Skoda Octavia Combi : une (Volkswagen) Golf plus spacieuse et… rustique

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1339  mots
Voici une Volkswagen Golf rallongée, "familiale", économique, un peu simplifiée et donc moins agréable à conduire. Mais le rapport habitabilité-prestations-prix est attractif. Et la qualité de finition reste impeccable. Ce break mérite le détour.

Vous prenez une plate-forme de Volkswagen Golf VII, vous l'allongez afin d'obtenir une habitabilité maximale, vous simplifiez les trains roulants, montez des plastiques solides mais plus économiques…. Et hop, c'est prêt. La stratégie de la marque tchèque est limpide: proposer des Volkswagen plus familiales mais moins sophistiquées, plus abordables. Le tout avec les mêmes moteurs, évidemment. Voici donc la dernière-née, l'Octavia III, essayée cette fois en version break Combi, encore plus accueillante que la berline. Un modèle emblématique pour Skoda, puisque cette série existe depuis 1996 et demeure la plus vendue de la marque.

Solide, spacieux, rationnel…

La carrosserie, assez géométrique, est … très Volkswagen. C'est-à-dire propre, équilibrée, ultra-classique et donc indémodable. A l'intérieur, c'est pareil : net, clair, sans fantaisie mais efficace. Les plastiques sont (un peu) plus simples que sur une Golf mais costauds, les assemblages sérieux. La position de conduite ne souffre d'aucune critique. Et l'ergonomie reste un modèle de simplicité.

On apprécie les multiples réglages, notamment sur l'accoudoir central idéalement placé. Point fort habituel de la marque, l'espace intérieur est formidable, le coffre carré et pratique. Vous pouvez l'agrandir encore grâce aux dossiers arrière rabattables. Et l'accessibilité apparaît tout aussi convaincante, comme la visibilité. Efficace, on vous dit. Notons la quasi-absence de grincements ou crissements de mobilier intérieur, ce qui dénote une conception et une fabrication rigoureuses. C'est bon pour le vieillissement.

…mais quelle austérité, sauf si l'on recourt aux options !

Ah évidemment, c'est austère et assez bas de gamme sur les versions de base ! Il faut bien qu'on retrouve des économies quelque part. La version de pointe « Elégance » permet toutefois d'échapper à la grisaille, avec notamment en option des sièges agréablement revêtus de cuir et d'alcantara (faux daim soyeux) que l'on peut choisir en beige clair. Dans ce cas, l'ambiance en est transformée et devient même accueillante, voire « classe ». Certaines teintes de carrosseries métallisées sont aussi très belles (marrons Topaze, rouge Rio, beige Capuccino à 550 euros). On peut donc se concocter une jolie Skoda. Pour 150 euros, on peut même avoir un décor bois sur la planche de bord.

Question équipements, on a ce qu'il faut… La version d'accès baptisée « Active » reçoit déjà la climatisation manuelle, une radio CD MP3, le contrôle de la pression des pneus et les vitres électriques à l'avant. Le deuxième niveau de finition « Ambition » ajoute la climatisation automatique, la préparation Bluetooth, les radars de stationnement arrière, des détecteurs de pluie et de luminosité, des vitres arrière électriques. Et l' « Elégance » devient carrément riche…

Une mécanique rugueuse aux rapports trop longs

Si le petit diesel TDi 1,6 105 du groupe allemand est très rugueux et creux au démarrage, le 2,0 TDi de 150 chevaux est nettement plus civilisé. Même s'il reste un peu rêche et assez bruyant.  Skoda a d'ailleurs fait des économies sur l'insonorisant. Ce « gros » TDi fait bien son boulot, servi par un embrayage assez sec mais précis et des verrouillages de transmission fermes mais rigoureux. On ne retrouve pas toutefois le dynamisme si plaisant d'une Audi A3 ou d'une Golf équipées du même moteur. Dommage.

Car, pour économiser du carburant, les rapports de boîtes ont été démesurément allongés. Les accélérations et les reprises s'en ressentent fortement, et une vingtaine de chevaux semblent effectivement manquer par rapport aux 150 bourrins recensés officiellement. Notre modèle recevait en plus une transmission aux quatre roues, qui alourdit quelque peu l'ensemble et nuit aussi à la vivacité. C'est donc beaucoup moins plaisant qu'une A3 essayée récemment avec la même motorisation. Aucune trace de sportivité ici, ce qui est toutefois cohérent avec le positionnement familial de ce modèle. Mais on se passerait des petits trous entre les rapports si l'on monte ou descend les rapports trop franchement.

Si la déception est de mise quand on descend d'une Golf ou d'une A3, le bilan mécanique n'en reste pas moins assez satisfaisant dans l'absolu, sitôt abandonnée toute velléité d'accélérer à fond. D'autant que le bilan énergétique est bon. Nous avons consommé 6,7 litres aux cents, ce qui demeure très convenable avec quatre roues motrices.

 

Le tempérament est placide

La tenue de route ne pose aucun problème de sécurité. L'excellente base de Golf VII demeure. Mais, ici, on a droit au train arrière simplifié des Golf de base, moins prévenant. Et les réglages « familiaux » n'arrangent pas non plus l'agilité. Tout cela est rassurant certes, mais pataud, sans finesse, procurant ici aussi beaucoup moins d'agrément qu'une A3 ou une Golf, nettement plus incisives.

Les suspensions rebondissent également assez sèchement. Le confort reste acceptable, mais n'est pas douillet. Encore heureux que « notre » Skoda ait bénéficié de pneus et jantes de taille normale (en option gratuite sur l' « Elégance » dotée de série d'une monte sportive plus tape-cul). Notons avec plaisir que les trains roulants sont, à l'inverse du moteur, plutôt discrets. On n'entend pas leur travail comme sur certaines voitures françaises. Ca, c'est sympathique.

Des tarifs de Golf, mais avec plus d'espace

La gamme Octavia Combi coûte 1.100 euros de plus que la berline. Elle démarre à 19.330 euros (version « Active » avec un mini-moteur à essence 1,2 de 85 chevaux, très juste). Pour « notre « version TDi 150 4x4, comptez 28.900 euros avec une version « Ambition ». Sur l' « Elégance » de notre essai, bien mieux présentée, il faut s'acquitter de 31.400 euros. Economisez cependant 1.950 euros, si vous n'optez pas pour la transmission 4x4, utile seulement si vous circulez dans des régions souvent enneigées. L'offre 4x4 est d'ailleurs unique dans cette catégorie. Pour 1.500 euros de plus, on accède à la célèbre et agréable « DSG », la boîte à double embrayage. Mais, celle-ci est disponible seulement sur la version à traction avant. Elle apparaît incompatible avec les quatre roues motrices. Le toit ouvrant vitré panoramique requiert 1.050 euros. Et il faut 590 euros pour les sièges cuir-alcantara recommandables.

En fait, les prix sont les mêmes que ceux de la Golf, à quelques équipements près ! Mais, pour le même tarif, on dispose d'un espace intérieur qui n'a rien voir. On a en effet autant de place qu'à bord d'une Volkswagen Passat, de la catégorie supérieure. La vocation familiale est donc ici totalement justifiée. En contrepartie, on perd forcément en agrément. Une Skoda, ce n'est pas une voiture à bas prix, comme une Dacia. Loin de là. Non, il s'agit d'une voiture familiale au prix d'une compacte avec une excellente qualité de finition - ce qui n'est pas du tout le cas d'une Dacia. Un positionnement fort intéressant et judicieux. Bref, le constructeur s'y retrouve, mais le client qui veut une voiture rationnelle, sans histoires, extrêmement habitable, et même flatteuse (en finition de pointe), aussi !

A condition d'accepter un blason Skoda, encore peu valorisant. Les connaisseurs savent qu'il s'agit depuis plus de vingt ans d'une marque du groupe Volkswagen, laquelle constitue un achat intelligent. Mais les moins avertis continuent d'y voir une marque connotée « pays de l'est » avec tout ce que cela comporte de péjoratif… Ce n'est évidemment pas une voiture pour les snobs.

Modèle d'essai : Skoda Octavia Combi TDi 150 Elégance 4x4 : 31.400 euros

Puissance du moteur : 150 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,66 mètres (long) x 1,81 (large) x 1,46 (haut)

Qualités : Habitabilité exceptionnelle, coffre logeable, finition solide, ergonomie claire et simple, esthétique indémodable, prix intéressant (pour le gabarit), moteur sobre, prestations générales satisfaisantes…

Défauts : manque d'insonorisation, mécanique un peu rêche, suspensions fermes, boîte trop « longue », austérité générale (sur les versions de base)

Concurrentes : Renault Laguna dCi 130 Bose Estate: 31.300 euros ; Volkswagen Golf SW Carat TDi 150: 32.770 euros

Note : 14,5 sur 20