En 2023, les émissions mondiales liées à l'énergie portées à un niveau record

Par latribune.fr  |   |  729  mots
Pour Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE, « la transition vers les énergies propres se poursuit rapidement et freine les émissions ». (Crédits : NTB)
Les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie ont progressé de 1,1% en 2023 pour atteindre un niveau record, en raison notamment de la faible production hydroélectrique causée par les sécheresses et de la croissance chinoise, a indiqué vendredi l'Agence internationale de l'énergie. Le tableau n'est toutefois pas complètement sombre.

Essayons de voir le verre à moitié plein. Si, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les émissions énergétiques ont augmenté de 410 millions de tonnes pour atteindre 37,4 milliards de tonnes en 2023, la tendance apparaît toutefois moins mauvaise que l'année précédente. En 2022, elles avaient en effet augmenté de 490 millions de tonnes en 2022.

Reste qu'avec une progression de 1,1%, les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie, elles, ont atteint un niveau record. Dans les faits, le bilan a été plombé par un déclin record de la production hydroélectrique mondiale en lien avec les sécheresses, graves et prolongées, qui ont affecté plusieurs régions du monde. Cet effet s'est traduit, à lui seul, par une augmentation des émissions d'environ 170 millions de tonnes : les pays concernés (Chine, Canada, Mexique...) ont en effet eu recours à la place à d'autres moyens de production d'électricité polluants, comme le fioul ou le charbon.

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La Chine en grande partie responsable

L'Empire du Milieu, qui a ajouté 565 millions de tonnes de CO2 au bilan mondial, a pour sa part poursuivi sa croissance économique riche en émissions, engagée après la crise du Covid-19. Une tendance contraire à celle des économies avancées. Ces dernières ont vu leurs émissions enregistrer une baisse record malgré la progression de leur PIB, avec notamment un recours au charbon au plus bas depuis le début des années 1900.

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L'AIE tient ainsi à souligner l'apport important des énergies « propres », dont les renouvelables.

« La transition vers les énergies propres se poursuit rapidement et freine les émissions - même avec une demande énergétique mondiale augmentant plus rapidement en 2023 qu'en 2022 », souligne le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol.

Entre 2019 et 2023, les émissions liées à l'énergie ont progressé de quelque 900 millions de tonnes. Mais, souligne l'AIE, ce chiffre aurait été trois fois plus important sans le déploiement de cinq technologies clefs : le solaire, l'éolien, le nucléaire, les pompes à chaleur et les voitures électriques.

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L'agence publie d'ailleurs vendredi un rapport distinct consacré spécifiquement au marché des énergies propres, faisant état d'une forte hausse du solaire et de l'éolien. Mais ce déploiement est resté « trop concentré dans les économies avancées et en Chine », tandis que le reste du monde est à la traîne.

« Nous avons besoin d'efforts beaucoup plus importants pour permettre aux économies émergentes et en développement d'augmenter leurs investissements dans les énergies propres », a souligné Fatih Birol.

« Amener sur le marché de nouvelles technologies plus vite »

Mi-février, à l'occasion du 50e anniversaire de l'AIE, le ministre irlandais du Climat et de l'Environnement Eamon Ryan a déclaré « qu'il est temps que les diplomates et les ministres de l'Environnement s'effacent devant les ministres de l'Energie, l'industrie et les chercheurs » pour faire avancer la lutte contre le réchauffement.

Celui qui co-présidait cette première réunion internationale de haut niveau depuis la COP28 à Dubaï en décembre expliquait que « nous devons déployer les technologies existantes et rentables aussi vite que possible », notamment dans les renouvelables, et « amener sur le marché de nouvelles technologies plus vite que nous ne le faisons actuellement ». Il faisait allusion notamment aux technologies, pas toutes éprouvées, permettant d'économiser ou d'utiliser plus efficacement l'énergie, de capter le CO2, stocker l'électricité ou produire de l'hydrogène.

Les investissements massifs à réaliser portent non seulement sur les énergies renouvelables, selon la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen, mais aussi sur « les réseaux d'interconnexions », les « entreprises de la clean tech » (technologies propres) et les « chaînes d'approvisionnement ». De son côté, John Kerry,  l'émissaire du président américain pour le climat, a salué à cette occasion l'action de la Chine qui construit actuellement « plus de capacités électriques en énergies renouvelables que l'ensemble du monde réuni ». Mais il a regretté que la mise en œuvre de « l'équivalent de 500 gigawatts de capacités de production électrique dans des centrales au charbon » soit prévue en Asie, essentiellement en Asie du sud-est dans les années à venir.

(Avec AFP)