Citroën C4 Cactus : une française simple (un peu trop), innovante et sympa

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1247  mots
On l’attendait, cette C4 Cactus. Sous sa bouille rondouillarde sympathique, elle offre originalité, espace, fonctionnalité, économie et prestations suffisantes. Une voiture réellement innovante. Mais, la simplicité se retrouve aussi, hélas, dans la qualité des plastiques et… un agrément de conduite qui n’a rien d’exceptionnel.

Depuis le concept très dépouillé de 2007, la voiture « simple et essentielle » de Citroën a beaucoup évolué. Sous sa bouille rondouillarde et joviale, très bande dessinée, la C4 Cactus de série est un petit break surélevé jouant les fausses baroudeuses avec ses multiples protections en plastique, dont les fameux « airbumps » latéraux, qui absorbent les petits chocs dans les parkings. C'est original, rafraîchissant… et coloré. Ca nous rappelle les Renault 5 GTL avec leurs moulures latérales des années 70, tout en évoquant les Citroën Méhari de 1968. Cette silhouette ne ressemble à aucune autre dans la production mondiale. Bravo. Une vraie Citroën innovante, comme on les aime. Totalement dépourvue d'agressivité.

 

 

Intérieur très insolite

 

A l'intérieur, c'est tout aussi insolite, avec une planche de bord basse dégageant bien la vue, une instrumentation 100% digitale réduite à sa plus simple expression et un grand écran central tactile pratique, même si le GPS est un peu trop minimaliste. Evidemment, la voiture est connectée avec des applications en tous genres comme l'accès aux prévisions  météo, l'affichage des stations service et de leurs tarifs, un lien pour réserver un restaurant, l'accès aux mails, à "Facebook".

 

Les deux fauteuils avant, très larges, donnent l'impression d'être chez soi. Douillet, convivial, amusant et très contemporain. Avec des clins d'œil comme des poignées un peu rétro. Même chose pour l'ouverture de la boîte à gants. On peut aussi avoir des teintes chaudes pour échapper au gris-noir ambiant sur les voitures actuelles. Mais, ça se paye en plus… Dix teintes extérieures sont disponibles avec trois ambiances intérieures, dont un brun et un violet. Si les sièges sont accueillants a priori, ils restent toutefois trop mous et on s'y enfonce. Fatiguant à la longue. Comme le volant n'est pas réglable en profondeur, la position de conduite, certes correcte, n'est pas idéale non plus.

 

Et l'habitabilité? Elle est très appréciable à l'avant, moins à l'arrière, mais c'est au profit du coffre. Pas de problème pour les petites familles. En revanche, le seuil pour accéder au coffre est  trop haut. La banquette arrière, dont le dossier se rabat d'un seul tenant et ne dégage pas un plancher plat, manque aussi de praticité. Question modularité, c'est basique. Il faut bien faire des économies quelque part. Ah oui, si l'accessibilité avec de larges portières est bien vue, les vitres arrière sont seulement entrebâillantes !

 

 Malheureusement, si tout ça semble pétri de bonnes intentions et de jolies trouvailes, la réalisation est hélas très économique. Ca fait « plastoc »,  léger. Comment cela vieillira-t-il ? Si on est loin de l'austérité d'une Skoda, par exemple, on est aussi éloigné de l'impression de solidité que dégagent les voitures de la marque tchèque… Ca nous rappellerait presque certaines Citroën d'antan, dont la finition n'était pas le point fort !

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Trois cylindres bruyant et rugueux

 

Citroën nous avait mis au volant d'une version de pointe équipée d'un tout nouveau trois cylindres turbo essence de 110 chevaux. Cette mécanique, qui sera déclinée dans d'autres véhicules Citroën et Peugeot, est relativement à l'aise sur cette voiture assez légère (une tonne). Avec de jolies accélérations et une réelle impression de vivacité à la clé.

 

Mais, comme tous les trois cylindres, ce moteur est bruyant, distillant une tonalité de machine à laver en position essorage pas vraiment envoûtante. Il se révèle aussi assez rugueux. Et jouer du levier de vitesses, à la manipulation d'ailleurs satisfaisante, est nécessaire pour le relancer. Durant un essai purement routier à allure modérée sur les routes très planes et encombrées autour d'Amsterdam, où Citroën avait organisé les essais presse, nous n'avons consommé que 5,9 litres aux cents. Intéressant. Mais cette sobriété reste à confirmer en ville.

 

La plate-forme est celle des petits modèles du groupe PSA, la base « 1 ». Et on a  ici celle, simplifiée, des Peugeot 301 et C Elysée destinées aux pays émergents. Résultat : la voiture, plutôt rassurante,  tient bien la route et reste suffisamment confortable. Rien à redire compte-tenu de l'absence de vocation dynamique d'un tel véhicule. Mais, on ne peut pas dire que la précision et l'agilité soient exemplaires. La direction, dotée d'un balourd, rappelle les voitures d'il y a quelques années, avec un certain flou.  Simplicité rime forcément avec des prestations un peu dégradées par rapport à ce qui se fait de mieux aujourd'hui dans le groupe PSA comme ailleurs. Néanmoins, les clients ne seront sûrement pas des sportifs. Cela ne devrait donc pas les gêner outre mesure.

 

 Tarifs pas si bas

 

La C4 Cactus démarre à 13.950 euros avec un moteur de 75 chevaux seulement. Avec la mécanique un peu plus puissante de 82 chevaux, vibrante et manquant de fluidité, c'est 15.200. Pour accéder à un peu plus d'équipements comme la climatisation et l'accoudoir central avant, des barres de toit, des antibrouillards, il y a la version Feel à 16.950 euros (toujours avec le 82 chevaux). Une boîte pilotée, qui supprime le levier de vitesses manuel remplacé par un bouton permettant d'avoir une quasi-banquette à l'avant très spacieuse, demande 900 euros. On ne vous la recommande pas tant cette transmission pseudo-automatique est lente et agaçante.

 

Notre version d'essai en 110 chevaux ne sera disponible qu'en septembre. Elle est proposée à 18.900 euros (version Feel). Avec la finition de pointe Shine, comprenant caméra de recul et navigation, le tarif grimpe à 20.650 euros. Le toit panoramique est à 600 euros. On vous recommande le revêtement chaleureux et agréable en tissu-velours marron à 300 euros, qui lui va très bien. Il équipait notre  modèle de test. L'offre diesel, elle, démarre à 18.900 euros (100 chevaux). Si le premier prix est bas, les tarifs ne sont in fine pas comparativement si démocratiques que ça. C'est grosso modo le prix d'une d'une Peugeot 2008 équivalente.

 

Cette voiture amusante et ludique, plutôt habitable, ne s'adresse pas aux passionnés d'automobiles traditionnelles. Elle apporte quelque chose de neuf dans l'univers auto. Et c'est son mérite. Ce véhicule innovant, fait pour rouler tous les jours... à allure modérée, de préférence en plaine, ne pêche en fait vraiment que par ses matériaux extérieurs et intérieurs minces, creux, qui respirent l'économie. Dommage. Et puis il faudra aussi s'habituer, en essence, au trois cylindres. Pour ceux qui veulent un quatre cylindres, au fonctionnement plus lisse, reste la solution du diesel.

 

Citroën veut absolument nous faire croire que cette C4 Cactus est une compacte. Il n'en est rien. Très courte avec ses 4,16 mètres de long à peine, la C4 Cactus rivalisera en fait avec les... Peugeot 2008 et Renault Captur. Cette française produite en Espagne - à Villaverde, près de Madrid - concurrencera aussi le minispace vieillissant C3 Picasso, à la modularité cependant plus aboutie.

 

Modèle de l'essai : Citroën C4 Cactus Pure Tech 110 Shine : 20.650 euros

 

Puissance du moteur : 110 chevaux (essence)

 

Qualités : bouille originale, intérieur innovant, sensation d'espace, visibilité et accessibilité, économie, prestations routières correctes

 

Défauts : matériaux légers, finition très moyenne, direction peu agréable, moteur bruyant et rugueux

 

Concurrentes: Renault Captur TCe Intens: 20.000 euros; Peugeot 2008 1,6 VTi 120 Allure: 20.250 euros; Citroën C3 Picasso VTi 120 Exclusive: 22.280 euros

 

 Note: 14 sur 20