Albertis se désorbite petit à petit d'Eutelsat Communications

Albertis se désengage tranquillement mais sûrement d'Eutelsat Communications. Le groupe d'infrastructure espagnol a annoncé la cession de 7% du capital de l'opérateur de satellites français au fonds d'investissement chinois China Investment Corporation (CIC) pour un montant de 385,2 millions d'euros.

Cette opération va permettre une plus-value de 237 millions d'euros sur la cession de ses actions à CIC Le groupe a récemment cédé plusieurs de ses actifs en portefeuille pour réduire sa dette et se recentrer sur la gestion d'infrastructures autoroutières. Mais Abertis reste le principal actionnaire d'Eutelstat avec une participation de 8,35%. En janvier dernier, le groupe espagnol avait déjà vendu 16% d'Eutelsat à des investisseurs qualifiés lors d'un placement privé.

En mai, dernier Eutelsat Communications avait lancé un avertissement sur ses ventes 2012. L'opérateur satellitaire avait prévenu le Marché que certains éléments de marché se révèlent plus difficiles avec, en particulier, un environnement plus concurrentiel dans les Balkans et en Afrique, un décalage partiel dans le déploiement des services professionnels en bande Ka et un ralentissement significatif de l'activité Multiusages suite à la dernière campagne de renouvellement des contrats.

Ces éléments avaient donc amené Eutelsat à ajuster légèrement son objectif de chiffre d'affaires annuel à environ 1,22 milliard d'euros pour un objectif initial supérieur à 1,235 milliard d'euros. L'objectif de rentabilité est cependant globalement inchangé puisque l'EBITDA devrait ressortir autour de 955 millions d'euros, dégageant une marge d'EBITDA élevée de 78%. La sanction ne s'était pas fait attendre, le titre Eutelsat avait décroché de plus de 10% sur la séance. C'est qu'Eutelsat a habitué les investisseurs à dépasser régulièrement ses objectifs. Alors, cette déconvenue avait donc poussé le Marché a réagir de façon épidermique. Les analystes aussi n'ont pas été tendres avec le dossier. Ils sont revues à la baisse leurs anticipations 2013 pour refléter la moindre contribution du contrat avec le département américain de la défense, qui expliquait déjà en partie les mauvaises performances de la fin de l'exercice du groupe. Il est vrai que le marché américain est très mature, une présence qui peut faire office de talon Achille pour Eutelsat.

Toutefois, Eutelsat mène une politique régulière et soutenue d'investissement. Et elle lui permet de ne pas connaître la crise contrairement à d'autres acteurs des télécoms. En marge de son point d'activité trimestriel, Eutelsat avait annoncé la poursuite de la construction de 6 satellites. Ils sont programmés pour des lancements entre le second semestre 2012 et fin 2014. Leur mission sera de remplacer des satellites existants et d'accroître les capacités du groupe sur ses marchés de plus forts potentiels. Il a clairement défini son champ d'intervention, principalement concentré sur l'Europe de l'Est, le Moyen Orient, et l'Afrique. L'Asie est récemment entrée dans son périmètre alors les services satellitaires sont encore y peu développés. Pour cela, l'opérateur français de satellites vient d'acquérir auprès de GE Capital le satellite GE-23, ainsi que les contrats commerciaux et droits orbitaux associés, pour un montant de 228 millions de dollars, soit 180 millions d'euros environ. Il s'agit de sa première acquisition depuis celle d'un satellite de France Télécom il y a dix ans. Eutelsat espère boucler cette opération de rachat au second semestre. Elle aura un effet positif sur la marge brute d'exploitation (Ebitda) dès la première année et n'augmentera « que légèrement » le ratio de dette nette sur Ebitda, selon la société.

Si cette opération s'inscrit dans la stratégie d'expansion de l'entreprise, il s'agit de sommes très importantes pour elle alors qu'elle a dégagé un bénéfice net de 338,5 millions d'euros à l'issue de son exercice 2010/2011 (clos fin juin). La structure financière est assez lourde, avec 2,2 milliards de dettes pour seulement 1,72 milliard d'euros de capitaux propres, soit un ratio élevé. Toutefois, la dette nette comparée à l'excédent brut d'exploitation, ne représente qu'un coefficient de 2,37 au 30 juin 2010 date du dernier exercice, contre 2,9 fin juin 2010.

Il est vrai qu'au premier abord, ces dépenses peuvent paraître lourdes. Mais elles permettent à la société de louer toujours plus de satellites à des chaines de diffusion. Eutelsat signe ainsi avec ses clients des contrats de long terme, ce qui lui confère une grande visibilité dans son activité. Au 31 mars 2012, les contrats du carnet de commandes ont une durée de vie moyenne résiduelle pondérée de 7 ans. Leur total équivaut à près de 4,6 fois le chiffre d'affaires de l'exercice 2010/2011. Aussi, le développement télévision haute définition et de l'internet à haut débit, sur un nombre de régions de plus en plus nombreuses sera profitable à l'opérateur satellitaire.

Sur les marchés, le titre avait joué à plein son statut de valeur refuge mais depuis le premier janvier, il accuse un repli supérieur à 20%. Le dossier se paie 15,4 fois ses bénéfices estimés pour l'année en cours et la forte progression de son cours durant les trois dernières années sont des arguments qui ne militent pas pour une appréciation d'Eutelsat en Bourse. Le dossier avait même touché un plus bas annuel sous les 21 euros. Depuis cet accident de parcours, le titre a repris 13%. Sur le moyen-long terme, la valeur ne devrait pas décevoir, le groupe est fort d'un modèle économique et des perspectives solides. Autre atout qui plaide en faveur du dossier, Eutelsat Communication a une position de leadership dans un secteur dynamique où les barrières à l'entrée sont importantes.

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