Citroën DS5  : Une excellente routière française… un peu excentrique

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1480  mots
Dotée d’une motorisation Blue HDi 180 avec une nouvelle boîte auto, la DS5 est une routière française originale, puissante, sobre, sécurisante et confortable. Mais la finition gagnerait à être plus luxueuse et il faudra accepter un parti-pris esthétique très… particulier.

Jamais depuis très longtemps, un modèle tricolore n'avait été aussi original. Les ventes sont mitigées - 23.900 seulement dans le monde en 2013 à peine -, mais cette Citroën DS5 de la fameuse lignée « premium » du constructeur au double chevron se remarque dans la rue. Un peu monospace par sa position de conduite légèrement surélevée et ses vitres latérales supplémentaires entre le pare-brise et les portières avant, coupé par son arrière fuyant et tronqué, break par son hayon, cet étrange engin présente un traitement des volumes inhabituel. Il y a ceux qui aiment ces formes très travaillées, ces proportions insolites, la trouvent moderne, pleine de personnalité, avec juste ce qu'il faut d'agressivité. Et puis il ya ceux qui la jugent torturée, clinquante, un peu tapageuse La DS5 se veut de toutes façons ostentatoire. Et elle le revendique.

 

Intérieur soigné, mais pas assez

 

La qualité de présentation se veut au sommet du savoir-faire tricolore. Et Citroën vante le raffinement, le chic à la française. Tout apparaît a priori soigné, comme les placages en vrai métal (pas en plastique toc). Le cuir tressé (à 1.710 euros de plus) est de bonne facture. Cette voiture « made in France » fait a priori « premium ». Quand on y regarde de plus près, ce n'est cependant pas encore de l'Audi, du BMW, voire du Volvo ou du Jaguar. Ca en jette, mais des plastiques, des commodos que l'on retrouve sur les autres Citroën font un peu tache. Le revêtement du haut de la planche de bord, des contre-portes, des côtés de la console en un plastique certes moussé mais caoutchouteux et noirâtre, n'est pas très raffiné. Le résultat est de bon niveau. C'est de la fabrication rigoureuse de constructeur généraliste, mais pas du vrai luxe !

 

Question design, le côté tape à l'œil des lignes se retrouve dans l'habitacle, avec des tas de boutons partout. Ceux des vitres électriques au centre sont malcommodes, les commandes au plafond - genre cockpit d'avion - pas ergonomiques… L'énorme console centrale, qui réduit les places avant, est beaucoup trop encombrante. Du coup, on se sent engoncé. D'autant la ligne de caisse est très haute, avec des vitres latérales si petites qu'on a parfois du mal à atteindre les bornes de péage ! Quant à la visibilité vers l'arrière, elle est assez mauvaise!

 

Excellente position de conduite

 

Nous conseillons des sièges fauves ou rouges, plus en phase avec l'originalité affichée de la voiture, que le noir de base. En plus, des teintes plus colorées donnent davantage l'impression d'espace, alors même qu'il y a peu de lumière qui filtre. Notre version toute noire était un peu étouffante. Notons que les teintes extérieures déçoivent. Pour une voiture innovante, le choix entre cinq gris ou noirs, un blanc et deux couleurs indéfinissables très foncées semble franchement triste !

 

A part l'accoudoir central non réglable, la position de conduite est toutefois très bonne, avec des sièges confortables, qui maintiennent parfaitement le dos. On fait corps avec sa voiture. Le méplat du volant permet d'entrer et de sortir sans problème. L'habitabilité est limitée. En revanche, le coffre, carré, est logeable.

 

Agrément mécanique

 

Autant la version Hybrid 4 nous avait déçus à cause de cette foutue boîte pilotée exécrable, autant, ici, nous sommes très satisfaits. Cette nouvelle mouture du 2,0 HDi porté à 180 chevaux et répondant aux futures normes Euro 6 de dépollution - avec une complexité qui risque de poser des problèmes d'entretien voire de fiabilité, mais pas plus ici que dans la concurrence - est agréable, souple, pleine de ressources. La nouvelle boîte automatique (d'origine japonaise Aisin) en série plaît aussi. C'est l'une des meilleures disponibles sur le marché. Elle se marie bien au moteur. PSA a la bonne idée de conserver une position « Sport » permettant une réactivité de très bon aloi. Un coup de frein à l'entrée d'un virage, et hop, la voiture tombe un ou deux rapports.

 

On déplore tout de même un manque de répondant à bas régime, qui génère des réactions brusques en cas de forte pression à l'accélérateur lors des reprises. Ceci dit, voilà une routière, certes pas sportive mais distillant un bel agrément. Même si les performances n'ont rien d'exceptionnel dans l'absolu. L'ensemble génère en outre des consommations bien plus mesurées que naguère: entre 7 et 7,5 litres aux cents en moyenne. Une jolie prouesse pour un tel modèle. Bref, même si on ne retrouve pas forcément les 180 chevaux dans la vie de tous les jours, la nouvelle mécanique apparait fort séduisante.

 

Comportement hyper-sécurisant

 

C'est une Citroën. Partageant le châssis des modèles inférieurs C4, DS4, Peugeot 308 (l'ancienne, hélas) ou 3008, la DS5 est privée de suspension hydraulique. Un comble pour une… DS. Dommage. Mais cette DS est toutefois une excellente auto tous temps. Nous n'avons jamais ressenti la moindre inquiétude, même sur les pires revêtements.

 

Lors de notre essai, mené en partie sous une pluie battante, la voiture distillait une sérénité exceptionnelle. Rien à voir avec les propulsions d'outre-Rhin (BMW, Mercedes) ou du Japon (Lexus, Infiniti), infiniment plus inquiétantes sous la pluie. Le comportement routier est un rien lourdaud, avec une direction pesante, mais très rassurant. L'agilité n'est pas forcément son point fort. Mais on se sent bien au volant. Le freinage affiche également une sacrée efficacité. Le bilan dynamique, aidé par des formidables pneus Michelin, se révèle donc de très, très haut niveau, ce qui n'étonne pas de la part d'une Citroën, une marque mondialement réputée à cet égard. On ne s'amusera pas spécialement, mais cette routière incite aux longs voyages en toute sécurité et sans fatigue.


 

Pour une Citroën, ça reste un poil sec. Les grandes jantes de 18 pouces avec des pneus taille basse n'aident pas à la souplesse. Mais les suspensions, trop fermes au lancement du véhicule, ont été enfin assouplies par le constructeur. Et, aujourd'hui, il n'y a globalement rien à redire. Cette DS5 nous semble à la longue extrêmement confortable. La firme a aussi mieux insonorisé les suspensions arrière, naguère bruyantes. Enorme progrès sur ce point. L'isolation phonique - souvent talon d'Achille des voitures tricolores -, serait parfaite… si, malheureusement, le siège passager n'avait autant vibré et grincé sur les déformations de la chaussée !

 

Bien équipée et pas donnée

 

Une DS5 démarre à 30.150 euros. Notre version diesel de 180 chevaux est disponible en version « Be Chic » à 37.910 euros. Avec un tissu noirâtre pas… chic du tout. La version « So Chic »… est à 39.640 avec des sièges noirs tissu-cuir pas terribles non plus. Mais par le jeu des options on peut avoir des sièges en cuir indispensables à de niveau de gamme. Pour une présentation plus en phase avec les prétentions du modèle, il faut carrément la « Sport Chic » à 41.650 euros, avec le cuir noir ou gris de série. Mais le cuir tressé et… coloré reste en option. Cher, même si la DS5 est mieux équipée que ses rivales allemandes ou suédoises.

 

La DS5 fait partie de cette catégorie de voitures « métisses », qui mélangent les genres et du coup n'ont pas de vocation précise. Mais, le résultat, étrange, peut séduire. En tous cas, la DS5 se montre sérieusement finie, hyper-rassurante, confortable, douce à utiliser, suffisamment performante et sobre…. Avec le plein de personnalité. Si on aime les lignes, pourquoi pas ? Les DS sont en Europe une offre distincte au sein de la gamme Citroën. Mais, en Chine, DS est déjà un label à part. Et Carlos Tavares, nouveau patron du groupe PSA, veut s'inspirer de l'exemple d'Audi. Il souhaite que DS prenne vite son entière indépendance partout dans le monde. Les Citroën DS ne s'appelleront plus à terme que... DS tout court.

 

Modèle d'essai : Citroën DS5 Blue HDi 180 Sport Chic : 41.650 euros

 

Puissance du moteur : 180 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,53 mètres (long) x 1,88 (large) x 1,51 (haut)

 

Qualités : Silhouette originale, présentation très personnelle, excellents sièges, comportement routier ultra-sécurisant, freinage efficace, ensemble moteur-boîte auto agréable et sobre, bon confort

 

Défauts : Visibilité et habitabilité limitées, finition pas assez cossue, ligne clinquante, ergonomie discutable, direction un peu lourde, manque de répondant à bas régime

 

Concurrentes : BMW X1 S Drive 2.0d bva Luxe : 39.624,50 euros : Citroën C5 HDi 200 ch Exclusive : 39.880 euros ; Volvo V60 D4 Geartronic Momentum (cuir) : 40.060 euros

 

Note : 15,5 sur 20