Les régions passent à l’action

Depuis la création du ministère des Droits des femmes, en 2012, les initiatives se multiplient pour faire avancer l’égalité professionnelle en France. Neuf régions se sont distinguées dans ce domaine.
Najat Vallaud-Belkacem, entourée de Nadia Pellefigue, vice-pdte de Midi-Pyrénées, Gaëlle Abily, vice-prte de Bretagne, Naïma Charaï, vice-pdte deAquitaine, Nathalie Lanzy, vice-dte de Poitou-Charentes, Alain Rousset, pdt Aquitaine et de l’Association des Régions de France, François Bonneau, pdy de Centre et Pierre de Saintignon, vice-pdt de Nord-Pas-de-Calais

Samedi 8 mars 2014. Les femmes sont à l'honneur. Le président de la République en personne veut occuper largement le champ médiatique. Après l'adoption en première lecture du projet de loi sur l'égalité « réelle » entre les femmes et les hommes, la ministre Najat Vallaud-Belkacem, également porte-parole du gouvernement, a démontré son habileté à garder le sourire en période agitée. À droite aussi, la question fait l'unanimité.

Aujourd'hui, les femmes sont majoritaires dans notre pays : elles représentent 51,7 % de la population totale et 48 % de la population active ; plus d'un consommateur sur deux et plus d'un électeur sur deux (53 %). Les politiques, comme les responsables économiques, en sont parfaitement conscients. Il est grand temps de leur accorder toute l'attention qui devrait naturellement leur revenir. Et ce, sur tout le territoire.

Au plan national, 66,2 % des femmes entre 15 et 64 ans sont actives. Elles constituent 76,8 % des employés, 50,6 % des professions intermédiaires, 39,5 % des cadres et professions intellectuelles supérieures, 17,6 % des ouvriers.

Mais qu'en est-il en régions?? Existe-t-il des différences?? En effet, des singularités régionales persistent. En Île-de-France et en Rhône-Alpes, les femmes comme les hommes bénéficient de forts taux d'emploi. Inversement, dans les territoires d'outre-mer, le Nord-Pas-de-Calais et le Languedoc-Roussillon, les femmes peinent plus que les hommes à trouver un poste. Elles y sont les moins représentées. Selon les résultats d'une étude de la Dares, en Corse, leur participation au marché du travail est de 15 % en deçà de celui des hommes, alors qu'en Limousin elles y sont comptabilisées quasiment à parts égales, avec 5,5 % d'écart.

En matière de salaires, aucune région de France n'offre des niveaux de salaire égaux à ceux des hommes. Comparées à l'écart moyen établi en 2010 à 19,7 % au plan national, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion affichent « seulement » 12 % de différence sur les fiches de paie en fin de mois. En Alsace, Rhône-Alpes, Île-de-France, Franche-Comté et Lorraine, l'écart est supérieur à 21 %.

Les régions où les salaires sont les plus élevés sont généralement identiques pour les femmes et les hommes. En Île-de-France, le salaire mensuel net moyen en équivalent temps plein reste nettement supérieur (2 600 euros) aux autres régions (entre 1 800 et 2 200 euros). C'est aussi en région parisienne que l'on va retrouver le plus de femmes à des postes à responsabilités et que l'on enregistre une meilleure répartition des métiers.

 

une disparité entre hommes et femmes selon les régions

En revanche, certaines régions, comme la Lorraine, très marquée industriellement jusqu'à ces dernières années, par le secteur minier notamment, séparent encore pour une large part les femmes et les hommes dans des métiers différents. Cette division se traduit tant en terme de salaires que de capacité d'emplois.

C'est aussi dans ces régions que les femmes sont les plus engagées pour faire valoir leurs droits à l'égalité professionnelle. En PACA, Franche-Comté et Lorraine, on a assisté à une multiplication ces dernières années des initiatives et des négociations au sein des entreprises. Le rattrapage devrait se traduire prochainement dans les statistiques.

À fin 2013, au-delà des 400 entreprises qui ont été mises en demeure, 2 700 entreprises ont envoyé leurs plans pour résorber les inégalités et établir l'égalité des rémunérations. L'engagement est massif, et vient de tous les territoires. Chaque entreprise doit déposer son dossier auprès des services de la Direccte. Si elles ne le font pas, elles sont mises en demeure et ont 6 mois pour se conformer avec la loi. Passé ce délai, le directeur régional évalue la situation en fonction du contexte et des efforts déployés par l'entreprise. La sanction peut atteindre 1 % de la masse salariale par mois de carence. Jusqu'à présent, quatre entreprises ont été mises à l'amende.

La nouvelle disposition prévue dans le projet de loi adopté en première lecture pour une réelle égalité entre les femmes et les hommes, qui oblige toute entreprise désireuse de soumissionner un marché public de montrer patte blanche en matière d'égalité professionnelle va plus encore contraindre les entrepreneurs à accélérer le mouvement.

Depuis 2012, la ministre des Droits des femmes, dans une logique politique du « pas à pas », a décidé, avec un budget limité, de s'appuyer sur les territoires pour mener une politique adaptée au terrain et, simultanément, inviter les régions à s'emparer du sujet. Neuf territoires d'excellence pour l'égalité professionnelle déploient les initiatives pour accélérer la mutation de la société. Échanges de bonnes pratiques, séminaires de sensibilisation, tables rondes sur l'équilibre entre la parentalité et la vie professionnelle… En Aquitaine, Bretagne, Centre, Île-de France, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Poitou-Charentes, La Réunion et Rhône-Alpes, les institutions publiques et les sociétés privées mènent et quantifient leurs actions concrètes. Pour un meilleur accompagnement des PME et des TPE et, notamment, la réduction de l'éloignement du marché du travail des bénéficiaires du congé parental sans solution d'emploi à la sortie.

Dans la région Centre, par exemple, l'opération « 1 000 pères O'Centre » présente une plateforme sur le web. Elle invite les hommes à s'impliquer en faveur de l'égalité professionnelle en leur expliquant pourquoi et comment celle-ci est bénéfique non pas pour l'un des deux sexes, mais bel et bien pour l'équilibre de tous.

 

des actions locales contre les stéréotypes

Le 13 février, dans le département des Yvelines, la rencontre « Agir pour une meilleure articulation des temps de vie » a fait débattre des salariés, des syndicalistes et des chefs d'entreprise, avec le soutien du cabinet Emergence.

La Haute-Normandie, par l'intermédiaire de son préfet et de 27 signataires, a de son côté adopté le Protocole départemental de prévention et de lutte contre les violences. En 57 actions, le but est de mieux repérer les femmes possiblement concernées, d'améliorer la prise en charge, via des centres d'hébergement, un accompagnement d'aides sociales et un traitement judiciaire.

Le département de la Haute-Saône a pour sa part souhaité en ce début d'année informer les lycéennes sur les possibles carrières qui leur sont offertes dans le monde de la science grâce à un plan d'action, baptisé « Physique de femmes », mis au point avec le CNRS.

En Limousin, le concours « L'envol au féminin » vise à identifier et promouvoir l'entrepreneuriat au féminin.

Le ministère de Najat Vallaud-Belkacem a fait de l'ouverture aux femmes de toutes les branches professionnelles sa priorité 2014.

Pour pallier la faible mixité des métiers (aujourd'hui seulement 12 % des professions sont réellement mixtes en France), des actions vont essaimer dans toute la France. Un des objectifs est de convaincre les jeunes, en particulier, de se libérer des stéréotypes qui cantonnent une fille à épouser un métier consacré à la petite enfance alors qu'un jeune homme aurait toutes compétences à devenir chirurgien… La lutte contre les archaïsmes n'est pas terminée. Mais le message, à force d'être martelé, finira par être entendu. 

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Commentaires 5
à écrit le 09/03/2014 à 8:40
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La discrimination positive est une erreur politique et stratégique majeure dans tous les cas rencontrés... Quant à l'égalité de genre, le législateur a prévu qu'à travail égal salaire égal, il ne devrait donc pas y avoir ce fameux "plafond de verre"....

le 10/03/2014 à 9:32
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« À travail égal, salaire égal » : voici un beau principe entériné par la loi française...en 72 !!! Alors comment expliquer qu'à poste équivalent, une femme gagne aujourd'hui 15 % de moins qu'un homme ? Pourquoi, malgré les lois sur la parité, malgr...

à écrit le 07/03/2014 à 13:28
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promotion des femmes ok, mais discrimination positive comme actuellement: non. La parité inscrite dans la loi est antirépublicaine. Une telle loi devrait être d'exception et transitoire, juste pour "bouger" un peu plus vite. Par exemple 40- 50 ou pou...

le 07/03/2014 à 17:08
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"gc", vous êtes un homme, n'est-ce pas ? Par ailleurs, il n'y a pas de discrimination positive en faveur des femmes, cela se saurait ! C'est plutôt le contraire qui se passe en réalité... et justement, c'est bien cela le problème.

le 13/03/2014 à 13:51
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Dans de nombreuses situations, l’égalité juridique est insuffisante pour conduire à une égalité réelle, tant les handicaps de certaines populations sont importants. Ce constat a été fait notamment à partir des années 60 aux Etats-Unis à propos de la ...

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