La prudence est de mise à Wall Street. Les investisseurs réagissent ce lundi à une série de mauvaises nouvelles, avec des statistiques décevantes et des incertitudes concernant le plan de sauvetage du système financier. Surtout les marchés s'inquiètent de la perspective d'un blocage au Sénat du plan de relance de l'économie de 819 milliards de dollars. En l'absence d'accord avec les sénateurs démocrates, les républicains menacent de faire obstruction. Mais le rebond de l'indice ISM permet de compenser.

Du coup, le Dow Jones perd ainsi 0,80% à 7.937 points et le S&P 500 recule de 0,05% à 825 points. Mais le Nasdaq gagne de son côté 1,22% à 1.494 points.

Sur le front des statistiques, l'indice ISM des directeurs d'achats du secteur manufacturier constitue la bonne surprise du jour et permet de limiter la tendance baissière. Il est s'élevé à 35,6 en janvier, contre un consensus de 32,6. En décembre, l'ISM manufacturier était ressorti à 32,9, mettant ainsi fin à sept mois consécutif de baisse. Le ralentissement de la contraction de l'activité industrielle a donc ralenti le mois dernier. Un indice de 50 marque la limite entre une croissance et une baisse de l'activité du secteur manufacturier.

Par ailleurs, la consommation des ménages a diminué de 1% en décembre par rapport au mois précédent, signant son sixième mois consécutif de baisse. Une première. Ce repli est en outre supérieur aux attentes des analystes, qui tablaient sur un recul de 0,6%. Et le chiffre du mois de novembre a été revu à la baisse, faisant ressortir une contraction de 0,8% de la consommation au lieu de -0,6% initialement annoncé. Pour l'ensemble de l'année 2008, les dépenses des ménages ont augmenté de 3,6%, soit leur progression la plus faible depuis 1961. Quant à leurs revenus, ils ont reculé de 0,2% en décembre.

Enfin, les dépenses de construction ont reculé de 1,4% en décembre, là où les économistes avaient anticipé un repli de 0,9%. Il s'agit du troisième mois consécutif de baisse pour cet indicateur, qui confirme la crise profonde que traverse le secteur du batiment aux Etats-Unis. Les chiffres de novembre et d'octobre ont en plus été révisé: la baisse du mois de novembre a été revue à 1,2% (contre une première estimation de 0,6%) et le chiffre d'octobre à -0,7% (au lieu de -0,4%).

Du côté des valeurs, les valeurs bancaires réagissent différemment aux incertitudes liées au plan de sauvetage du système financier. Ces dernières avaient notamment profité la semaine dernière d'une information de presse selon laquelle la Federal Deposit Insurance Income (FDIC) pourrait mettre en place une structure de défaisance, qui permettrait à l'Agence fédérale américaine de garantie des dépôts bancaires d'isoler les actifs toxiques des banques. Une telle structure avait été évoquée par la précédente administration lors des discussions sur le plan Paulson avant d'être abandonnée au profit d'une recapitalisation des banques.

Mais cette hypothèse ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique alors que son coût est évalué par certains entre 3.000 et 4.000 milliards de dollars. Du coup, les bancaires sont au centre des attentions ce lundi. Bank of America plonge de 8,81% à 6 dollars, JPMorgan recule de 1,25% à 25,19 dollars mais Citigroup prend 2,82% à 3,65 dollars et Wells Fargo gagne 1,75% à 19,23 dollars. Du côté des banques d'affaires, Goldman Sachs et Morgan Stanley progressent respectivement de 3,52% à 83,57 dollars et de 2,82% à 20,80 dollars. Selon le Wall Street Journal, Morgan Stanley pourrait de nouveau supprimer jusqu'à 1.800 postes.

Mattel plonge de 16,14% à 11,90 dollars. Le premier fabricant mondial de jouets, notamment de la célèbre poupée Barbie, a fait nettement moins bien qu'attendu au quatrième trimestre 2008. Son bénéfice net est ainsi ressorti à 176 millions de dollars, en baisse de 46% par rapport à la même période de l'année précédente. Par action, le groupe a dégagé 49 cents de profits, contre 72 cents anticipés par les analystes. Mattel va mettre en place de nouveaux programmes de réductions de coûts, après avoir déjà annoncé début novembre la suppression d'un millier de postes.

Macy?s chute de 4,02% à 8,59 dollars. La chaîne américaine de grands magasins a ainsi annoncé ce lundi un ensemble de mesure ayant pour objectif de réduire ses coûts fixes de 400 millions de dollars par an à partir de 2010. Parmi ces mesures, le groupe compte supprimer 7.000 postes, soit 4% de ses effectifs. Il entend également ramener son dividende trimestriel de 13,25 dollars à 5 cents. Le distributeur prévoit en outre une contraction de 6 à 8% de ses ventes à périmètre comparable.

Ford gagne 0,53% à 1,88 dollar. Le deuxième constructeur automobile américain a été dégradé ce lundi par Barclays, passé de "pondération en ligne" à "sous-pondérer ", avec un objectif de cours ramené de 4 à 1 dollar. Les analystes de la banque britannique s'inquiètent de l'état de santé financier du groupe et estiment que les dirigeants de Ford devront se résoudre à faire appel à l'aide du Trésor américain, comme l'ont déjà fait ses homologues General Motors et Chrysler.

Enfin, les valeurs pétrolières sont également dans le rouge alors que le baril de pétrole est repassé temporairement sous les 40 dollars à New York, perdant près de deux dollars ce lundi en raison notamment des mauvaises statistiques américaines et européennes. Du coup, Chevron recule de 0,33% à 70,29 dollars et ConocoPhillips abandonne 3,83% à 45,71 dollars. Exxon Mobil gagne de son côté 0,27% à 76,69 dollars.