Avtovaz pour une poignée de kopecks

A l'insu de son plein gré, Renault va investir 240 millions d'euros pour moderniser le russe Avtovaz.

"Je leur ai fait une offre qu'ils n'ont pas pu refuser". C'est en ces termes que Vladimir Poutine pourrait résumer les négociations qui ont abouti à ce que Renault consente finalement à venir en aide à son allié russe Avtovaz. En l'occurrence, il s'agit bien d'un consentement si l'on se souvient que, début octobre, le constructeur français traînait des pneus pour sortir un kopeck de sa boîte à gants. Et la magie de la diplomatie russe opérant, la firme française vient d'en lâcher pour 240 millions ... d'euros. Soit 10,5 milliards de roubles, c'est-à-dire un peu moins de la moitié de la capitalisation boursière actuelle de la carcasse russe.

Quelque part, l'honneur est quand même sauf pour Renault. Officiellement son aide financière va permettre de moderniser les usines vétustes qui ont vu naître des légions entières de Lada. Mais le résultat reste le même. Le tandem franco-japonais, qui pourtant fanfaronnait fin 2007 après avoir pris 25% du géant de la Volga, doit aujourd'hui se mordre les jantes d'avoir mis le doigt dans l'engrenage russe. D'autant plus que, vantant les perspectives de ce marché promis à une spectaculaire croissance, le duo avait semble-t-il payé sa participation au prix fort - le chiffre de 1,5 milliard de dollars avait à l'époque été évoqué par la presse. Mais une fois la tempête financière passée, le marché russe a montré un profil beaucoup moins attrayant. Trop tard. Les dirigeants de Renault se sont aperçus qu'ils étaient montés dans une voiture qui n'avait pas de marche arrière.

Ils auraient été bien inspirés de se rappeler l'amer souvenir du pétrolier BP qui avait été, quelques années auparavant, un des pionniers à "apprécier" le dessous des cartes russes. S'étant fait depuis longtemps une raison, le marché ne semble pas s'en offusquer, l'action Renault progressant cet après-midi de 1,81%.

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