Climat : malgré les progrès du solaire, la France encore à la traine sur les énergies renouvelables

Selon un baromètre annuel de référence, en 2023, l'Hexagone a raccordé à son réseau 4,5 gigawatts (GW) de nouvelles capacités d'énergies renouvelables, contre une 5,3 GW en 2022. Un rythme de déploiement encore en dessous de ses objectifs climatiques.
L'Hexagone a enregistré 4,5 gigawatts (GW) de nouvelles capacités raccordées, contre 5,3 GW en 2022.
L'Hexagone a enregistré 4,5 gigawatts (GW) de nouvelles capacités raccordées, contre 5,3 GW en 2022. (Crédits : DR)

Peut mieux faire. A rebours des objectifs climatiques et européens, la France reste en retard dans le déploiement du solaire et de l'éolien, les deux principales sources d'essor de l'électricité verte, même si le photovoltaïque bénéficie d'un net engouement.

Selon le Baromètre annuel Observ'ER publié ce jeudi, en 2023, l'Hexagone a enregistré 4,5 gigawatts (GW) de nouvelles capacités raccordées, contre 5,3 GW en 2022. Au total, le pays affichait à fin septembre 2023 plus de 70 GW d'installations électriques renouvelables, qui sont à 37% des barrages hydro-électriques, construits il y a des dizaines d'années. Les autres principales filières sont l'éolien (22,5 GW) et le solaire photovoltaïque (19 GW).

Bonne dynamique du solaire

Le solaire s'est redressé « de façon spectaculaire », souligne le rapport, réalisé avec la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et l'Ademe, l'agence nationale de la transition écologique. « Il y a quelques années encore, on allait dans le mur ! », note un des auteurs, Frédéric Tuillé, qui relève un « changement de dynamique ».

Le secteur a installé 8 GW de solaire en trois ans, soit autant que sur la période 2012-2020. Un succès porté par les grandes toitures et l'autoconsommation des particuliers, artisans, entreprises, collectivités... désireux de s'assurer un approvisionnement et des prix stables et prévisibles dans un contexte de crise de l'énergie. A 19 GW fin septembre et 19,5 GW attendu fin 2023, le photovoltaïque devrait en définitive s'approcher de l'objectif fixé par l'Etat de 20,1 GW à fin 2023, note le bilan.

Lire aussiÉlectricité : la production des énergies renouvelables devrait dépasser celle du charbon en 2025

En revanche, l'activité sur le segment des très grandes installations (1 MW et plus) est « beaucoup plus erratique », pointe le rapport. Celui-ci est en outre prudent pour les objectifs suivants, fixés par de précédentes décisions de l'Etat à 35,1 GW-44 GW pour la fin 2028, et note que le solaire devrait pour cela encore accélérer.

L'éolien terrestre au ralenti

Pas d'amélioration observée non plus sur l'éolien terrestre, avec environ 1 GW installé l'an dernier. Avec un total de 22,3 GW raccordés fin 2023, la France finit loin de son objectif de 24,1 GW pour la fin 2023. En comparaison, l'Allemagne comptait 66,2 GW d'éolien fin 2022 (dont 8 GW d'offshore).

L'accumulation des freins réglementaires et administratifs porte à sept ans le délai moyen d'obtention de l'autorisation de construction, purgée de recours, soit plus du double du temps que dans d'autres pays européens, expliquent les auteurs. Pour atteindre les objectifs actuels de 33,2-34,7 GW à fin 2028, il faudrait doubler le rythme de déploiement, à 2 GW par an.

Les énergies marines et la biomasse peu développés

Énergies marines, géothermie, biomasse et déchets pour leur part comptent encore pour une part minime (4% des capacités électriques vertes du pays). L'éolien marin, avec le raccordement de nouveaux parcs (Saint-Brieuc, Fécamp), doit cependant contribuer à accélérer le mouvement, et pour la suite le pays à lancé des débats publics, par façade maritime, sur les usages de la mer.

Pour rappel, le secteur des énergies renouvelables a en 2022 couvert 28% de la consommation électrique en France. Il représente plus de 69.000 emplois directs, pour un chiffre d'affaires de 17,15 milliards d'euros.

Obstacles administratifs pour lancer les projets

La France a adopté en 2023 une loi d'« accélération des énergies renouvelables ». Mais « onze mois plus tard, on attend toujours des décrets d'application », a déploré Richard Chamaret, de la FNCCR et président de Territoire d'énergie Mayenne.

Lire aussiEnergies renouvelables : le solaire a fait un bond de 30% en France en 2023, une première

En particulier sur la possibilité pour les collectivités de passer des contrats avec des producteurs d'électricité locale, mais aussi les projets d'agrivoltaïsme. Autant de décrets attendus de pieds fermes par les territoires, a fortiori « s'ils y participent, avec une valeur ajoutée qui reste » sur place, dit-il. Vincent Jacques Le Seigneur, président de l'association Observ'ER, s'alarme auprès de l'AFP des dernières décisions gouvernementales. « Les derniers signaux m'inquiètent », souligne-t-il.

Et de déplorer la disparition du ministère dédié à l'Énergie après le remaniement de la mi-janvier, mais aussi la transmission à la Commission européenne d'un plan énergie climat sans objectifs chiffrés pour les renouvelables, tout en incluant le nucléaire. « Tout ça n'est pas rassurant pour le développement des énergies renouvelables dans notre pays », se désolé le président d'association. D'ailleurs, la France avait déjà été rappelée à l'ordre par Bruxelles, seule dans l'UE à n'avoir pas respecté son engagement pour 2020.

Les renouvelables en passe de supplanter le charbon dans le monde

Les énergies renouvelables devraient détrôner le charbon en tant que première source de production d'électricité mondiale en 2025, affirme l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Elles devraient ainsi représenter 37% de la production totale d'électricité d'ici cette échéance, alors que le charbon reculerait à moins du tiers. Une bonne perspective compte tenu de l'objectif prise aux derniers Conférence de l'ONU pour le climat, à savoir tripler la capacité mondiale des renouvelables d'ici 2030.

Le rapport de l'AIE révèle également que l'augmentation de la production d'électricité à partir d'énergies renouvelables et du nucléaire semble entraîner un déclin structurel des émissions du secteur de l'électricité. Les émissions mondiales liées à la production d'électricité devraient ainsi diminuer de 2,4% en 2024, suivie de baisses plus modestes en 2025 et 2026.

(Avec AFP)

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Commentaires 9
à écrit le 27/01/2024 à 17:55
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Une piste pour nos députés,concernant le photovoltaïque en autoconsommation ,pour les particuliers.Actuellement,la TVA est à 10% jusqu’à 3 KWc puis passe à 20 % au delà. Laissez la TVA à 10% au moins jusqu’à 6KWc,ce qui permettrai d’équiper plus de ...

à écrit le 27/01/2024 à 12:11
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Je ne vois pas pourquoi le développement des énergies renouvelables devraient se faire sous forme d’une course ! On développe si on en a besoin. Actuellement, la France exporte de l’électricité. Cela veut dire qu’elle en a suffisamment pour le faire…...

à écrit le 27/01/2024 à 9:46
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Où trouver l'argent? Prête-t-on à une cigale?

à écrit le 27/01/2024 à 8:08
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L’avantage c'est que ça permet de bien mettre en perspective tous les lobbys qui utilisent leurs politiciens corrompus pour freiner des énergies éternelle et gratuites. Un scandale ! Non mais ça va pas la tête ?! Et ils vont les remplir comment leurs...

à écrit le 26/01/2024 à 22:16
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Pouvez vous nous démontrer de façon scientifique qu'en diminuant ses émissions de carbone l'homme va diminuer la température à la surface de la terre? Vous allez nous expliquer de combien de degrés la température moyenne mondiale va baisser si nous a...

le 27/01/2024 à 15:00
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La planète Vénus, notre jumelle, est un excellent exemple de ce qui se passe lorsque l'atmosphère est saturée de CO2. Chaleur extrême aux pôles, aucune chance de voir de l'eau liquide. La vapeur atteint les hautes couches de l'atmosphère où elle se f...

à écrit le 26/01/2024 à 17:07
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Ca suffit les publi-reportages de la filère revouvelable qui se gavent de subvention pour des technologies ineficaces et couteuses. La réalité : L'Allemagne a dépensé 500 milliards dans ces renouvelables (soit 50 centrales nucléaires !!!!!!) pour pa...

le 26/01/2024 à 17:44
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Moins de 1% du co2....vous pouvez tous arrêter de respirer ça rien changer Il fallait se reveiller il y a30 ans...maintenant c’est foutu !

à écrit le 26/01/2024 à 17:06
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Ca suffit les publi-reportages de la filère revouvelable qui se gavent de subvention pour des technologies ineficaces et couteuses. La réalité : L'Allemagne a dépensé 500 milliards dans ces renouvelables (soit 50 centrales nucléaires !!!!!!) pour pa...

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