RPT - UE : Macron promet de ne pas aller contre les aspirations des Français

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Ue: macron ne veut pas aller contre les aspirations des francais[reuters.com]
(Crédits : Francois Lenoir)

BRUXELLES (Reuters) - (Répétition titre, texte inchangé)

Emmanuel Macron a assuré jeudi qu'il ne mènerait jamais le projet européen contre les aspirations "légitimes" des Français, trois jours après ses concessions aux "Gilets jaunes" qui porteront le déficit public au-delà de la limite européenne.

Une promesse aux accents de campagne électorale, à moins de six mois d'élections européennes délicates pour le chef de l'Etat. Selon un sondage Ifop, le Rassemblement national arrive en tête des intentions de vote, avec 24%, soit six points de plus que l'alliance La République en Marche-MoDem.

"Aucun pays n'avance s'il n'entend pas aussi cette part de colère légitime de nos peuples. Elle s'exprime partout en Europe", a dit Emmanuel Macron, interrogé sur ces concessions à son arrivée au Conseil européen, à Bruxelles.

"Je ne mènerai jamais le projet européen, auquel je crois, contre des aspirations que j'estime légitimes, je pense qu'elles sont réconciliables et c'est ce que nous sommes en train de faire", a-t-il ajouté.

Après trois semaines de manifestations et de violences, le président français a été contraint de renoncer temporairement à maintenir le déficit sous la limite de 3% du PIB, un pilier de sa stratégie économique et diplomatique en Europe.

Cette entorse est nécessaire pour pouvoir continuer à réformer la France, explique son entourage : "Le cap réformateur n'est pas remis en cause, il aurait été bloqué si on avait eu un blocage durable de la société française".

Cette réponse "légitime et importante" à la crise "n'entrave en rien la volonté et la réalité de nos efforts sur le plan budgétaire, en particulier en terme de maîtrise de nos dépenses (...), et surtout elle maintient le cadre de réformes", a insisté Emmanuel Macron.

CASSE-TÊTE BUDGÉTAIRE

Alors que la France vient de sortir de la procédure européenne de déficit excessif, le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a déclaré que les nouvelles mesures pourraient faire déraper le déficit de 0,5 point de PIB l'an prochain, le portant au-delà de 3%.

Les règles européennes n'interdisent pas un dépassement ponctuel et limité de ce seuil, a dit jeudi le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, tout en invitant la France à limiter le plus possible le dérapage annoncé.

Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a souhaité mercredi "que nous prenions toutes les mesures nécessaires pour nous rapprocher le plus possible de ces 3% et être au plus près (...) de nos engagements européens".

"Nous prendrons des mesures à la fois de maîtrise de dépense publique et de recettes", a-t-il précisé, en ajoutant que "ça peut passer par un effort spécifique demandé aux plus grandes entreprises".

Interrogé jeudi sur les mesures décidées pour répondre à la crise des "Gilets jaunes", le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a évoqué l'attaque survenue mardi à Strasbourg.

"Ce n'est pas le moment de faire de la polémique sur la France", a-t-il dit. "Ce n'est pas à nous de dire ce qu'il faut faire dans la politique interne."

L'entorse annoncée aux règles budgétaires fragilise le président français, qui peine déjà à convaincre ses partenaires d'accélérer les réformes européennes et de la zone euro.

A son arrivée au Conseil, il a déclaré que les conclusions des dirigeants européens vendredi "marqueront une véritable avancée, sur le plan bancaire, financier et budgétaire en zone euro, avec une zone euro plus unie".

Selon le projet de conclusions obtenu par Reuters, les chefs d'Etat et de gouvernement doivent cependant entériner un renforcement de la zone euro plus timide qu'espéré par plusieurs grands acteurs, dont la France.

(Jean-Baptiste Vey, édité par Sophie Louet)