Rejet de la censure contre un gouvernement "déconnecté du peuple"

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La gauche veut sanctionner un gouvernement deconnecte du peuple[reuters.com]
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

PARIS (Reuters) - L'Assemblée nationale a rejeté jeudi une motion de censure des députés de gauche, qui ont dénoncé la gestion de la crise des "Gilets jaunes" par un gouvernement "déconnecté du peuple" sur fond de crispations liées à l'attentat de Strasbourg.

Le texte a été voté par 70 députés, alors que la majorité requise pour faire tomber le gouvernement est de 289 voix.

Le Rassemblement national, qui compte six élus, et le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan ont voté la motion déposée par les groupes Socialistes et apparentés, France insoumise (LFI) et Gauche démocrate et républicaine (GDR) au terme de près d'un mois de manifestations pour le pouvoir d'achat dans toute la France.

Deux jours après l'attentat de Strasbourg, qui a fait au moins trois morts, une remarque à la tribune du premier secrétaire du PS Olivier Faure accusant le gouvernement de "cynisme" a provoqué la colère du président de l'Assemblée et le départ de l'hémicycle des députés La République en marche.

"Vous avez préféré avoir ce débat aujourd'hui pour mieux le noyer sous la peine de nos concitoyens. Vous avez fait le choix cynique d'utiliser le drame pour mieux cacher la crise", a dit Olivier Faure, dont le groupe avait demandé un report de l'examen de la motion après les événements de Strasbourg.

Richard Ferrand lui a rappelé que la date d'examen du texte avait été décidée en conférence des présidents et qu'aucune demande de report respectant la procédure prévue dans le règlement de l'Assemblée n'avait été formulée par le PS.

"Alors, s'il vous plaît, n'invoquez pas le cynisme car le cynique aujourd'hui, chacun l'aura reconnu ici", a-t-il lancé.

A l'ouverture des débats, André Chassaigne, député communiste et président du groupe GDR, a ciblé le gouvernement sur le thème de l'"urgence sociale".

MÉLENCHON DÉNONCE LES "PRIVILÈGES FISCAUX"

"Alors que la situation méritait de déclarer immédiatement un véritable état d'urgence sociale, écologique et économique, vous avez attendu. Puis, vous vous êtes contentés, avec Emmanuel Macron, d'annoncer des mesures aussi trompeuses qu'insuffisantes", a-t-il dit. "Vous n'entendez pas votre peuple, parce que vous êtes déconnecté du peuple."

"La maladie qui accable notre pays c'est l'inégalité", a lancé pour sa part Jean-Luc Mélenchon, chef de file de LFI. "Nous avons besoin d'urgence d'abolir les privilèges fiscaux, tous les privilèges fiscaux."

"Vous ne gouvernez plus dans l'intérêt du peuple français et le peuple français l'a bien compris", a déclaré le président de Debout La France, Nicolas Dupont-Aignan, qui réclame un référendum.

Avant eux à la tribune, Edouard Philippe a qualifié d'"irresponsables" les élus qui continuent à soutenir les contestataires "Gilets jaunes", dont les plus radicaux menacent de manifester samedi pour la cinquième semaine consécutive.

Dans les couloirs de l'Assemblée, le Rassemblement national a accusé le gouvernement de n'avoir "apporté aucune réponse pérenne" aux problèmes soulevés, pour justifier son choix de le censurer : "Si cette censure avait été déposée ou proposée par le pape, nous l'aurions votée de la même façon", a ainsi déclaré le député RN Sébastien Chenu.

Edouard Philippe a rappelé les annonces faites lundi par le président Emmanuel Macron en réponse à la contestation, qui incluent une hausse de 100 euros des revenus des salariés au smic et la défiscalisation des heures supplémentaires.

Elles feront l'objet d'un projet de loi "resserré" présenté mercredi prochain en conseil des ministres.

(Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet)