Les évêques déplorent "le cynisme" à l'égard des migrants

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(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - La Conférence des évêques de France dénonce le "cynisme" des dirigeants politiques sur les questions migratoires, qui devraient figurer en bonne place dans l'entretien qu'aura Emmanuel Macron avec le pape François mardi au Vatican.

"Il y a, de la part de nos dirigeants, un cynisme et une indécence qui me préoccupent", a déclaré jeudi le porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF) Mgr Olivier Ribadeau Dumas.

Il a déploré en outre lors d'une rencontre avec des journalistes un "irrespect" en Europe à l'égard de ce que "la Grèce et l'Italie ont fait depuis des années pour les migrants, dans une relative indifférence."

La crise de l'Aquarius, un navire humanitaire chargé de plus de 600 migrants que l'Italie et Malte ont refusé d'accueillir, "n'est pas anecdotique", a-t-il dit. "On ne s'en débarrasse pas avec la Coupe du monde de football. L'Aquarius, ce n'est pas un cas, ce sont des gens, avec une histoire. Et derrière les politiques, il y a aussi des hommes".

"Nous en avons au moins pour une génération avec ce problème de migrations, il ne suffira donc pas de fermer les frontières", a-t-il ajouté.

La France envisage d'accueillir une partie des naufragés de l'Aquarius, qui a finalement accosté en Espagne.

Pour Mgr Ribadeau Dumas, elle "peut faire plus" pour les migrants arrivés en Europe, sachant que seuls 9.000 des 32.000 réfugiés que Paris avait promis d'accueillir sous François Hollande ont été jusqu'ici reçus.

"On peut faire plus. Et il ne suffit pas d'ouvrir une frontière, il faut intégrer ces gens", a-t-il dit.

Des milliers de réfugiés ont été accueillis dans les quelque 12.000 paroisses françaises, notamment en réponse à l'appel en ce sens du pape François lancé en janvier 2016.

"Il y a une attitude d'accueil, mais en tenant compte d'un contexte : les catholiques sont des citoyens, des Français avec les même peurs que les autres", souligne le porte-parole de l'épiscopat.

Ni le populisme, ni les "psychoses" ne peuvent résoudre les problèmes migratoires mondiaux, a déclaré dans une interview accordée cette semaine à Reuters le pape François, qui critique à la fois le président américain Donald Trump pour sa politique à l'égard des migrants et l'Union européenne.

Emmanuel Macron effectuera la semaine prochaine sa première visite officielle au Vatican, où il sera reçu par le pape.

(Elizabeth Pineau, édité par Yann Le Guernigou)