Chine, pétrole, monnaies : "On voit se mettre en place le scénario d'un cycle baissier qui pourrait durer"

Nicolas Chéron, stratégiste chez CMC Markets France, juge que tous les éléments semblent réunis pour que les places boursières entrent dans un cycle baissier. Il estime que les banques centrales européenne et japonaise pourraient intervenir afin d'empêcher une amplification de la crise, et n'exclue pas que la Réserve fédérale américaine fasse machine arrière.
Pour Nicolas Chéron, stratégiste chez CMC Markets, seules les banques centrales peuvent juguler ce qui pourrait devenir un long cycle baissier.

Le CAC 40 a ouvert en baisse ce matin dans le sillage des places américaines et chinoises. Depuis le 1er janvier, cette baisse atteint désormais 6%, comment analysez-vous la situation ?

Nous sommes effectivement dans un début d'année historique. Les marchés européens qui tenaient bon jusque-là sont rattrapés par la crise en Chine et la chute des matières premières. Cela ressemble de plus en plus à la mise en place d'un marché baissier, et ce, pour l'ensemble de l'année. L'été dernier, plusieurs indices européens dont le CAC 40 et le Dax avaient perdu entre 20 et 23% par rapport à leur plus haut, soit un élément qui déclenche potentiellement un cycle baissier. Il aura fallu l'intervention des autorités chinoises pour stabiliser les marchés, mais également l'interventionnisme des banques centrales pour éviter ce scénario. Le même que nous avons rencontré en 2001 et en 2008 et qui avait conduit à des baisses de 50 à 60% des indices. Ce qui a changé depuis, c'est l'activisme des banques centrales.

La solution passe donc désormais par les banques centrales ?

Depuis un an et demi, la BCE et la banque du Japon ont conduit des programmes d'assouplissement monétaire, tandis que les Etats-Unis ont resserré leur action. Nous avons constaté que les deux marchés qui ont réalisé des performances en 2015 sont l'Europe et le Japon. L'interventionnisme monétaire est devenu le nouvel instrument de régulation des marchés financiers. Il y a de très grandes chances pour que les banques centrales européenne et japonaise annoncent prochainement une augmentation de leur Quantitative Easing [assouplissement monétaire, Ndlr]. Mario Draghi avait indiqué qu'il attendrait le premier trimestre pour annoncer, ou non, une amplification de son programme annoncé en décembre.

La Réserve fédérale américaine pourrait-elle également être amenée à revoir sa décision d'un resserrement monétaire progressif ?

Il y a six mois (lire interview ici) nous indiquions que la Fed ne pouvait, ne devait pas augmenter ses taux d'intérêt et que si elle le faisait c'était uniquement pour ne pas perdre la face sur ce qu'elle avait annoncé. Face aux récents développements, il se pourrait qu'elle annonce une plus grande prise en compte du risque marché induit par la conjoncture chinoise, afin de neutraliser sa politique de resserrement monétaire. Si la baisse des marchés se poursuit, elle pourrait même être contrainte de faire marche arrière.

La situation est-elle si grave que cela ?

Les fondamentaux se dégradent peu à peu. Les pays émergents sont dans le marasme, l'Asie est entrée dans une phase de ralentissement, et l'Europe et les Etats-Unis ne parviennent pas à créer de la croissance malgré des plans de Quantitative Easing.

Y a-t-il néanmoins des éléments qui peuvent constituer les bases d'un rebond ?

Si les autorités chinoises arrivent à éteindre l'incendie comme elles l'ont fait l'été dernier, nous pouvons espérer une stabilisation. Les investisseurs profiteraient alors des taux à court terme pour faire des achats à bons comptes. Dans le meilleur des cas...

Vous mettiez en avant le problème des politiques monétaires, mais il y a également le problème du pétrole...

La chute des cours du pétrole était considérée comme positive parce qu'elle procurait du pouvoir d'achat et baissait les charges pour les entreprises. Mais avec une baisse de 75%, c'est tout l'industrie pétrolière mondiale qui est menacée. Cela risque de s'aggraver puisque le pétrole étant libellé en dollar, cette devise pourrait continuer à augmenter et accentuer la pression sur le pétrole. Aux Etats-Unis, c'est tout un pan de l'industrie qui est secoué avec des conséquences très graves sur les fonds d'investissements qui ont mis beaucoup d'argent sur le pétrole de schiste. Cela ressemble à la crise des subprimes.

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Commentaires 8
à écrit le 08/01/2016 à 8:35
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Dans le passé ,les banques centrales n'ont rien fait pour empecher les crash boursier .Excepté 2008 d'une toute autre nature, ceux de 2002 et de 1997 en sont l'exemple .Le capitalisme et la finance marchent par cycle et nous sommes simplement en fin ...

à écrit le 08/01/2016 à 7:20
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Je le dis . Il faut continuer à économiser et à moins consommer. Le système va finir par s'écrouler totalement.

à écrit le 08/01/2016 à 7:20
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Je le dis . Il faut continuer à économiser et à moins consommer. Le système va finir par s'écrouler totalement.

à écrit le 08/01/2016 à 7:20
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Je le dis . Il faut continuer à économiser et à moins consommer. Le système va finir par s'écrouler totalement.

à écrit le 07/01/2016 à 16:59
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Ces pseudos analystes avec leurs sourires niais et satisfaits qui débarquent après coup pour nous dire qu'ils avaient tout prévus alors que le CAC a pris 500 points sur 2015 et qu'on ne sait toujours pas sur quoi se basait cette hausse complètement f...

le 07/01/2016 à 18:56
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les analystes ne sont pas plus ridicules et absurdes que les politiciens (pas moins non plus, c'est vrai). Ils ont bien raison, puisqu'il y a toujours des gogos pour investir en bourse et pour voter.

le 14/01/2016 à 12:27
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Désolé de vous contredire ( pas sur le sourire ce qui est hors sujet ) mais sur l 'analyse que seul Mr Chéron a fournis lorsque le DAX était au plus haut historique ,faites vos devoirs et remontez dans le temps et vous trouverez Mr Chéron parlé de ...

à écrit le 07/01/2016 à 16:48
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"On" voit se mettre en place un cycle baissier qui pourrait durer! "On " voit... "On" voit surtout que c'est le "bordel" et que ça ne fait qu'empirer et "On"... se dit que ça va mal finir et "On" en général se dit que le casse-pipe ça va être pour sa...

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