Haro sur les valeurs bancaires

La semaine boursière a été plus que difficile pour le secteur financier, qui subit de plein fouet les nouvelles dispositions très strictes annoncées par Barack Obama pour les banques américaines. Le compartiment accuse de forts replis et entraîne la plupart des grands indices boursiers dans le rouge.

Après un net rebond en 2009, le début d'année 2010 se fait beaucoup plus difficile pour les valeurs bancaires. Les résultats mitigés des banques américaines, les taxes sur les bonus et surtout les nouvelles réglementations voulues par Barack Obama affectent durement le secteur.

Jeudi soir, le président américain a présenté un projet de loi sur la régulation financière visant, notamment, à encadrer les prises de risques des institutions financières. Il veut ainsi restreindre sévèrement la pratique des opérations pour compte propre, qui consiste pour les banques à jouer en Bourse leur propre argent par opposition aux placements pour le compte de la clientèle. Il souhaite également interdire aux banques de développer des activités de fonds spéculatifs ou des fonds de capital-investissement.

Cette offensive a surpris les banquiers par sa virulence et immédiatement fait chuter l'ensemble des valeurs bancaires aux Etats-Unis et en Europe, provoquant de forts replis sur les places financières. Ce vendredi, le recul se poursuit : Société Générale chute de 5,2% à 42,44 euros, Crédit Agricole de 2,51% à 11,85 euros, BNP Paribas de 1,89% à 52,56 euros et Dexia de 0,73% à 4,46 euros. Et la tendance est identique partout en Europe, l'indice DJ Stoxx européen des banques chutant de 1,6%.

Depuis le début d'année, les valeurs bancaires parisiennes affichent des replis de l'ordre de 6%, quand le CAC 40 recule de 2,9% au terme d'une semaine qui l'a vu effacer ses gains depuis le début de l'année. Société Générale chute carrément de 13,3% depuis le 4 janvier (première séance de 2010) alors que la banque a lancé la semaine dernière un avertissement sur ses résultats du quatrième trimestre liées à d'improtantes provisions sur ses actifs à risques. Le groupe prévenait d'ailleurs ce jeudi qu'il pourrait passer de nouvelles provisions cette année.

Incertitudes sur le secteur

Les analystes de CM-CIC estiment que le projet de loi de Barack Obama "va conduire à des difficultés à évaluer les banques et à un ralentissement de la reconfiguration du secteur". Il augmente "l'incertitude sur la valorisation des banques et les réformes règlementaires vont durablement affecter leur levier autorisé et le champ de leurs activités", renchérit de son côté Christian Parisot, analyste chez Aurel. "Le secteur pourrait subir une forte volatilité face à l'impossiblité pour les analystes de déterminer une valeur fondamentale des banques", selon lui.

Car le projet de Barack Obama vise ni plus ni moins à modifier complètement le modèle actuel des banques. L'interdiction des opérations sur fonds propres, très rentable, représente en effet une grande partie des profits réalisés par les grands établissements de Wall Street. La mesure, qui doit encore être approuvée par le Congrès américain, aurait donc un impact non négligeable.

Dans une note, les analystes de JP Morgan Chase estiment ainsi que le projet de loi pourrait amputer de 13 milliards de dollars les revenus de Goldman Sachs, Morgan Stanley, Credit Suisse, UBS et Deutsche Bank dès l'année prochaine. Goldman Sachs, qui a annoncé ce jeudi des profits de 12 milliards de dollars en 2009, pourrait être la plus touchée.

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