La France exige un accès immédiat de l'OIAC en Syrie

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(Crédits : Ali Hashisho)

PARIS (Reuters) - La France a exhorté mardi la Syrie et la Russie à accorder à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) un "accès complet, immédiat et sans entrave" pour son enquête sur l'attaque chimique présumée du 7 avril à Douma, qui a amené Washington, Londres et Paris à conduire des frappes coordonnées.

"A ce jour, la Russie et la Syrie refusent toujours aux enquêteurs l'accès au site de l'attaque alors que ceux-ci sont arrivés en Syrie le 14 avril dernier. Il est très probable que des preuves et des éléments essentiels disparaissent de ce site, par ailleurs entièrement contrôlé par les armées russes et syriennes", déclare mardi la porte-parole du Quai d'Orsay.

"Il est essentiel que la Syrie donne enfin un accès complet, immédiat et sans entrave à toutes les demandes de l'OIAC, qu'il s'agisse de sites à visiter, de personnes à interviewer ou de documents à consulter", poursuit-elle.

Des experts de l'OIAC se rendront mercredi à Douma, a assuré lundi le ministère russe de la Défense, dans le sillage d'une déclaration de la délégation britannique déplorant que Russie et Syrie n'aient pas permis la venue des enquêteurs dans la Ghouta orientale.

Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a défendu mardi sur franceinfo la "nécessité d'agir vite et parfois par surprise". "Il a été clair pour Bachar al Assad que, si d'aventure il franchissait à nouveau cette ligne rouge, évidemment la riposte serait identique", a-t-il déclaré, réitérant une mise en garde formulée au lendemain des frappes.

"Peut-être que cette frappe, cette action, révèlera l'opportunité de trouver demain le consensus nécessaire pour aboutir à un itinéraire de paix", a-t-il souhaité.

La France défend depuis dimanche aux côtés de Londres et Washington un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'Onu prônant un processus de paix en trois axes, politique, chimique et humanitaire, visant notamment à recréer un mécanisme d'enquête habilité à désigner les responsables de l'usage d'armes chimiques, en remplacement du mécanisme conjoint (JIM) enterré à l'automne par un veto russe.

"Nous discutons avec la Russie. On va prendre le temps d'essayer d'arriver au consensus, c'est notre objectif", assure-t-on dans l'entourage du ministre. "Notre objectif, c'est que les résolutions restées lettres mortes puissent vivre", ajoute-t-on en référence à trois textes adoptés entre 2013 et 2018 et repris dans le projet.

En parallèle, le "small group" sur la Syrie - Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Arabie Saoudite et Jordanie - est appelé à se réunir "le plus rapidement possible", tandis que l'Allemagne se montre "très disponible" à travailler conjointement avec la France sur le volet politique et humanitaire.

Sans répondre directement aux attaques de l'opposition du Front national et de La France insoumise, qui ont fustigé lundi à l'Assemblée une attaque menée "sans preuve", on assure au Quai d'Orsay qu'une certitude étayée d'éléments publics et classifiés a présidé à la décision.

(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)