Variant Delta, inondations, inflation : le CAC 40 et les bourses mondiales dans le rouge

Par latribune.fr  |   |  975  mots
Les 40 cotations de l'indice vedette français sont dans le rouge. Ailleurs dans le monde, les bourses ont chuté en moyenne de 1,5%. (Crédits : Ralph Orlowski)
A Paris comme ailleurs dans le monde, les places financières sont en berne. La progression du variant Delta fait craindre un nouveau tour de vis sanitaire, risquant de freiner la reprise. Le CAC 40 a terminé à -2,54%, après avoir perdu jusqu'à 3% ce lundi. L'indice est tiré vers le bas par les valeurs en baisse des constructeurs automobiles, des équipementiers aéronautiques et des assureurs/banques, alors que les inondations en Allemagne et en Belgique devraient faire des milliards d'euros de dégâts.

Début de semaine agité pour la Bourse de Paris. Le CAC 40 était en chute de plus de 3% à 17H ce lundi 19 juillet, à 6.260,93 points, pour se reprendre un peu en fin de séance, pour clôturer à -2,54%, repassant sous le seuil des 6.300 points pour la première fois depuis le 19 mai. Vendredi, l'indice reculait déjà de 0,51%. La place financière s'inquiète de l'augmentation de la montée en puissance du variant Delta, en France et en Europe. Dans l'Hexagone, plus de 12.000 cas positifs ont été recensés hier, une première depuis plus de deux mois pour des résultats publiés un dimanche. La progression des contaminations engendre de nouvelles restrictions imposées par le gouvernement, qui pourraient avoir des conséquences sur l'économie. Par exemple, de nouvelles restrictions pour les voyageurs étrangers ont été décidées par le gouvernement, risquant de limiter le tourisme. Sans compter qu'on assiste au retour d'une sorte de couvre-feu dans certains départements où le taux d'incidence dépasse le seuil d'alerte, comme dans les Pyrénées-Orientales. La fermeture des bars et restaurants à 23h00 a été décrété.

"L'expansion de l'épidémie un peu partout dans le monde, en Asie, en Europe et même aux Etats-Unis" inquiète et le "marché commence à considérer qu'il a peut-être crié victoire trop tôt en pensant que la vaccination allait stopper la propagation du virus", analyse auprès de l'AFP Daniel Larrouturou, gérant actions chez Dôm Finance.

Les 40 valeurs boursières françaises de référence dans le rouge

Les 40 cotations de l'indice vedette sont dans le rouge. Renault est la valeur la plus impactée, avec une dépréciation du titre de 4,62% à la mi-journée pour se redresser légèrement en fin de journée, à -3,67%. Le groupe automobile français a publié la semaine dernière des performances très mitigées au premier semestre sur ses ventes de voitures électriques. La Zoé affiche des ventes en baisse, sur un marché pourtant très dynamique.

Les constructeurs français sont sous pression et semblent subir de plein fouet l'accélération de l'agenda réglementaire imposé par Bruxelles sur la voiture électrique. L'Europe a décidé d'interdire la commercialisation des voitures thermiques dès 2035, excluant également les voitures hybrides. Stellantis cédait pour sa part 3,71%.

Les constructeurs et équipementiers de l'aéronautique sont également particulièrement touchés. Airbus s'est enfoncé de 6,38%, Safran de 5,02%, tandis que Thalès cédait 3,40% à la clôture.

Conséquences des inondations, les assureurs sous pression

Les banques françaises et compagnies d'assurance perdaient également des plumes ce matin. La Société générale perdait 4,58% à 23,04 euros, BNP Paribas cédait 4,19% à 47,79 euros et Axa 2,87%. Alors que l'Allemagne et la Belgique ont fait face à des intempéries mortifères tout le week-end, ces événements rappellent que l'accélération du changement climatique aura des conséquences financières massives.

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S'il est encore trop tôt pour estimer le coût des dégâts, des inondations qui avaient frappé en août 2002 plusieurs pays l'Europe centrale, faisant plus d'une centaine de morts, avaient causé plus de 20 milliards d'euros de dégâts au total. De façon plus générale, les pertes économiques engendrées à l'échelle mondiale par les catastrophes naturelles ont atteint 190 milliards de dollars en 2020, selon une estimation publiée fin mars par le géant suisse de la réassurance Swiss Re. Sur ce total, seuls 81 milliards étaient assurés. Des chiffres élevés, qui pourraient s'amplifier au fil des ans, et qui pèseraient donc à terme sur les performances financières des banques et des assurances.

Les bourses mondiales en berne

A l'instar de Paris, l'ensemble des Bourses européennes et mondiales sont en berne ce lundi matin. Londres perdait 1,85% vers 09H00 GMT. Alors que le Royaume-Uni reste le plus touché en Europe en nombre de cas et a dépassé 50.000 nouvelles contaminations quotidiennes deux jours de suite, le Premier ministre a décidé de maintenir ce lundi la levée de quasiment toutes les restrictions sanitaires en Angleterre.

Milan cédait 2,60% et Francfort presque 3% en début d'après-midi. Plus tôt en Asie, les investisseurs n'ont pas manqué de raisons d'être prudents. Tokyo a perdu 1,25%, Hong Kong 1,84% et Shanghai a fini quasi stable (-0,01%).

Les semaines à venir donneront un peu plus d'indication sur la solidité de la bourse française, qui rappelons-le, a fortement progressé ces derniers mois. L'indice CAC 40 a connu une progression de 24,40% sur un an et les introductions en Bourse n'ont jamais été aussi dynamique dans le monde. A Paris, du 19 juillet au 6 août, la majorité des grandes sociétés cotées publieront leurs résultats. Niveau macro-économie, la Banque centrale européenne rendra ses décisions de politiques monétaires, dans un contexte de retour de l'inflation en zone Euro, pour le moment maîtrisé, à 2%, nouveau seul imposé par l'institution de Francfort. Tandis que le 28 juillet, la banque centrale américaine, la Fed, donnera quelques indications sur sa politique monétaire, dans un contexte, là aussi, d'augmentation rapide de l'inflation (environ 5,5%).

Il faudra également suivre les négociations de l'Opep+ autour de la production de pétrole, après le fiasco des négociations de la semaine dernière, où aucun accord n'avait été trouvé et ayant fait flamber les prix du baril. Ce lundi, les producteurs de pétrole se sont accordés sur une modeste hausse de la production, mais l'accord semble fragile. Pour rappel, en zone euro, l'inflation est tirée par l'explosion du prix de l'énergie, en moyenne en progression de 10%.

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