Renault perd-il la main sur la voiture électrique ? Le groupe automobile français qui avait défriché cette technologie dès 2009, soit une décennie avant qu'elle ne devienne la matrice de tout un secteur, accuse des performances mitigées sur ce segment. Sur le premier semestre 2021, les ventes de Zoé, la voiture électrique la plus vendue en Europe a baissé de 15%... Une véritable contre-performance sur un marché qui a progressé, lui, nettement plus vite.
Car, selon nos informations, les deux concurrents de la Zoé, l'ID.3 de Volkswagen et la Model 3 de Tesla, qui étaient l'an dernier aux coude-à-coude avec la voiture française, ont quant eux augmenté leurs ventes. Les chiffres n'ont pas encore été communiqués, mais le niveau de hausse serait tel qu'au moins un des deux modèles concurrents de la Zoé, pour ne pas dire les deux, a dépassé la Zoé au cours du premier semestre. La Zoé perd donc son titre de numéro un en Europe et pourrait être reléguée à la troisième place du podium. Cela a déjà été le cas sur le seul mois de juin puisqu'en interne chez Volkswagen, on revendique la place de numéro 1 pour l'ID.3.
Chez Renault, on rappelle néanmoins que le total de ses ventes de voitures 100% électriques progresse puisqu'il faut désormais ajouter 11.500 Twingo. Sauf que la performance financière devra se partager sur deux modèles cette fois. Il faudra sans doute ajouter les Dacia Spring qui renforcent l'empreinte électrique du groupe. La petite électrique à bas coûts fabriquée en Chine dispose d'ores et déjà d'un carnet de commande conséquent.
E-Tech, franc succès
Fabrice Cambolive, directeur des ventes et des opérations du groupe Renault, fait également valoir qu'au contraire, il y a bien une forte dynamique en matière de voitures électrifiées. La marque française a effectivement déployé fin 2020 et début 2021 la technologie E-Tech sur ses Clio, Captur, Mégane et Arkana. Sur le premier semestre, 24% des ventes de Clio étaient équipées de la version hybride d'E-Tech, et 18% pour sa version hybride rechargeable sur Captur. Sur cette même technologie, Mégane atteint 27% de ses ventes en E-Tech, et 38% sur le nouvel Arkana, le prometteur SUV coupé de Renault. Sur le seul mois de juin, l'Arkana atteint un niveau de 57% d'équipement en E-Tech. Ainsi, quasiment une vente sur quatre (23%) de la marque Renault sont des voitures électrifiées. Pour Renault, la bonne dynamique sur les hybrides est une bonne nouvelle puisque les hybrides représentent davantage de volumes que les voitures électriques. En outre, cela lui permet de couvrir des segments de marché plus larges avec une gamme déjà existante.
Zoé, doyenne européenne des voitures électriques
Avec près de 12 ans d'âge, la Zoé est la doyenne des voitures électriques européennes. Ses principales concurrentes ont moins de deux ans d'existence. Les analystes, comme certains en interne, ont reproché à Renault de ne pas avoir anticipé ce renouvellement de marché en préparant une nouvelle gamme électrique. Luca de Meo, le patron du groupe, a bien annoncé une accélération sur la voiture électrique avec l'arrivée de nouveaux modèles à horizon 2025. Mais à court terme, l'agenda de Renault en la matière correspond au lancement de sa nouvelle Mégane, prévue à la fin de l'année et disponible en 100% électrique. Mais cette compacte n'est pas prévue pour faire autant de volumes qu'une Zoé (segment des citadines). Il faudra attendre 2023 pour que son successeur arrive: la nouvelle R5.
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