VW Jetta Hybrid : Volkswagen attaque la Toyota Prius, pionnière de l’hybride

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  998  mots
Rivale de la Toyota Prius, cette Volkswagen Jetta hybride est plus performante et agréable à conduire sur route. Une proposition « verte » essence-électrique intéressante, grâce à une consommation très basse et au super-bonus écologique. Mais cette berline classique à vocation familiale pâtit d’un mini-coffre à cause des batteries.

La fameuse Toyota Prius hybride a enfin une rivale européenne. Il était temps. La pionnière nippone de 1997 se voit désormais concurrencée par une Volkswagen. Cette Jetta hybride du groupe allemand, une berline de gamme moyenne aux lignes classiques, offre un moteur à essence de 1,4 litre de cylindrée développant 150 chevaux et un (petit) moteur électrique de 27. Le tout fait 170 chevaux, car les deux motorisations ne fonctionnent pas exactement ensemble, les deux puissances ne se cumulant pas tout-à-fait. Botte secrète : la Jetta fonctionne avec une boîte à double embrayage « DSG » à sept vitesses, ce qui se fait de mieux aujourd'hui en matière d'agrément. Cette quatre portes rallongée avec coffre séparé est en fait une ancienne Golf VI recarrossée, produite à Puebla au Mexique et destinée essentiellement au marché nord-américain.

 Une robe extrêmement classique

Sous sa robe extrêmement classique, la Jetta n'en est pas moins une belle et flatteuse berline, sage et intemporelle - donc indémodable. La déclinaison hybride est strictement identique à la version thermique. Elle en reprend la très correcte habitabilité, la bonne accessibilité, mais perd en revanche l'immense avantage traditionnel du grand coffre. A cause des batteries, celui-ci est sérieusement amputé. Difficile de partir en vacances avec sa famille. Sinon, la position de conduite reste satisfaisante avec des réglages simples, la planche de bord nette, propre, sans chichis, avec des fonctions facilement repérables. C'est bien assemblé et plutôt costaud. Mais quelques grincements en provenance des portières sur mauvaise route nous ont agacés. La qualité de fabrication mexicaine serait-elle inférieure à celle des véhicules produits en Allemagne ?

170 chevaux lymphatiques

Volkswagen précise que les 170 chevaux répertoriés ne sont utilisables que sur une durée temporaire. C'est le moins qu'on puisse dire. De fait, on n'a jamais une telle impression de puissance. On a même souvent la sensation qu'au moins une cinquantaine de bourrins se sont échappés du haras et manquent à l'appel. Il est vrai qu'il faut composer avec 200 kilos de batteries… Bref, il ne faut pas s'y laisser prendre. Malgré une très agréable transmission, ce n'est en aucun cas une voiture sportive. Pas de problème sur route et autoroute où la voiture se débrouille fort convenablement.

Pas très plaisante en ville

Mais, à bas régime en ville, cette Jetta fonctionne avec une certaine paresse. Les démarrages en mode électrique sont lents. Monter une rampe de parking à froid est pénible. Et la gestion entre motorisation électrique et thermique se révèle imparfaite. La voiture semble hésiter, notamment en cas de relance. Du coup, la boîte « DSG », connue sur d'autres véhicules de la gamme pour sa rapidité, a du mal à lisser les soubresauts. Rien de grave. Mais les petits à-coups en circulation urbaine ne sont pas très agréables.

Frein moteur grâce à la "DSG"

Sur route sinueuse, on peut heureusement compter sur la belle réactivité de la boîte, qui rétrograde d'elle-même sur un simple coup de frein. A condition de positionner le levier en position « S ». Par rapport à une Toyota Prius, la Jetta est moins sereine en ville, mais elle affiche un dynamisme très supérieur sur route ou autoroute. Elle est aussi nettement plus utilisable en montagne grâce à sa boîte « DSG » qui lui fournit beaucoup de frein moteur en descente.

Sobriété remarquable

Si l'agrément mécanique est perfectible, nous nous inclinons en revanche devant les belles prouesses en matière de consommation. Au terme d'un parcours avec beaucoup de ville et en conduite soutenue, nous n'avons pas dépassé 5,5 litres aux cents. Bravo. De ce point de vue, cette Jetta répond bien au cahier des charges.

 Lourde à la conduite

Avec ses 200 kilos de surpoids, la Jetta hybride est lourde à la conduite, avec des réactions moins vives que d'habitude. Mais cette berline, plus pesante, moins agile, tient globalement bien la route. Attention quand même au train avant sur route humide ! La puissance a parfois du mal à passer aux roues avant motrices au démarrage sans les faire hésiter et vibrer sur chaussée très grasse. Le surpoids des batteries sur l'arrière déleste un peu trop le train avant. Le confort se retrouve aussi dégradé par rapport à une simple Jetta diesel, avec une plus grande raideur des trains roulants. C'est assez ferme, mais supportable.

Prix compétitif avec le super-bonus

A 30.450 euros dans une finition unique Confortline, le modèle hybride coûte plus cher, facialement, qu'une diesel de 105 chevaux avec le même équipement et la même boîte à double embrayage « DSG ». Seulement voilà, l'hybride, qui rejette à peine 95 grammes de C02 au kilomètre, bénéficie, du moins pour l'instant, d'un super-bonus gouvernemental de 3.045 euros, ce qui met de fait cette Volkswagen à peu près au même prix que la version diesel équivalente (26.880 euros). Dès lors, pourquoi s'en priver, même si les hybrides doivent encore évoluer ? On a aussi la satisfaction d'avoir un moteur à essence intrinsèquement plus propre qu'une mécanique à gazole. Seules vraies réserves : le coffre insuffisant et, pour les très grands rouleurs, un litre de sans-plomb plus cher que celui du gazole. On attend avec impatience la Golf VII hybride rechargeable prévue pour la mi-2014. Mais ce sera plus onéreux.

 

Prix du modèle essayé :VW Jetta Hybrid : 30.450 euros (-3.045 euros de bonus)

 Puissance du moteur : 170 chevaux (essence+électrique)

Dimensions : 4,64 mètres (long) x 1,78 (large) x 1,48 (haut)

Qualités : Présentation nette avec des repères simples, bonne position de conduite, sobriété remarquable, boîte à double embrayage efficace, agrément sur route et autoroute supérieur à la Toyota Prius…

 Défauts : …mais gestion moteur électrique-thermique imparfaite, démarrages lents, surpoids, train avant « léger » sur chaussée humide, confort dégradé, coffre amputé

 Concurrente : Toyota Prius Dynamic (17 pouces): 28.600 euros

 Note : 13,5 sur 20