Le marché financier égyptien espère un nouveau départ

L'inauguration de la nouvelle Bourse du Caire a lieu dans un climat politique très incertain à moins de deux mois de la présidentielle.
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"Un nouveau départ". Inscrite sur le portique qui mène au nouveau siège de la Bourse égyptienne, inauguré jeudi matin, la formule sonne d'un optimisme légèrement décalé vu les mauvaises performances de l'économie égyptienne. La révolution du 25 janvier 2011, puis une transition politique pas encore achevée et parsemée de cahots : le marché égyptien a payé au prix fort cette période d'incertitudes. Lorsqu'au début de la révolution, l'indice de référence chute de 16 points, décision est prise de fermer la bourse. Elle ne rouvrira que le 23 mars 2011, le marché affichant une perte supplémentaire de près de 9%.

Depuis le début de l'année, l'EGX30, qui regroupe les 30 premières valeurs égyptiennes, a repris des couleurs, mais il reste 30% en deçà du volume atteint à la fin 2010...et les incertitudes politiques de ces derniers quinze jours, à l'approche des présidentielles, l'affecte également. Le ministre des Finances, Momtaz El Said a pourtant tenu à souligner: "l'inauguration d'un nouveau siège est une preuve de la confiance dans l'économie égyptienne".
Situé jusqu'à présent dans l'historique immeuble art nouveau du centre ville qui abritait la Bourse du Caire depuis 1928, le siège du marché égyptien se trouve désormais dans la banlieue ouest de la capitale égyptienne, à l'intérieur du Smart village, un parc qui regroupe la plupart des grandes sociétés innovantes égyptiennes ou étrangères. La Bourse égyptienne occupe un bâtiment très spacieux, ciment peint en blanc et verre teinté bleu : la marque Smart village. Les échanges continueront à avoir lieu dans les anciens locaux, avant le déménagement complet prévu d'ici un an.

Incertitude au delà de la présidentielle

Pour Mohamed Abdel Salam, ancien président de la Bourse, "le marché compte 140 compagnies listées et plus de deux millions d'investisseurs, il était temps de s'adapter. Cela va refléter la qualité des affaires qu'il est possible de mener ici". Il reconnaît toutefois que cette inauguration n'aura qu'un impact indirect: "le marché est perturbé par la situation politique, les problèmes de sécurité, l'économie égyptienne sera affectée, cela pèsera sur les investisseurs, et sans doute bien au delà de l'élection présidentielle".

Celle-ci est prévue pour le 23 mai. La candidature surprise du Frère musulman, Khairat el Shater, alors que le parti islamiste majoritaire au Parlement avait déclaré renoncer à présenter un candidat, l'entrée dans la course d'Omar Suleiman, ex chef des renseignements du président Moubarak, et la suspension de l'Assemblée constituante ajoutent à la confusion. Pour Eissa Fathy, vice-président des Bourses commerciales, "le marché craint que la transition ne s'achève pas normalement, et il est très difficile de prévoir ce qui peut se passer et d'établir un calendrier de retour à la normale".

Moins inquiet côté réserves extérieures et tenue de la livre égyptienne, il souligne la nécessité de l'accord du prêt du FMI de 3,2 milliards de dollars dans un futur proche. En marge de l'inauguration, le ministre des Finances a déclaré compter sur un accord de l'organisation internationale d'ici le 15 mai. Une date qui laisserait penser qu'un terrain d'entente avec le parti Justice et Liberté des Frères musulmans, très critiques contre le gouvernement, particulièrement sur ce dossier, a été trouvé. Le FMI ayant fait savoir qu'aucun accord ne serait signé sans consensus des forces politiques.

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