L'opposition déplore un cap maintenu malgré les annonces

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L'opposition deplore un cap maintenu malgre les annonces[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - L'opposition de droite comme de gauche a globalement jugé lundi insuffisantes les annonces d'Emmanuel Macron, Les Républicains déplorant une "smicardisation" de la société, tandis que la France insoumise ciblait un président qui épargne "les grandes fortunes et les profits".

Au terme de trois semaines d'agitation sociale sur le thème du pouvoir d'achat, Emmanuel Macron a annoncé une augmentation du smic de 100 euros à partir du premier janvier, l'annulation de la hausse de la CSG pour les retraités touchant moins de 2.000 euros et une défiscalisation des heures supplémentaires.

Dénonçant un président qui "se trompe d'époque", Jean-Luc Mélenchon a confirmé son soutien aux contestataires, dont certains appellent à manifester de nouveau samedi prochain.

"L'acte V qui se jouera samedi du début de la révolution citoyenne dans notre pays sera un moment de grande mobilisation", a-t-il dit en direct de l'Assemblée nationale. "Je m'en remets à la décision qui sera prise par ceux qui sont dans l'action."

Le chef de file de La France insoumise a repris le thème du "président des riches", leitmotiv des "Gilets jaunes", en affirmant que "toutes les mesures qu'il a annoncées seront payées par les contribuables et les assurés sociaux, aucune par les grandes fortunes et les profits."

"On attend une vraie redistribution des richesses", a abondé sur BFM TV le fondateur du mouvement Génération.s, Benoît Hamon. L'ancien candidat à la présidentielle a déploré la non-remise en cause de l'impôt sur la fortune (ISF), l'absence de contribution des "grandes entreprises polluantes" ou encore "des banques et des actionnaires".

Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, est lui aussi allé sur ce terrain.

"Le cap n'est pas modifié", a-t-il déploré sur France 2, estimant que le gouvernement aurait pu toucher aux "20 milliards" correspondant au "doublement en 2019 du CICE", le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi en passe d'être transformé en baisse de charges pérenne.

"MAUVAIS THÉÂTRE"

La présidente du Rassemblement national, Marine le Pen, a dénoncé un chef de l'Etat arc-bouté sur "modèle" contestable.

"Face à la contestation, #Macron renonce à une partie de ses errements fiscaux et c'est tant mieux, mais il refuse d'admettre que c'est le modèle dont il est le champion qui est contesté", a-t-elle écrit sur Twitter.

"Ce modèle, c'est celui de la mondialisation sauvage, de la concurrence déloyale, du libre-échange généralisé, de l'immigration de masse et ses conséquences sociales et culturelles. Bref, #Macron recule pour mieux sauter !"

Très acrimonieux depuis le début de la crise, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a décrit sur Périspcope "un grand numéro de théâtre" présidentiel.

"J'allais dire de mauvais théâtre. De fausse empathie, fausses mesures, une hypocrisie incroyable", a insisté le député de l'Essonne. "Il va continuer la même politique avec un petit paquet cadeau et un petit ruban en couleur. La même politique, cela veut dire la même spoliation des Français qui travaillent".

Pour le président de Debout la France, les Français doivent retourner aux urnes. "Il faut absolument maintenant que le peuple arbitre par le suffrage universel."

Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, a reconnu que le président avait fait des "constats justes" mais déploré qu'il ne s'attaque pas à la baisse de la dépense publique.

"Il ne peut pas y avoir de baisses d'impôts s'il n'y a pas de baisse des dépenses publiques", a-t-il dit sur France 2.

"À concentrer les aides sur le smic, on va smicardiser la société française", a-t-il aussi déploré. "Ceux qui vont être au-dessus vont avoir toujours la double peine : la CSG et la non indexation".

(Elizabeth Pineau avec Julie Carriat et Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)