May obtient le soutien de ses ministres sur son plan Brexit

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May obtient le soutien de ses ministres sur son plan brexit[reuters.com]
(Crédits : Henry Nicholls)

par Elizabeth Piper et William James

LONDRES (Reuters) - La Première ministre britannique Theresa May a obtenu vendredi l'accord de son gouvernement sur son plan pour quitter l'Union européenne dans l'espoir d'accélérer les négociations sur le Brexit, prévu le 29 mars 2019.

Après des heures de négociations avec ses ministres lors d'un séminaire à Chequers, sa résidence de campagne située à 60 km de Londres, Theresa May a semble-t-il convaincu les défenseurs d'un Brexit dur au sein de son gouvernement de la soutenir sur son projet de "zone de libre-échange des biens" avec l'UE.

La proposition adoptée prévoit aussi la fin à la libre circulation des personnes et signale que le secteur britannique des services n'aura pas les niveaux actuels d'accès aux marchés de l'UE.

Ce faisant, Theresa May pourrait être accusée par Bruxelles de sélectionner les meilleurs morceaux de l'UE.

Le négociateur européen pour le Brexit, Michel Barnier, a salué l'accord tout en ajoutant sur Twitter : "Nous allons étudier les propositions pour voir si elles sont réalistes."

Il avait auparavant indiqué à Bruxelles qu'il y avait trop de questions en suspens et trop peu de réponses et qu'il restait beaucoup de chemin à parcourir avant un accord entre Londres et l'UE.

Pour l'heure, Theresa May, qui est régulièrement critiquée depuis qu'elle a perdu la majorité parlementaire du Parti conservateur lors des élections l'an dernier, gagne un certain répit avec cet accord conclu à l'arraché.

"Aujourd'hui, lors de discussions approfondies, le gouvernement s'est entendu sur une position commune pour les futures négociations avec l'Union européenne", déclare Theresa May dans son communiqué.

"Désormais, nous devons tous avancer à la même vitesse pour négocier notre proposition avec l'UE et donner à notre peuple l'avenir prospère et sûr qu'il mérite."

"FAUX BREXIT"

Selon le document qui présente la position du gouvernement, les ministres disent qu'ils se sont entendus pour négocier une "zone de libre-échange pour les marchandises", qui permettrait au Royaume-Uni d'avoir un "règlement commun pour tous les biens" dans un territoire douanier commun.

Cela permettrait au Royaume-Uni de fixer ses propres droits de douane et de conclure de nouveaux accords de libre-échange.

Ils ont également convenu que le parlement aurait le pouvoir de décider si le Royaume-Uni continue ou non à suivre la législation de l'UE à l'avenir.

Mais pour les deux camps du Brexit, les eurosceptiques intransigeants et les fervents partisans de l'UE, l'accord conclu est insuffisant.

Pour John Longworth, président du groupe "Leave Means Leave" ("Partir signifie partir"), Theresa May cherche à tromper les pro-Brexit. "Le Brexit de May signifie BRINO - Brexit In Name Only (un Brexit qui n'en a que le nom) - un faux Brexit."

Le député travailliste pro-UE Chuka Umunna a pour sa part évoqué "une nouvelle arnaque à huis-clos qui nous mettra tous dans une situation encore pire".

Selon The Times, Theresa May a adopté une ligne dure et a promis à ses alliés de limoger le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, qui a soutenu le Brexit, s'il tentait de "saper l'accord de paix".

Alors qu'il reste neuf mois au Royaume-Uni avant de quitter l'UE et trois mois pour trouver un accord avec le bloc, Theresa May subit une pression intense de la part des Européens et des entreprises pour qu'elle dévoile sa vision sur les négociations.

Theresa May s'est montrée prudente quant à l'accueil réservé par Bruxelles à sa nouvelle proposition.

"C'est une proposition qui, je crois, sera bonne pour le Royaume-Uni et bonne pour l'Union européenne et j'espère qu'elle sera accueillie positivement", a-t-elle dit aux journalistes.

"C'est un pas de plus, une étape supplémentaire importante dans nos négociations avec l'Union européenne", a-t-elle déclaré. "Mais bien sûr, nous avons encore du travail à faire avec l'UE pour nous assurer que nous atteindrons ce point final en octobre. Mais c'est une bonne chose".

(Avec William James, Sarah Young et Andrew MacAskill; Axelle Rescourio, Samuel Kahn, Henri-Pierre André, Arthur Connan et Danielle Rouquié pour le service français)