Une semaine marquée par la tempête boursière

La crise financière a de nouveau fait les gros titres cette semaine. Du plongeon historique du CAC 40 lundi à celui de la Bourse de Tokyo vendredi, une tempête s'est abattue sur les principales places mondiales. Une tempête que n'a pu endiguer l'adoption du plan Paulson, la baisse coordonnée des taux d'intérêts de sept banques centrales ou encore les nationalisations des banques.

LUNDI NOIR SUR LES PLACES EUROPEENNES, PLUS FORTE CHUTE DE L'HISTOIRE DU CAC 40

La Bourse de Paris a enregistré lundi l'une des plus fortes baisses de son histoire face à l'aggravation de la crise financière avec une dégringolade de 9,04%. Le CAC 40, lancé un an après le krach de 1987, a ainsi enregistré sa plus forte chute depuis sa création. Ce plongeon dépasse celui enregistrée après les attentats du 11 septembre 2001 (-7,39%). Et il faut remonter au 19 octobre 1987 pour trouver une baisse plus forte du marché parisien (-9,64%). Les grandes places boursières européennes ont également sombré: Londres a perdu 7,85% et Francfort 7,07%, tandis que l'indice paneuropéen Eurostoxx 50 accusé un repli de 7,34 %. L'adoption vendredi dernier du plan Paulson par la Chambre des représentants et sa promulgation immédiate n'ont pas eu l'effet escompté. Car le week-end a été marqué le gonflement du coût du plan de sauvetage de la banque immobilière allemande Hypo Real Estate, passé de 35 à 50 milliards d'euros, et par l'augmentation de capital de plus de 6 milliards d'euros annoncé par l'italienne UniCrédit. Dans le même temps, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Italie ne sont pas parvenues à se mettre d'accord sur un éventuel fonds commun de soutien pour les banques, plusieurs gouvernements préférant annoncer en ordre dispersé des garanties exceptionnelles pour les dépôts des particuliers. La déprime boursière s'est poursuivie presque toute la semaine avec de nouvelles chutes, notamment vendredi, le CAC 40 perdant 7,73%.

ACTION COORDONNEE DE SIX BANQUES CENTRALES, DONT LA FED ET LA BCE, POUR ABAISSER LEUR TAUX

La Banque centrale européenne (BCE), la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque d'Angleterre et leurs homologues suédoise, canadienne et suisse ont abaissé mercredi leurs taux directeurs d'un demi-point pour tenter de rassurer les marchés et de contenir la crise financière. Cette action concertée avait été anticipée par les marchés, notamment après les propos tenus la veille par Ben Bernanke. Le président de la Fed avait annoncé que la politique monétaire américaine devait être réexaminée en raison des risques pesant sur la croissance. Cette hypothèse avait également été renforcée par la baisse des taux décidée mardi par la Banque d'Australie. Dans la zone euro, le principal taux directeur est donc passé à 3,75%. Il est de 1,5% aux Etats-Unis. La Banque centrale chinoise a emboîté le pas alors que la Banque du Japon a indiqué soutenir les mesures prises, mais n'y a pas pris part en raison du niveau déjà très bas de son taux directeur, à 0,5%. Cette annonce n'a cependant pas rassuré les marchés: le CAC perdant 6,39%, le Footsie chutant de 5,18% et le Dow Jones reculant de 2%. Le lendemain, l'indice phare de Wall Street a perdu 7,33% pour retomber sous la barre des 9.000 points, un an après son record historique à plus de 14.000 points.

LA BOURSE DE TOKYO DEGRINGOLE APRES LA PREMIERE FAILLITE D'UNE BANQUE

L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a terminé la séance de vendredi sur un plongeon de 9,62%, sa pire chute en pourcentage le 20 octobre 1987 (-14,90%). Les marchés ont été effrayés par la première victime japonaise de la crise des subprime, Yamato Life Insurance. La compagnie d'assurances-vie nippone a en effet demandé à être placée en cessation de paiement. Les dettes de Yamato Life, un assureur de taille moyenne qui n'est pas coté, s'élèvent à 269,5 milliards de yens (2 milliards de dollars). Le ministre des Finances, Shoichi Nakagawa, a tenté de dédramatiser la situation, assurant que cette faillite était uniquement due à la structure de gestion de Yamato Life, et ne reflétait pas une faiblesse du secteur japonais des assurances dans son ensemble. Mais dans un pays encore meurtri par la "décennie perdue" des années 90, marquée par une profonde crise financière, cette première faillite en sept ans d'une société japonaise d'assurance-vie n'est pas passée inaperçue. 

LES BANQUES BRITANNIQUES PARTIELLEMENT NATIONALISEES

Le gouvernement britannique a annoncé mercredi un plan de soutien aux huit plus grandes banques du pays, passant par une prise de participation pouvant aller jusqu'à 50 milliards de livres (65 milliards d'euros), ce qui équivaut à une nationalisation partielle. Le gouvernement a aussi annoncé le déblocage d'une ligne de crédit de 200 milliards de livres. Le ministre des Finances Alistair Darling a aussitôt indiqué qu'il s'agissait d'un "important pas en avant mais pas du seul". Les huit banques concernées sont Abbey, qui appartient à l'espagnol Santander, Barclays, HBOS, qui est en train d'être rachetée par Lloyds TSB, HSBC, Lloyds TSB, Nationwide Building Society, la plus grosse banque non cotée du pays, Royal Bank of Scotland et Standard Chartered. Toutes ont confirmé leur participation au plan de recapitalisation. A l'exception de HSBC qui estime ne pas avoir besoin de la recapitalisation proposée par les autorités. La préparation de ce plan d'urgence avait été révélée dès le week-end précédent par la BBC, ce qui avait entraîné un effondrement des valeurs bancaires à la Bourse de Londres. Ce plan de sauvetage constitue une nouvelle illustration du virage stratégique spectaculaire opéré par Gordon Brown et Alistair Darling. Accusés d'avoir tergiversé au moment du sauvetage de Northern Rock, qu'ils s'étaient résolus à nationaliser en février après cinq mois d'une lente agonie, ils ont pris le taureau par les cornes depuis l'aggravation de la crise financière à la mi-septembre et le dépôt de bilan de Lehman Brothers.

CAISSE D'EPARGNE ET BANQUE POPULAIRE FUSIONNENT

Caisse d'Epargne et Banque Populaire ont officialisé ce mercredi leur projet de mariage qui donnera naissance à la deuxième banque française et au troisième établissement européen. Le nouvel ensemble affichera des fonds propres de plus de 40 milliards d'euros, 480 milliards d'épargne et de dépôts, un réseau de 8.200 agences en France et près de 100.000 collaborateurs. Il se hissera au second rang des banques françaises et au troisième rang européen. Les deux groupes, déjà alliés à travers leur filiale commune Natixis, vont fusionner leurs organes centraux mais les réseaux d'agences resteront en revanche séparés et les marques seront conservées. Cette fusion nécessitera une modification législative, le statut des Caisses d'Epargne étant défini par la loi, ainsi que l'agrément du Comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement (CECEI), qui devra s'assurer que le nouveau groupe n'occupe pas une position dominante. Ce rapprochement entre les deux banques était envisagé depuis la création de Natixis en 2006, issue de la réunion de leurs activités de banque de gros. L'aggravation de la crise financière et l'annonce dimanche de la reprise de la majeure partie de la banque du Benelux Fortis par BNP Paribas, qui permet à cette dernière de creuser l'écart avec ses concurrentes, ont donné l'impulsion décisive.

 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.