !

Confort sec

Cette « propulsion » ne fait pas peur. Précise, suffisamment agile, la Série 3 revendique un comportement satisfaisant. Mais, la voiture chahute un peu trop sur mauvais revêtements. Et cela est nuisible au confort mais aussi à l'agrément de conduite. Les pneus Michelin « Energy » (60R16) à flancs assez hauts ne sont pas exceptionnels en efficacité. Mais ils amortissent en partie les trépidations sur les saignées de la chaussée. Avec des pneus à flancs plus bas, on serait carrément secoués.

Prix élevé

Evidemment, les prix sont élevés. Vu le niveau technique, la qualité de conception et de réalisation, il y a une certaine logique. Mais une 3.20i ED coûte tout de même 34.600 euros en version de base, dépouillée et tristoune ! Pour du vrai luxe, il est nécessaire de choisir la finition « Luxury », avec 7.250 euros de supplément ! « Notre » 3.20i est un véhicule intéressant, avec ses faibles consommations. Mais, à ce tarif, on se montre forcément exigeant. Or, on ne retrouve pas ici le plaisir de conduite typique des véhicules de la marque bavaroise. Dommage. En fait, la 3.20i ED a une sacrée concurrente... Il s'agit de la 3.20d ED diesel, certes 1.400 euros plus chère. Ce n'est pas négligeable. Mais la version à gazole se montre plus agréable, consomme moins et se revendra mieux. Dès lors, pas de quoi hésiter !...
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : BMW 3.20i ED Luxury: 41.850 euros

Puissance du moteur : 170 chevaux (essence)

Dimensions : 4,62 mètres (long) x 1,81 (large) x 1,43 (haut)

Qualités : Lignes élégantes, intérieur bien fini et cossu (sauf version de base), ambiance haut de gamme, bonnes accélérations, sobriété exemplaire, comportement routier de bon niveau

Défauts : Ergonomie complexe, position de conduite pas idéale, manque de répondant à bas régime, transmission peu agréable, confort sec sur mauvaise route, prix élevé

Concurrentes : Volvo S60 T4 Summum : 36.700 euros ; Audi A4 1,8 TFSi Ambition Luxe : 39.860 euros : Mercedes C 200 Elégance Exécutive : 42.250 euros

Note : 12,5 sur 20