Dans la tourmente monétaire turque

Le taux de change de la lire turque a atteint un nouveau plus bas historique face au dollar dans la journée de vendredi dernier, à 2.2292. La crise a toutes les chances de se poursuivre tant que la banque centrale ne décidera pas d'augmenter ses taux. Ce qui pourrait être fait dès aujourd'hui puisque son Comité de politique monétaire doit se réunir. Il en va de la crédibilité de l'institution.

Dans le même temps, le gouvernement s'est efforcé d'envoyer des signaux positifs aux investisseurs afin de mettre un terme à la crise en cours et qui sévit depuis fin 2013. Une suspension de la loi controversée sur la justice pourrait être envisagée. Celle-ci prévoit en effet de remettre en cause l'indépendance formelle de ce contre-pouvoir en le plaçant sous le contrôle de l'exécutif. Une suspension est proposée sous certaines conditions non précisées encore. Il ne serait cependant pas surprenant que des réformes constitutionnelles aient lieu au cours de cette année allant dans le sens de l'apaisement général.

A court terme, seule la banque centrale est en mesure d'apaiser les tensions sur le marché des changes qui remettent en cause gravement l'objectif de croissance fixé à 4% pour 2014 par le gouvernement. Jusqu'à présent, l'institution a semblé privilégier ses interventions directes sur le marché, pour plusieurs centaines de millions de dollars par jour, avec un effet très limité sur le taux de change. Conséquence de cette politique: la baisse des réserves de change s'accélère avec la menace à long terme, si la situation perdure, d'une crise de liquidité. Pour atténuer ce dernier propos, il faut souligner que les réserves de change de la Turquie se sont considérablement étoffées depuis 10 ans, avec une hausse de près de 300% de 2002 à 2012, renforçant ainsi la capacité de résistance du pays aux chocs internes et externes.

Une hausse des taux semble néanmoins être la seule solution possible pour restaurer rapidement la confiance avec plusieurs leviers possibles: soit un passage du taux repo à une semaine de 4.5% à 5% soit une intervention sur le taux de financement à un jour qui se situe actuellement à 3.5%. Le taux de prêt à un jour devrait rester inchangé à 7.75%.

La banque centrale ne peut pas se permettre une inaction sur le taux, quitte à mettre en péril l'objectif de croissance du PIB, sans que ce ne soit interprété par les investisseurs comme un signe de pusillanimité.

A plus long terme, la Turquie demeure dépendante pour assurer son développement d'un important besoin de financement externe. Ce qui est relativement rare pour un pays qui est classé en investment grade par les agences de notation. Un défi auquel il faudra s'attaquer, à condition que le climat politique et social s'apaise durablement avec l'AKP au pouvoir.
 

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