Municipales 2014 : Anne Hidalgo, l'héritière

Par Philippe Mabille  |   |  702  mots
Jusqu'aux élections municipales des 23 et 30 mars prochains, La Tribune analysera les enjeux du scrutin dans une vingtaine des principales villes françaises. Sixième volet : Paris, où Anne Hidalgo avec un statut « d'héritière » face à la nouveauté incarnée par sa rivale UMP, ne l'empêche pas de faire la course en tête d'après les derniers sondages.

Ana Maria Hidalgo, née à San Fernando en Andalousie, près de Cadix, le 19 juin 1959, découvre la France à 2 ans quand sa famille s'installe à Lyon. Son père est électricien, sa mère, couturière.

Naturalisée à 14 ans, Anne Hidalgo obtient un DEA de droit social et syndical à Paris X-Nanterre, devient inspectrice du travail (de 1982 à 1993) et adhère à la CFDT. Elle s'installe à Paris en 1984 et adhère au PS dix ans plus tard. Après une mission pour le Bureau international du Travail à Genève sur l'égalité professionnelle hommes-femmes, puis à la direction des ressources humaines de la Compagnie générale des Eaux, elle passe plusieurs années dans des cabinets ministériels, auprès de Martine Aubry (alors ministre de l'Emploi et de la Solidarité), puis de Nicole Péry (Droits des femmes) et de Marylise Lebranchu (Justice).

Conseillère de Paris dans le 15e arrondissement, son « fief » depuis 2001, elle émerge rapidement, comme première adjointe au maire, mais peine à se faire une place. Chargée de l'égalité hommes-femmes et de l'incontournable « bureau des temps », elle prend la responsabilité de l'urbanisme et de l'architecture en 2008 et joue un rôle moteur dans la promotion du « Grand Paris » et de la future métropole. Mariée et mère de trois enfants, elle est choisie et adoubée par Bertrand Delanoë pour lui succéder.

Un statut « d'héritière » face à la nouveauté incarnée par sa rivale UMP

Sa campagne met l'accent sur le logement et les transports pour 6 millions de Franciliens, ainsi que sur la nécessité d'investir, notamment dans les réseaux et le partage, pour améliorer la qualité de services dans une ville dense qui veut garder son rang comme ville-monde.

Sur Internet, sa campagne, intitulée « Paris qui ose », utilise largement les réseaux sociaux. Elle compte plus de 118888 abonnés à son compte Twitter officiel, un compte Facebook actif et une équipe en charge du « porte-à-porte électronique ». Son principal défi, outre la victoire dans un contexte national compliqué par l'impopularité de François Hollande et de sa politique, sera, au plan local, la gestion de la future majorité municipale et notamment de l'alliance avec Europe Écologie-les Verts, alors que la situation économique n'offre guère de marges de manoeuvre budgétaires.

Ses propositions pour Paris

LOGEMENT

  • Construction de 10.000 nouveaux logements par an avec l'objectif de 30% de logements sociaux en 2030.
  • Reconversion de 200.000 m2 de bureaux en logements.
  • Construction de tours mixtes de bureaux et d'habitations de 50 m de hauteur.

URBANISME

  • Transformer la bordure de Paris (Porte de Versailles-Porte de Clichy) en « grand arc de l'innovation » (universités, logements, incubateurs, pépinières).
  • Réaménagement des Portes de Pantin et de La Villette en lieux de vie et transformation de l'héliport en parc culturel et sportif.
  • Plan d'embellissement de toutes les grandes places (Nation, Bastille, Denfert, Panthéon et Montparnasse).
  • Revégétalisation de Paris (réimplantation de 500.000 arbres de plus d'ici 2020).
  • Création d'un quartier réservé aux piétons dans chaque arrondissement.

VILLE INTELLIGENTE

  • Engagement de Paris dans le programme européen Smart City.
  • Développement d'incubateurs dans les universités et faire de Paris une ville pionnière dans les MOOC (massive open online courses, cours en ligne), avec le WiFi public gratuit.
  • Nomination d'un responsable de la ville intelligente à Paris.
  • Mise en réseau de tous les réseaux de la ville (énergie, transports, éclairage, eau...) et création d'une autorité métropolitaine organisatrice des réseaux.
  • Création de « Scootlib' », service de location de scooters sur le modèle d'Autolib'.
  • Promotion de la voiture électrique avec la gratuité de la recharge.
  • Jumelages économiques sur le modèle de celui signé en 2013 avec San Francisco.

ÉCONOMIE

  • 5% du budget d'investissement de la ville sera décidé par les Parisiens (71 millions par an).
  • Création d'un « Pack jeune entrepreneur » pour assister 2500 jeunes avec la CCI Paris-Île-de-France.
  • Création d'un « small business act » pour les PME. La ville leur réserverait des accès privilégiés aux appels d'offres, découpés par arrondissement.
  • Création d'un portail unique d'information et d'échanges, un « guichet administratif unique » à destination des entreprises.
  • Création d'une politique de « marque » pour promouvoir Paris.