Peugeot 308 : Une excellente berline compacte « made in France »

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1852  mots
Dotée d’un excellent diesel, douce et vigoureuse, agile, confortable et très sûre, la 308 est sans doute la meilleure berline compacte de sa catégorie (diesel de 90 à 115 chevaux). Dommage que certains plastiques dénotent.

L'anti-Golf. Ce n'est pas nous qui le disons. C'est PSA Peugeot Citroën qui le proclame. Avec un objectif : faire mieux que Volkswagen sur tous les plans et aussi bien en qualité perçue. Alors, pari gagné ? Si la finition reste un peu en retrait malgré les énormes progrès, cette 308 nous a enthousiasmés par son moteur diesel agréable et sobre, son confort de bon aloi et surtout ses remarquables qualités routières. Une référence.

Equilibrée, épurée

La carrosserie, équilibrée, sans fioritures, tranche sur les outrances d'antan. C'est net, propre, avec juste ce qu'il faut d'agressivité. On voit que Peugeot a voulu faire sage pour concurrencer… la Volkswagen Golf, obsession de la marque au lion. Nous, on apprécie ces lignes simples qui se démoderont peu.

 A l'intérieur, on trouve une présentation épurée, sans chichis. La planche de bord ne compte presque plus de boutons. Tout cela apparaît original, reposant. Place au grand écran tactile central mutifonctions, a priori pratique et facilement manipulable. C'est beaucoup mieux que sur une BMW, une Audi ou une Lexus. Pas de molette centrale ici, qui oblige à détourner les yeux de la route. Non, on va directement sur l'écran à portée de doigts. C'est tellement plus simple. Louable effort.

Mais chercher une station de radio, régler la climatisation, reste quand même plus compliqué qu'avec des boutons dédiés immédiatement repérables. Nous, on dit oui à cet écran tactile à condition de garder quelques boutons essentiels pour accéder en direct à des fonctions auxquelles on recourt souvent (changement de station de radio, choix de fréquence mémorisée, climatisation)… Car, pour taper pile sur une icône de l'écran en roulant, il faut s'y reprendre souvent à deux ou trois reprises.

 Quelques plastiques "légers"

On apprécie l'habitabilité à l'avant, mais pas à l'arrière, trop juste. Le coffre est, lui, dans la bonne norme, avec des formes géométriques pratiques. On est toutefois peu convaincu par le kit de gonflage en lieu et place d'une vraie roue de secours ! Les sièges offrent un bon maintien latéral. On se fait au petit volant et aux cadrans placés en surplomb, mais ils ne conviendront pas à tous les gabarits. Et cette colonne de direction basse reste quand même gênante.

 Saluons en revanche la vitesse qui s'affiche en gros chiffres lisibles pile devant les yeux. Ca, c'est parfait. Mais déplorons le témoin lumineux qui signale qu'on s'approche d'un autre véhicule… et remplace alors l'affichage de la vitesse à laquelle on roule ! Sur voie rapide encombrée, le témoin s'affiche en quasi-permanence et on ne peut donc pas lire les chiffres de sa vitesse. Quel est le farfelu qui a été inventer ça ? En fouillant dans les sous-menus, on a cependant réussi à mettre hors service ce gadget (optionnel, encore heureux) ridicule, typique de notre société d'assistés où on a peur de tout et il faut prévenir qu'on est constamment en danger - à quand le casque obligatoire avec détecteur d'obstacles pour les piétons ?

 PSA, qui réalisait naguère des habitacles chaleureux et colorés, s'est mis au noir-noir depuis quelques années. Histoire de singer les allemandes ou les asiatiques dans ce qu'elles ont de pire. Façon aussi de simplifier sa gamme et de réduire les coûts de la diversité. Sur notre modèle de test, c'était effectivement froid et triste. Heureusement, on peut choisir (gratuitement) un gris un peu plus lumineux. Le tissu de sièges ordinaire en série - mais où est donc passé le velours soyeux d'antan ? - ne réjouit pas non plus. Heureusement, notre modèle de test avait reçu le cuir optionnel. Mais, celui-ci ne semble pas parfaitement plaqué sur la mousse du siège. Ca donne l'impression d'une simple housse. Pas très classe !

 Et la qualité perçue, alors ? Les progrès sont indéniables. La nouvelle 308 est nettement plus soignée que la précédente, avec des plastiques de meilleur aloi et des assemblages plus soignés. Dommage, certains matériaux restent toutefois trop légers, traités à l'économie. Le cerclage des cadrans en faux chrome fait carrément toc. Les portières ne font pas le même bruit sourd que sur certaines allemandes à la fermeture. Bref, on n'a pas la même impression de robustesse qu'à bord de la Golf. Nous sommes déçus sur ce plan, PSA ayant en effet convié la presse à Sochaux - où la belle est fabriquée - en juillet dernier pour célébrer durant une journée entière la qualité « germanique » de sa 308.

Moteur doux, souple, sobre

Contact. Le 1,6 e-HDi de 115 chevaux apparaît immédiatement doux, souple, assez silencieux, vigoureux. On déplore juste un trou au démarrage qui oblige à faire légèrement patiner l'embrayage si l'on veut s'arracher rapidement. Lors du passage des vitesses, si on les monte vite, le même petit trou se reproduit. Mais, si on n'accélère pas trop, tout rentre dans l'ordre. Au rétrogradage, réjouissons-nous par contre de l'absence du moindre à-coup ! Très bien. Les passages de vitesses ont aussi beaucoup progressé en fluidité. Ils n'accrochent plus systématiquement comme ce fut si souvent le cas dans l'histoire du groupe PSA. Le guidage demeure encore rêche. Mais ce n'est plus rédhibitoire 

Saluons dans la foulée le « Stop and Start » (arrêt et redémarrage automatiques du moteur au feu rouge), autrement plus agréable et discret que chez Volkswagen, Fiat ou BMW. Bref, cette mécanique civilisée et tonique est globalement plaisante et plus réussie que le 1,6 TDi équivalent de la Golf (rugueux) ou le 1,5 dCi de la Mégane (creux à bas régime)… Quant au bilan énergétique, il se révèle excellent. Les consommations sont vraiment basses avec moins de 6 litres aux cents de moyenne durant notre essai.

 Tenue de route remarquable

Côté trains roulants, on ne s'inquiétait pas trop. PSA est traditionnellement le roi des châssis. Sur la 308, les ingénieurs n'ont pas perdu la main. Mieux, ils se sont surpassés avec cette plate-forme « EMP 2 » allégée et optimisée. Le compromis entre sécurité, agilité et confort (sauf sur les petites inégalités) se révèle remarquable. La voiture apparaît maniable, docile, efficace, quelles que soient les conditions climatiques, même si on regrette un chouïa une direction un peu trop légère.

 Une partie de notre essai s'étant déroulée en pleine tempête, nous avons été étonnés de la stabilité exceptionnelle de cette 308. Bourrasques, trombes d'eau, chaussée grasse, inondée ou abîmée, rien n'y fait. La Peugeot ne bronche pas, demeurant imperturbable, répondant parfaitement à la moindre sollicitation du conducteur. Elle génère un fabuleux sentiment de sécurité que nous avons rarement ressenti ! C'est dix fois plus rassurant sur chaussée détrempée par grand vent qu'avec bien des voitures de marque prestigieuse essayées récemment. Dans de telles conditions météo, une BMW, une Mercedes, une Lexus, passerait presque pour un danger public…

La 308 affiche l'un des meilleurs comportements routiers de la production mondiale, en virage comme en ligne droite à haute vitesse ! Bluffant. Et ce, avec des pneus Michelin « verts » qui, s'ils contribuent à réduire les consommations, ne passent pas généralement pour être très accrocheurs sur le bitume…

 La tenue de route s'accompagne d'un confort très satisfaisant. Hormis sur les petites inégalités à faible vitesse, où on aurait souhaité davantage de douceur. Notons que, pour une fois, on essaye une voiture avec des dimensions de pneus normales (55R16) ! Et pas avec des énormes jantes (17, 18, voire 19 ou 20 pouces), des enveloppes ultra-larges et aux flancs archi-bas, fragiles, « tape-cul » à souhait et qui dégradent le comportement sur le mouillé et lorsque l'asphalte se dégrade. Ouf. Sur cette version Allure, Peugeot reste sage (mais pas sur la finition de pointe Féline !).

Nous sommes moins enthousiastes sur les bruits de roulement, les résonances diverses en provenance des passages de roues, les suspensions qui travaillent sans discrétion. Tout ça agace et dégrade la perception de confort. C'est un défaut de bien des Peugeot et Citroën. Là, il y a des progrès à fournir.

A partir de 17.800 euros

La gamme démarre à 17.800 euros avec un mini-moteur de 82 chevaux, sous-dimensionné dans une caisse pareille. Pas à conseiller. Pour un diesel, il faut compter 21.250 euros (92 chevaux). C'est suffisant, mais le moteur à gazole le mieux adapté est le 115 chevaux de notre modèle d'essai. Il est disponible à partir de 24.300 euros en deuxième niveau de finition Active, déjà bien équipé (aide au démarrage en côte, climatisation automatique, écran tactile...). Pour presque 2.000 euros de plus, l'Allure ajoute d'autres équipements moyennement utiles. Le seul vraiment intéressant est le…GPS.

 Faites en revanche l'impasse sur la version supérieure Féline avec ses pneus « taille basse » aberrants ! Et ce, d'autant plus que, avec les nombreuses options, une Allure peut être aussi bien équipée. Voire mieux. Le cuir est à 1.700 euros (également en option sur Féline…), le toit panoramique hélas non ouvrant à 550, l'accès et démarrage sans clé à 490, la très utile caméra de recul à 250. Le « Peugeot Connect » vous donne un an d'accès au service et une clé de connexion (USB et 3G) pour 379 euros.

La meilleure du lot

Sauf en qualité perçue, la 308 est donc bel et bien la meilleure berline compacte du marché dans sa catégorie (diesel jusqu'à 115 chevaux). Plaisante, docile, sobre, extrêmement rassurante et globalement confortable, elle ne pêche donc que par sa finition pas encore au niveau d'une Golf, la référence du moment que PSA cite si souvent. Et les divers bruits de roulement, irritants, mériteraient aussi d'être étouffés.

Pour le reste, la dernière-née de la firme au lion est plutôt mieux que la Volkswagen, la Renault Mégane, l'Opel Astra, la Ford Focus, la Toyota Auris, la BMW 1, l'Audi A3 et la Mercedes Classe A de motorisation comparable… Souhaitons que cette 308 réussie contribue à redresser les comptes de PSA en crise ! Un constructeur capable de concocter une voiture aussi aboutie mérite amplement d'être récompensé.

 

Modèle d'essai : Peugeot 308 1,6 e-HDi 115 Allure: 26.250 euros

 

Puissance du moteur : 115 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,26 mètres (long) x1,81 (large) x 1,46 (haut)

 

Qualités : moteur doux, vigoureux et sobre, "Stop and start" discret, tenue de route tous temps exceptionnelle, agilité et maniabilité remarquables, confort convaincant (sauf sur les petites inégalités), tablette tactile pratique…

 

Défauts : … mais pas toujours, bruits de roulement, encore des plastiques légers, trou à très bas régime, boîte rêche, habitabilité arrière juste

 

Concurrentes : Ford Focus 1,6 TDCi 115 Titanium : 24.300 euros ; VW Golf TDi 110 Confortline : 25.980 euros ; Citroën C4 e-HDi 115 Exclusive : 26.950 euros ; Renault Mégane 1,5 dCi 110 Bose : 27.820 euros

 

Note : 15,5 sur 20