Nucléaire : La France veut relever le défi de la concurrence russe

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Nucleaire: la france veut relever le defi de la concurrence russe[reuters.com]
(Crédits : Regis Duvignau)

PARIS (Reuters) - La France doit poursuivre ses développements technologiques dans le nucléaire civil face à la concurrence de la Russie et de la Chine et face à l'intérêt croissant des Etats-Unis pour le secteur, a estimé vendredi Philippe Knoche, le directeur général d'Orano.

Le dirigeant a également indiqué qu'Orano, issu de la scission d'Areva et dont les activités sont centrées sur le cycle du combustible nucléaire, espérait toujours finaliser cette année un contrat pour construire une usine de traitement-recyclage en Chine.

"La France est le dernier pays de l'OCDE qui a un leadership en termes technologique dans le domaine du nucléaire. La Russie et la Chine s'affirment (...) et (Alexeï) Likhachev, le responsable du groupe russe Rosatom, dit que ce sont les leaders mondiaux du nucléaire", a souligné Philippe Knoche lors d'un colloque sur le nucléaire.

"C'est perçu par tous les pays membres de l'OCDE sur le thème 'attention, il nous faut une alternative'. Donc il faut que la France continue à développer ses technologies et à affirmer un leadership", a ajouté le directeur général d'Orano, quelques jours avant un salon international du nucléaire organisé à Villepinte (Seine-Saint-Denis).

Philippe Knoche a en outre souligné que les Etats-Unis se positionnaient pour leur part sur la prochaine génération de réacteurs, avec une cinquantaine de start-up spécialisées dans le nucléaire, plus d'un milliard de dollars consacrés à la fusion et de grands noms - Bill Gates par exemple - prêts à investir dans le secteur.

"Les Etats-Unis se positionnent un peu comme ils l'ont fait dans internet ; il y a 15 ans, les technologies étaient en Europe, c'était Nokia, Ericsson et Alcatel. Aujourd'hui, les technologies d'internet sont aux Etats-Unis et en Chine (...). Nous sommes là pour faire en sorte qu'il y ait un équilibre dans les technologies, qu'il y ait aussi en Europe des développements sur le nucléaire."

Quatre réacteurs de type EPR développés par la France sont aujourd'hui en construction dans le monde : un en France (Flamanville), un en Finlande (OL3) et deux en Chine, à Taishan, dont un a été le premier du genre à démarrer, début juin.

Rosatom, qui a signé le 10 juin un contrat pour construire quatre réacteurs nucléaires en Chine, revendiquait pour sa part un carnet de commandes de 33 réacteurs à l'étranger à fin 2017.

Philippe Knoche a en outre indiqué à des journalistes qu'Orano maintenait le calendrier de son projet d'usine de traitement-recyclage en Chine, qui prévoit une signature de contrat cette année.

Ce projet commun avec l'entreprise chinoise China National Nuclear Corp (CNNC), qui représenterait quelque 10 milliards d'euros pour l'entreprise française, a fait l'objet d'un nouveau protocole d'accord en janvier mais doit encore être finalisé, plus de dix ans après les premières discussions engagées sur ce dossier.

Alors que le gouvernement français évoquait en début d'année une signature de contrat au printemps, le projet pourrait connaître de nouvelles avancées à l'occasion d'un voyage en Chine du Premier ministre Edouard Philippe, entamé ce vendredi.

(Benjamin Mallet, édité par Jean-Michel Bélot)