Une semaine de tous les dangers à la Bourse de Paris

Le CAC 40 affiche une nouvelle semaine de rechute, gagnée par les craintes sur un ralentissement de la croissance mondiale. Les investisseurs s'interrogent également sur la solidité du système financier.

Le vent tourne sur les marchés. Après l'Europe et la crise des dettes souveraines, ce sont désormais les Etats-Unis qui reviennent sur le devant de la scène. Les investisseurs ont eu les yeux rivés cette semaine sur les statistiques macroéconomiques américaines, redoutant d'y voir des signes de ralentissement de l'activité.

Or, les annonces n'ont guère été rassurantes de côté-là. Indice ISM manufacturier décevant, plongeon plus fort que prévu de l'immobilier après l'arrêt des mesures de soutien et situation de l'emploi dégradée, les mauvais indicateurs se sont enchaînés.

Vendredi, le rapport mensuel sur l'emploi n'a pas convaincu outre mesure les opérateurs sans réserver toutefois de mauvaises surprises. Confirmant les statistiques précédentes (chiffres ADP sur l'emploi salarié et inscriptions hebdomadaires au chômage), le rapport fait état d'un mauvais mois en juin, avec 125.000 destructions nettes de postes, contre 110.000 attendues. Toutefois, le taux de chômage a reculé de façon inattendue, à 9,5% contre 9,7% le mois précédent pour tomber à son plus bas depuis juillet 2009.

A peine soulagé par cette dernière publication très attendue, le CAC 40 a repris un peu de hauteur vendredi en clôturant sur un timide rebond de 0,25% à 3.348,37 points. Mais l'indice parisien affiche un net repli hebdomadaire de 4,9%, qui fait suite à une baisse de 4,5% déjà la semaine précédente.

Retombé près de ses plus bas annuels, l'indice phare de la Bourse de Paris a connu deux journées noires, mardi (-4%) et jeudi (-3%) alors que les craintes sur un ralentissement de la reprise s'accentuaient. Car si l'économie américaine inquiète, la Chine n'est pas non plus épargnée par le mouvement de méfiance des investisseurs. L'autre géant de la croissance mondiale délivre en effet des indicateurs marquant un fléchissement de l'activité. Au c?ur des inquiétudes, c'est donc bien un possible scénario en W pour la croissance mondiale - traduisant une reprise suivie d'une brutale rechute - que redoutent les opérateurs.

Les banques européennes sous pression

L'autre grand point de crispation reste le secteur bancaire. Après la violente crise financière de 2008, le système financier est-il vraiment sain ? La Banque des règlements internationaux (BRI), la banque des banques centrales, a jeté un froid en début de semaine en avertissant des risques de rechute du secteur bancaire. Pour l'institution, trop de faiblesses subsistent encore au sein des bilans des banques.

Le secteur a de fait été suivi de près par les opérateurs et ce d'autant plus qu'arrivait à terme le 1er juillet une importante échéance de remboursement pour un montant de 442 milliards d'euros auprès de la Banque centrale européenne. Si le choc des liquidités n'a finalement pas eu lieu, les banques restent sous pression avant la publication des stress test en Europe attendue à la fin du mois.

Craintes sur la croissance et les banques, la macroéconomie devrait être la bête noire des marchés pour encore un moment. Les analystes s'accordent à dire que l'été et même la fin d'année s'annonce compliquée pour les marchés actions. "Pour cet été, on s'attend à quelque chose d'encore très secoué, tiraillé entre des éléments positifs et négatifs", explique ainsi Claire Chaves d'Oliveira, responsable de la gestion actions chez Groupama Asset Management. Voir l'interview vidéo.

Match macro contre micro

Parmi les éléments de nature à rassurer, la microéconomie avec les résultats des entreprises du deuxième trimestre. La saison des publications qui commence dans une dizaine de jours devrait faire apparaître des performances encore solides.

Mais attention, car au match de la macro contre la microéconomie, c'est la première qui pourrait l'emporter. "Les analystes devraient être amenés à revoir leurs prévisions de bénéfices des entreprises à la baisse", estime ainsi Claire Chaves d'Oliveira.

A l'image d'un premier semestre tourmenté - le CAC 40 ayant perdu 12,5% sur la période-, la fin d'année devrait donc être encore marquée par une forte volatilité. Les équipes de Groupama AM table sur un indice parisien autour des 3.300 points à trois mois. "Ca finira par repartir un peu, mais sans aller très haut", explique Claire Chaves d'Oliveira. "On s'attend à 3.500 points sur le CAC à un an".

Palmarès hebdomadaire

Au bilan des valeurs sur la semaine, la finance est sans surprise dans le wagon de fin. Le compartiment concentre les plus fortes baisses hebdomadaires du CAC 40 avec un plongeon de 11% pour Dexia, de 8,6% pour Crédit Agricole et de 8% pour la Société Générale. Axa recule également de 5,6% tandis que BNP Paribas parvient à limiter la casse (-2,6%).

Les craintes sur un ralentissement de la croissance ont pesé sur les valeurs cycliques, les plus liées à la conjoncture. Lafarge décroche sur la semaine de 13%, ArcelorMittal de 8,5% et Schneider Electric de 6,5%. La seule valeur du CAC 40 à afficher un bilan hebdomadaire positif est de type défensive : Danone grignote 0,2%.

Le renforcement de l'euro sur fond d'affaiblissement du billet vert a été l'occasion de prises de bénéfices sur EADS (-9,7%) mais aussi sur le secteur du luxe (-7% pour PPR et -6,5% pour LVMH) alors que ces trois valeurs ont signé sur le premier semestre les meilleures performances du CAC 40.

L'indice parisien a d'ailleurs terminé la semaine à 41 composantes avec l'introduction en Bourse d'Edenred, la société de services aux entreprises issue de la scission des activités d'Accor. Et le nouveau venu, qui ressortira du CAC 40 dès lundi, a fait une entrée réussie sur le marché. Le titre s'est envolé de 29,82% à 14,80 euros, après avoir été introduit au cours de référence de 11,40 euros. En revanche, Accor a plongé de 4,64% à 23,53 euros pour signer le plus fort repli de ce "CAC 41".

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