Effet Macron : afflux record sur les actions européennes

Par Delphine Cuny  |   |  515  mots
Au plus bas au moment du vote sur le Brexit, les flux s'orientant vers les fonds investis en actions européennes ont connu un pic très visible cette semaine.
Les fonds en actions européennes ont enregistré un niveau jamais atteint de souscriptions nettes sur la semaine: plus de 6 milliards de dollars. Un regain d'optimisme s'expliquant par la victoire du candidat "centriste" à l'élection présidentielle française selon les stratégistes de Bank of America Merrill Lynch.

"Acheter la rumeur, vendre la  nouvelle" énonce le célèbre proverbe boursier. C'est ce qu'il semble s'être produit cette semaine à la Bourse de Paris : le CAC 40 a accueilli l'élection d'Emmanuel Macron, le candidat favori des marchés, par une baisse de 0,9% lundi 8 mai et a terminé la semaine sur un repli hebdomadaire de 0,5%. Toutefois, les investisseurs avaient largement anticipé cette victoire pendant l'entre-deux-tours, l'indice parisien s'étant apprécié de 7,5%.

Derrière ces variations d'indice, il y a cependant une autre réalité, celle des flux investis dans les fonds en actions européennes. Or selon une étude publiée vendredi par Bank of America Merrill Lynch Global Research, s'appuyant sur les données d'EPFR Global, les fonds en actions européennes ont connu un afflux record de souscriptions nettes au cours de la semaine (les données étant arrêtées au 10 mai), soit un total de 6,1 milliards de dollars, du jamais-vu depuis les premiers relevés datant de 2000. Selon une autre source, Lipper, qui suit uniquement les fonds implantés aux États-Unis, ce serait en fait le record juste derrière celui de 1992.

« Allez les flows »

Cela représente plus des deux tiers de l'ensemble des sommes investies dans les fonds actions dans le monde sur la semaine (8,8 milliards de dollars), les États-Unis n'ayant attiré que 2,4 milliards, les autres marchés le maigre solde. Un retour de balancier très visible sur le graphique après les incertitudes de début d'année et les effets du Brexit l'an dernier. Les stratégistes de Bank of America Merrill Lynch attribuent ce regain d'optimisme à la victoire du « centriste Macron » et estiment qu'il y a encore du potentiel. « Allez les flows » résume avec humour (en français dans le texte) le Financial Times.

« Les fonds indiciels (ETF) en actions européennes qui sont cotés aux États-Unis ont vu leur collecte récupérer 45% des sorties de l'année 2016. De la même manière, les flux cumulés vers les fonds en actions européennes s'élèvent désormais à 15 milliards de dollars, ce qui reste modeste à comparer aux sorties [qui avaient atteint] 103 milliards en 2016. Mais cette semaine a bien vu le plus important afflux jamais enregistré (6 milliards de dollars) » indique l'équipe de stratégistes menée par Ronan Carr.

« La cadence de ces flux n'a cependant pas encore atteint les niveaux d'alerte pour les investisseurs contrariants non plus : rapportés aux actifs sous gestion, ces flux n'en sont au mieux qu'à mi-parcours si l'on compare aux plus pics de marchés des précédentes années. »

La tendance devrait donc se poursuivre. Le sentiment des investisseurs est clairement "bullish" (haussier) sur l'Europe, soulignent les stratégistes. Après des mois de défiance et de craintes sur la zone euro.

"Les actions européennes sous-performent depuis dix ans" relève la responsable de la stratégie de DayByDay Valérie Gastaldy, citée par Bloomberg. "Les mois à venir seront déterminants : cela pourrait être le début d'une longue période de surperformance en Europe" espère-t-elle.