Audi A3 berline : une grande (VW) Golf plus flatteuse

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1202  mots
Sous ses lignes classiques et sages de petite A4, la toute nouvelle compacte quatre portes d’Audi séduit. Fort agréable à conduire, élégante, remarquablement finie, l’A3 berline est très valorisante. Mais, comme toutes les voitures de la marque aux anneaux, elle reste chère et pas très spacieuse.

Volkswagen décline sa Golf VII à toutes les sauces, chez Seat, Skoda et… sa marque haut de gamme Audi. Sur cette nouvelle plate-forme modulaire (dite poétiquement "MQB "), l'A3 berline (quatre portes) est, elle-même, la troisième variation autour du thème de la compacte Audi A3. Après la trois et la cinq portes, voici donc la même Audi dotée cette fois d'une carrosserie plus traditionnelle avec un coffre séparé, plus longue et valorisante puisqu'elle s'apparente à la catégorie autrement prestigieuse des "moyennes supérieures" telles les Audi A4 ou BMW 3.

De fait, l'A3 berline apparaît comme une petite A4, avec laquelle on peut d'ailleurs la confondre dans la rue, tant les styles sont proches. Nous, on apprécie ces lignes classiques, équilibrées, sans chichis ni boursoufflures de mauvais goût. Un style  immédiatement identifiable. Au détriment toutefois de l'originalité, diront ses détracteurs. Cette nouvelle A3 est produite à Györ, en Hongrie.

 Identité marquée

 A l'intérieur, pas de dépaysement non plus. L'identité est très bien préservée. Avec des formes douces, sans fioritures non plus, des commandes faciles à détecter et manipuler - sauf la molette centrale de l'écran en bas de la console, qui nous paraît beaucoup moins intuitive qu'un… écran tactile. Sur une Volkswagen Golf, on a d'ailleurs droit à l'écran tactile tellement plus pratique! La position de conduite est aisée à trouver et les sièges soutiennent parfaitement le dos, malgré l'absence de réglage lombaire. C'est net et là aussi d'un clacissisme éprouvé.

 La qualité de fabrication est remarquable avec des assemblages et des plastiques solides. Le beau bruit sourd des portières inspire confiance. L'absence de crissements ou de grincements parasites sur mauvaise route prouve qu'Audi est le meilleur aujourd'hui à cet égard. Tout cela augure d'un très bon vieillissement du mobilier intérieur et de la carrosserie. Même si cela ne prouve rien, en revanche, sur le plan de la fiabilité mécanique… En revanche, comme sur toutes les Audi, la place à bord n'est pas très généreuse. On se sent plus confiné qu'à bord d'une Golf. Heureusement, le coffre géométrique est logeable.

Si on aime le style, on déteste l'ambiance austère, triste, grise, avec un tissu de sièges costaud mais rêche, même dans la finition Ambition, pourtant déjà onéreuse. Sur un tel véhicule, dit "premium", c'est décevant. Pour bénéficier d'un intérieur raffiné, on conseillera en conséquence, pour 1.090 euros de plus, un revêtement cuir-alcantara (faux daim) nettement plus doux et accueillant, voire le cuir intégral pour 1.990. Indispensable pour avoir un intérieur digne de la classe de la voiture.

Tant qu'on est dans les grognements, signalons un frein de stationnement électrique qui ne se desserre pas automatiquement. Alors, à quoi ça sert? On déteste aussi les radars de stationnement stridents, même si on peut régler l'intensité sonore. On a droit certes aussi à des repères lumineux. mais, si on coupe les bips-bips, on coupe les repères visuels. C'est tout ou rien. Absurde. Et, de toutes façons, dès qu'on réenclenche la marche arrière, ces bips-bips exaspérants reviennent automatiquement en force. Grrr!

 Mécanique TDi très efficace

 Le TDi de 150 chevaux est toujours un peu brutal, tout comme les commandes d'embrayage et de boîte. Mais cela va de pair avec une précision mécanique extraordinaire. Aucun flou dans l'embrayage ni d'hésitation pour passer les rapports. Et la mécanique, souple et très performante, se révèle un régal, malgré un niveau sonore élevé. Redoutablement efficace. Quel plaisir de conduire, pardon de piloter !

Nous n'avons même pas noté de trou à bas régime, contrairement à ce que génèrent la plupart des moteurs modernes sous-dimensionnés. Il n'est nullement besoin de payer 2.070 euros pour accéder à la très plaisante boîte automatique à double embrayage "S Tronic" ("DSG" chez Volkswagen). Car la transmission manuelle fait fort bien son boulot. Notre consommation moyenne de 7 litres de gazole aux cents est intéressante, vu les performances. Mais le "Stop and start" (arrêt et redémarrage automatiques du moteur) génère un soubresaut désagréable.

 

Remarquable comportement

 L'essai ayant été effectué dans de très mauvaises conditions météo (tempête, routes en partie boueuses et inondées…), nous avons pu apprécier la rigueur exceptionnelle du comportement routier. Quelle sécurité, quelle précision ! Et ce, quel que soit l'état de la chaussée. Jamais, la voiture ne perd son aplomb. La direction directe imprime des réactions millimétriques. On fait corps avec sa voiture.

Seul défaut : un train avant qui, par forte, accélération, a parfois du mal à encaisser toute la puissance. Il manifeste alors une certaine désapprobation, mais l'anti-patinage intervient adéquatement et les débordements demeurent limités. Pour les éviter et mieux circuler sur route enneigée, une transmission « quattro » avec quatre roues motrices est disponible, moyennant 2.150 euros.

Les suspensions sont évidemment assez fermes. Mais le confort nous a quand même étonnés malgré une monte pneumatique « sport » (45R17) et un châssis non moins « sport ». Les trains roulants sont tellement bien maintenus que la voiture ne trépide ni ne tressaute. Dès lors, on n'est jamais secoués. Le châssis offre donc un très bon compromis.

 

Onéreuse

 Tant de qualités rendent la voiture… onéreuse. La gamme démarre à 25. 950 euros en finition de base Attraction avec un moteur à essence 1,4 de 125 chevaux. "Notre" A3 berline avec moteur TDi 150 en finition Ambition (troisième niveau d'équipement) réclame 31.000 euros. C'est 400 euros de plus que la cinq portes A3 "Sportback" plus courte et (un peu) moins flatteuse. Mais c'est quand même cher, surtout vu le niveau mesquin des équipements de série. Le réglage lombaire des sièges est à 300 euros, les sièges chauffants à 400, le toit ouvrant à 1.150, le GPS à 1.040… Sans parler des revêtements de sièges moins sinistres, dont nous avons parlé plus haut.

Certes, la voiture n'a pas de rivale directement comparable. Mais quand même ! Evidemment, une Audi se revendra également très bien. Ca, c'est vrai. De toutes manières, on ne choisit pas une voiture de la firme d'Ingolstadt pour son rapport équipements-habitabilité-prix, mais pour sa ligne, sa qualité de finition, son agrément de conduite... avec une certaine dose de snobisme. Ah, signalons malheureusement que les prestations du réseau après-vente ne sont pas à la hauteur des attentes, selon la plupart des enquêtes auprès des consommateurs français ! Dommage.

 Modèle d'essai : Audi A3 berline TDi 150 Ambition : 31.000 euros

 Puissance du moteur : 150 chevaux (diesel)

 Dimensions : 4,46 mètres (long) x 1,79 (large) x 1,42 (haut)

 

Qualités : finition de grande qualité, esthétique classique élégante, remarquable précision de conduite, boîte de vitesses efficace, moteur plaisant et sobre

 Défauts : prix élevé, options chères, motricité imparfaite, "Stop and start" désagréable, GPS complexe, présentation austère, bips-bips agaçants

 

Concurrente : Mercedes CLA 200 CDi Sensation : 37.750 euros

 

Note : 15,5 sur 20