Airbus contre Boeing : tout ça pour ça

L'OMC vient de rendre son avis préliminaire sur la plainte déposée par Bruxelles relative aux subventions touchées par Boeing. Après avoir crié victoire en juin l'avionneur américain se voit également condamné pour des aides. Un partout, la balle au centre.

L?histoire dure depuis si longtemps que l?on a bien du mal à y porter encore un intérêt. Mais sur le principe, autant suivre le dénouement jusqu?au bout. Le nouveau chapitre écrit aujourd?hui par l?OMC dans le dossier opposant l?Union Européenne aux Etats-Unis concernant les subventions versées à leur champion aéronautique respectif était un peu cousu de fils blancs. Au même titre qu?Airbus, Boeing aurait bien bénéficié d?aides. S?il est encore trop tôt pour savoir si elles sont bien illégales et si les deux parties vont faire appel de ce jugement, il convient en tout cas de dire que l?issue de ces gamineries est déjà connue par avance. L?effort de guerre économique incite depuis des années les grandes puissances à subventionner les projets de développement aéronautique de leur groupe. Et ce, via des avances remboursables qui, à la décharge d?Airbus, ont été jusqu?ici en partie remboursées, soit via des aides indirectes passant par des exonérations fiscales, soit d?importants soutiens en matière de R&D estimé à 16 milliards entre 1992 et 2005 pour Boeing. En clair, il n?y en a pas un pour rattraper l?autre.

Au-delà, l?OMC n?est pas un juge mais un médiateur dont les condamnations ne donnent, la plupart du temps, jamais lieu à l?application d?une sentence. Et s?il venait à l?esprit des parties en présence de prendre des mesures de rétorsion, il y a fort à parier que cela déboucherait sur une guerre « nucléaire » économique. Une guerre qui aurait en soi l?inconvénient d?affaiblir les deux grands rivaux de l?aéronautique au moment où ils devraient hypothétiquement commencer à se serrer les coudes alors que la Chine a l?ambition de créer sa propre industrie et son propre champion. Et quand on connaît le pragmatisme, la réactivité et les moyens financiers de l?Empire du Milieu, il y a fort à croire que leur détermination parviendra à faire voler leur propres avions aussi vite que Boeing et Airbus à définitivement se clouer au sol.

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