BMW X5 : Un formidable 4x4 de luxe

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1310  mots
Le X5 est un 4x4 de très haut de gamme, produit aux Etats-Unis, sûr, confortable, puissant, cossu, très plaisant à conduire. Il isole complètement de la route. Seuls hics: le prix et le gabarit

Les allemands sont des gens traditionalistes. D'une génération à l'autre, Volkswagen, Audi, BMW, reproduisent leurs modèles quasiment à l'identique. Avec toujours des lignes rationnelles, classiques, équilibrées, intemporelles. Avantage : les véhicules sont indémodables, aisément identifiables. Et ils ne sombrent jamais dans les bizarreries caricaturales de certaines carrosseries japonaises, coréennes, américaines, voire françaises. Autant dire que ce BMW X5, très chic, est plus gros, plus abouti que ses prédécesseurs, mais l'évolution se fait en toute discrétion.

 

Voici dont la troisième génération du X5, né en 1999. Plus de 1,3 millions d'unités de ce 4x4 allemand ont été produites à... Spartanburg, dans le sud des Etats-Unis. Cet énorme engin de 4,90 mètres de long, très large, est évidemment encombrant et peu adapté aux parkings souterrains. Se glisser dans une place est compliqué et, une fois garé, on… ne plus sortir. Ceci dit, en-dehors de son gabarit plus adapté aux conditions de roulage outre-Atlantique où il est construit, ce X5 se fait remarquer par une excellente maniabilité.

 

Un cocon luxueux et vaste

 

L'intérieur, également très classique, ne dépaysera pas les habitués de la marque. Tout est à sa place, sans chichis, avec des matériaux de qualité, épais et rigoureusement assemblés. En qualité perçue - qui n'a rien à voir avec la fiabilité (nombre de pannes) mais conditionne le bon vieillissement -, les marques allemandes conservent une nette avance sur toutes leurs concurrentes. Seules les Volvo suédoises, Jaguar Land Rover anglaises et Lexus (Toyota) nippones s'en rapprochent. Même sur mauvaise route, on n'entend pas de crissements ni de grincements, gage d'une construction soignée. L'ambiance, beige clair à bord de notre véhicule d'essai, est cossue et raffinée. Du vrai haut de gamme.

 

La position de conduite, en hauteur, est excellente, sauf l'accoudoir central non réglable. A noter que, à ce prix, il n'y a pas non plus de réglage lombaire des dossiers. Mais la cambrure des sièges ne souffre pas la critique. A bord, on a beaucoup d'espace, ce qui est normal vu les dimensions, avec une belle visibilité. Mais on déteste le hayon peu pratique, ouvrant à deux parties, qui entrave l'accès au fond du coffre !  Nous n'aimons toujours pas non  plus la molette centrale qui permet tous les réglages de l'ordinateur, pas évidente et placée entre les sièges, ce qui oblige à détourner les yeux de la route. Heureusement, climatisation et radio sont accessibles directement de façon autonome.

 

Notons un remarquable ensemble audio, mais déplorons ce couplage absurde entre les bips-bips de stationnement (exaspérants) et la caméra. Contrairement à une Peugeot, ici, c'est tout ou rien ! Impossible d'avoir la caméra mais de couper les bips-bips. 

 

Moteur six cylindres onctueux

 

Le moteur est ici un six cylindres de 258 chevaux. Une merveille. Les amateurs nous comprendront : l'onctuosité, la souplesse, l'envoûtante sonorité d'un « six » n'ont rien à voir avec celles d'un vulgaire « quatre ». Mais Bruxelles et Paris ont décidé de condamner ces « gros » moteurs au nom de la lutte anti-CO2. Profitez-en tant qu'il est temps ! En attendant, cette mécanique bavaroise est extraordinaire d'agrément. Heureusement d'ailleurs que la sonorité rauque est si agréable, parce que la mécanique est assez bruyante. Mais ici on ne s'en plaint pas !

 

Ce moteur se combine avec une boîte auto à huit rapports, réactive en position « S » et encore plus en position « Sport » - eh oui, il y a plusieurs possibilités de réglages qui se combinent ! Dans ce dernier cas « S-Sport », les vitesses montent vite et sans aucun à-coup, générant des formidables accélérations. Déplorons seulement que la position « Sport » se déconnecte quand on coupe le contact, revenant au mode « Confort ». On souhaiterait que le système garde le choix du conducteur en mémoire.

 

Malgré tous ces réglages, on aurait aussi apprécié encore plus de réactivité avant un virage. Mais, c'est déjà bien. Avec un coefficient aérodynamique exceptionnel pour un 4x4 (Cx de 0,31) et la technologie « Efficient Dynamics », la voiture n'a consommé durant l'essai qu'un tout petit peu plus de 10 litres aux cents, une valeur très acceptable pour un gros engin avec une telle puissance.

 

Très agréable, même dans les virages

 

Une fois assimilées les dimensions, on conduit ce X5 sans problèmes. On a même été étonnés de la précision de conduite, voire de l'agilité, compte tenu du centre de gravité élevé et d'un poids supérieur à deux tonnes. Dans les successions de virages, il ne bronche pas, s'accrochant très bien à la route, quelque qu'en soit le profil. La voiture ne se déhanche pas, ne flotte pas, contrairement à tant de 4x4 concurrents, notamment asiatiques.

 

Evidemment, il y a des limites physiques. Il faut bien accompagner le volant en virage serré pour faire virer le véhicule et la masse se fait sentir sur route très sinueuse. Mais, le résultat est quand même bluffant. On prend donc bien du plaisir à conduire ce véhicule, même sur des petites routes. Le tout dans un confort ouaté de très haut niveau qui isole de la chaussée. Une remarque : si on accélère à fond, le train avant éprouve tout de même quelques hésitations inattendues.

 

Ce 4x4 peut s'aventurer hors du bitume. Mais les pneus routiers ne sont pas favorables à des profils boueux. Ceci dit, « notre » X5 s'est très bien comporté sur les chemins de campagne, avec un moelleux de suspensions reposant.

 

Plus cher que les rivaux

 

Le X5 est le dernier venu dans la catégorie des gros « SUV » (4x4). Donc, il est le plus cher, soit 3.000 euros de plus que les Audi Q7 ou Volkswagen Touareg équivalents - et vieillissants -, voire presque 2.000 de plus que le Mercedes ML, alors que les produits de la firme à l'étoile sont généralement les plus onéreux. Le X5 3,0d est donc cher, même dans « notre » version de base « Lounge Plus » qui comprend le GPS (très précis avec un grand écran), le (beau) cuir des sièges… et une foule d'options. Pour 2.450 euros de plus, on peut obtenir deux sièges supplémentaires pour faire du X5 un sept places.

 

Notons que l'on peut désormais opter pour une version moins puissante, la 2,5d à quatre cylindres et 218 chevaux, moins plaisante puisqu'on perd le velouté du six cylindres, mais moins chère de 4.400 euros. Le malus est aussi moins dispendieux, puisqu'il en coûte 1.600 euros, au lieu de 2.200 pour la version 3,0d. Ceci dit, quand on met autant d'argent, autant opter pour le six cylindres. Ah oui, on peut avoir une 2,5d d'accès sans transmission 4x4 (ni cuir) à 52.900 euros. Mais, nous ne la recommanderons pas, car elle apparaît complètement dénaturée, voire dangereuse avec sa seule transmission aux roues arrière !

 

Le X5 3,0d est un formidable engin, très bien conçu, pour rouler isolé de la route dans un grand cocon luxueux, habitable, confortable, performant, réactif et sécurisant. Mais, à moins d'avoir besoin de beaucoup de place, nous conseillons le « petit » frère X3, mieux adapté à nos rues étroites et parkings riquiqui.

 

Modèle d'essai : BMW X5 3,0d Lounge Plus : 66.400 euros (+ 2.200 euros de malus)

 

Puissance du moteur : 258 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,89 mètres (long) x 1,94 (large) x 1,76 (haut)

 

Qualités : habitacle luxueux et de qualité, espace intérieur, moteur six cylindres onctueux et puissant, boîte auto plaisante, comportement routier sécurisant, confort de haut niveau

 

Défauts : prix élevé, détails d'ergonomie, gabarit inadapté aux parkings, hayon peu pratique, réactions dans le train avant 

 

Concurrentes : Audi Q7 3,0 TDi 245 Quattro Ambition Luxe : 63.260 euros ; VW Touareg 3,0 TDi 245 : 63.270 euros ; Mercedes ML 350 Blue Tec : 64.650 euros

 

Note: 16,5 sur 20