Le Congrès de Versailles sous le feu de l'opposition

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(Crédits : Pool New)

PARIS (Reuters) - Le discours d'Emmanuel Macron devant le Congrès, prévu lundi à Versailles, a alimenté dimanche les critiques de l'opposition qui voit là un exercice "narcissique" et "monarchique" de la part du chef de l'Etat.

Emmanuel Macron s'adressera lundi devant les députés et les sénateurs pour la deuxième fois depuis le début de son mandat afin de "défendre son action depuis son élection" et donner "une vision, une visibilité" aux parlementaires.

Il avait promis lors de la campagne présidentielle de renouveler l'exercice tous les ans.

"C'est tous les ans que nous sommes convoqués à venir admirer sa splendeur, Macron Ier, qui nous fait un discours. (...) Comme tout le reste du décor de Versailles, c'est du carton-pâte, c'est du faux marbre et là, ça va être de la fausse solennité", a déclaré le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon au Grand rendez-vous CNews, Europe 1, Les Echos.

Pour le député Les Républicains (LR) Christian Jacob, la réunion du Congrès, instituée par la réforme constitutionnelle de 2008 voulue par Nicolas Sarkozy, "c'est utile, lorsqu'on y vient pour quelque chose". "Demain (...) ça va être: 'ma vie, mon oeuvre'", a-t-il dit au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.

"Ce président est très autocentré sur lui-même", ajoute-t-il. "Il y a une certaine forme de pulsion narcissique à certains moments".

Le secrétaire général de Force ouvrière, Pascal Pavageau, se questionne lui aussi sur l'intérêt de tenir un Congrès tous les ans. "De surcroît, à Versailles, ça donne des signaux qui sont peut-être un peu monarchiques, et de ce point de vue ne sont pas forcément opportuns dans une République", a-t-il dit sur BFM TV.

DES "POSTURES", SELON LAREM

Les députés de La France insoumise ont décidé de boycotter le Congrès et appellent à participer à une "manifestation en ligne" lundi.

Certains députés LR, comme Pierre Cordier et Julien Dive, ont fait savoir qu'ils n'assisteraient pas à cette "mascarade", dont ils ont aussi dénoncé le coût dans un communiqué.

Ce n'est toutefois pas la position du président du groupe, Laurent Wauquiez, qui s'est dit hostile jeudi à un boycott par respect des institutions.

Christian Jacob a précisé qu'il se rendrait au Congrès, mais pas au déjeuner organisé par le chef de l'Etat avant le discours, estimant que ce serait un "semblant de convivialité".

Pour la députée La République en marche (LaRem), Aurore Bergé, il s'agit de "postures". "La mise en scène, elle est vis-à-vis, justement, de ceux qui font grand bruit du fait qu'ils ne veulent pas venir", a-t-elle dit au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.

"Que le président vienne rendre compte de l'action qui a été la sienne et redonne le cap pour l'année qui vient, (...) je trouve que c'est un exercice démocratique qui est sain et qui est nécessaire".

Le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, estime également qu'il est "important de faire des bilans".

"Face à la dictature de l'immédiateté, le risque est de perdre le sens général des réformes engagées alors que l'action politique s'inscrit dans le temps long", a-t-il dit dans une interview de Dimanche Ouest-France.

Il précise que le président de la République n'annoncera pas "un catalogue de mesures" mais "précisera le sens de son action".

DES CRITIQUES CHEZ LES MARCHEURS

Le discours intervient alors que la popularité d'Emmanuel Macron chute dans les sondages. La cote du président de la République a perdu six points en juillet par rapport au mois de juin, selon le dernier baromètre de confiance d'Elabe pour les Echos et Radio Classique.

Près des trois quarts des Français lui reprochent également d'être un "Président des riches", selon un sondage Odoxa pour Franceinfo et Le Figaro réalisé les 4 et 5 juillet, une critique régulièrement reprise par l'opposition et renouvelée avec sa décision de reporter la présentation de son plan pour la pauvreté, prévue pour début juillet, à la rentrée.

Des voix s'élèvent désormais au sein de son propre parti pour réclamer une politique plus sociale. "J'en appelle à un rééquilibrage de la politique menée depuis un an, en faveur d'une politique sociale plus affirmée et attendue", a écrit le député LaRem Frédéric Barbier dans une tribune du Monde publiée samedi.

"La parole et les intentions ne suffisent plus. Elles doivent laisser place à des actes concrets", dit-il. "Il manque pour l'instant une véritable colonne vertébrale à un projet social mobilisateur, fédérateur, transformateur pour notre pays".

Cette politique sociale doit s'appuyer, selon lui, sur deux piliers: la reconnaissance du travail et la lutte contre l'exclusion.

(Caroline Pailliez, édité par Eric Faye)